Helen Raynor parvient à faire globalement pire que la première fois... Certes, ce n'est pas aussi mauvais qu'Evolution of the Daleks. en même temps ça serait difficile...

Mais au moins Daleks in Manhattan, pris individuellement en valait la peine même pour ses qualités intrinsèques. Dans ce two-parter-là, il n'y a quasiment rien à sauver lié à l'intrigue du jour. La note à Stratagem n'est pas abyssale uniquement car l'épisode est porté par une dynamique Docteur/compagne, et une "santé" de série, absolument incroyable à l'heure où il est diffusé. Pas pour ses qualités propres...

Même si, comme toujours, il y a quelques points positifs. Un peu à l'instar du double dalek de la saison 3, la première partie n'est franchement pas si mauvaise et sans savoir la suite, elle a quelques éléments biens partis.

D'ailleurs autant citer les qualités maintenant : sur le papier, c'est cool de voir UNIT de retour sur nos écrans pour de vrai, non pas en simple arrière-plan comme dans The Christmas Invasion et The Sound of Drums. Cela permet d'offrir un regard sur un Docteur mis au contact de l'armée, ce qui est franchement thématiquement très intéressant pour Ten, et son mépris constant pour eux est un élément cohérent avec le personnage, quoique très survolé et moralement douteux (on ne sait pas si c'est la position de la série ou du personnage seulement, et ça change tout - il manquait vraiment le retour du Brigadier pour crédibiliser ce thème). C'est vraiment une opportunité manquée que de ne pas l'avoir ramené, mais passons...

Le pitch des GPS, c'est certes un peu ridicule mais pas si con dans le monde un peu fou dans lequel on vit - en tout cas avec un regard de 2020 sur cet épisode, je ne trouve plus cela si ridicule. Comme beaucoup d'épisodes un peu mauvais mais avec un fond politique : ils évoluent bien avec le temps car leur message ne fait que se renforcer. La pollution est quand même un sujet assez sensible encore aujourd'hui, ce qui est dingue, mais bref.

Donna est plutôt cool dans le peu de scènes qu'elle a, ses retrouvailles avec sa famille sont typiquement le genre de scènes "fil rouge" qui montre que la saison a été bien construite et qui est permise par la nature two-parter de l'épisode. Et j'adore sa relation avec Martha.

Enfin, le retour de Martha justement, mais surtout l'idée de la transformer en docteure-soldat, j'adore. De base je trouve que c'est une bonne idée de ramener le personnage qui avait matière à évoluer encore, et pour assurer une continuité toujours appréciable avec les compagnons qui restent derrière. Elle parle justement de la défense de la Terre en l'absence du Docteur, ce qui fait écho à Harriet Jones. Et le fait qu'elle porte les armes, mais pour changer les choses de l'intérieur, est exactement ce qu'elle fait dans le final de la saison 3, qui la pousse effectivement à quitter le TARDIS et aider les siens. Le fait d'insister en plus sur ce thème de transformation en soldat, dans un épisode avec également le retour de UNIT qui a, par le passé, employé militairement le Docteur, et avec le retour de la race de guerriers la plus basique et pure, cela forme vraiment un tout assez cohérent thématiquement.

Dernière chose, le parti pris du rose et du violet pour la réalisation de l'épisode est intéressant. Dommage que l'épisode ait un budget un peu trop minable pour faire quoi que ce soit avec et que certaines scènes soient aussi clichées (l'enlèvement de Martha suivi d'un traveling sur un couloir vide où les lumières s'éteignent quand on entend des cris de douleurs, bon...).

Bref, je dois bien avouer que malgré toute ma haine sur le papier que je peux faire à cet épisode pour un peu ruiner une saison parfaite, je ne peux m'empêcher de repenser à plusieurs passages qui donnent le sourire ou sont intéressants, grâce à Donna, Wilf, Ten ou Martha. C'est là qu'on voit quand même qu'un excellent Docteur, une excellente compagne, et un excellent showrunner, ça fait rayonner vachement des épisodes lambdas.

Bon, on a fait le tour des points positifs (dans lesquels j'ai quand même déjà cité des choses qui vont pas), mais il y en a quand même plusieurs. Mais en vrai, ya pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Le pitch des gaz d'échappement tueurs est vraiment un truc qu'il faudrait assumer à fond, l'épisode manque un peu de culot pour en faire une satire efficace. L'adolescent tête à claques est insupportable de façon trop clichée, et l'acteur surjoue constamment, même si c'est un peu le but, cela m'irrite plus qu'autre chose. En revanche, son dialogue avec le Docteur n'est pas inintéressant, notamment car tu sens un peu la solitude du Docteur et le fait qu'il regarde une sorte de version pervertie par l'égo et la solitude - ce qui colle avec son développement. David Tennant est très bon dans ce registre.

Le retour des Sontariens, ennemis pourris et surestimés depuis je ne sais combien d'années dans les classiques, qui n'ont qu'un certain aspect comique à leur avantage, ne m'enchante guerre (si cela avait été la première histoire de Raynor je lui aurais donné le bénéfice du doute car ces ennemis sont nuls de base mais je vois ce qu'elle a fait avec les Daleks donc il est clair que c'était une erreur de lui donner ce diptyque encore). Cela dit ils apportent une touche second degré qui ajoute de l'humour à l'épisode et le sauve de l'ennui total. C'est un peu tout le but de ces ennemis et ils sont utilisés à leur meilleur quand ils sont tournés en dérision tout en étant fin tacticiens militaires, comme d'autres saisons le feront. Mais ce n'est pas vraiment approprié ici, de les voir agir de façon pseudo-épique.

Le rythme reste assez lennt. Car passer les 20 premières minutes avec les retrouvailles de Martha et les quelques éléments d'intrigues qui se mettent en place, on n'a qu'une seule hâte : que les événements touchent à leurs fins. On jongle entre les scènes de façon beaucoup trop lente : le Docteur met une plombe à aller chez Luke Rattigan, ce qui retarde l'apparition du visage du Sontarien, ce qui retarde également la rencontre entre Martha et un Sontarien, donc sa capture, etc.

Le scénario n'est pas assez bien ficellé pour être intéressant, le Docteur évoque dans l'épisode qu'il est étrange de voir les sontariens se planquer comme des mauviettes et envahir le monde avec les GPs tueurs... et il a raison, et on n'aura pas vraiment d'explications sur ce changement de méthode. Les "petits twists" ne sont pas très efficaces et reposent toujours sur du "le Docteur a oublié un détail mais maintenant il sait". Par exemple avec le concept du "décalage dans la réalité d'une seconde par rapport au monde", plutôt cool en soi. Etant donné que Russel T. Davies reprend le même concept dans son final et en fait quelque chose de capital, je crois bien que c'est juste lui qui l'a inséré là afin de donner un peu de foreshadowing.

Le dernier tiers de l'épisode est d'un ennui plus grave, le cliff traîne trop (le montage est vraiment tiréééééé en longueur) et l'intrigue du clone de Martha, comme je l'ai évoqué plus haut avec le montage un peu étrange, est ultra découpée. A ce propos, Freema Agyeman joue très bien parfois, mais elle peut être aussi un peu dans le surjeu. Son "It's Martha. And I'm bringing you, BACK to earth !" au début de l'épisode sonne toujours un peu faux, et la version "clonifiée" de Martha tire une gueule de dix pieds de long, c'est un peu forcé.

Quoi d'autre ? Le Docteur est parfois assez incohérent dans l'épisode, ce qui rejoint le thème de la critique de l'armée qui est trop maladroitement traité. Son aversion pour les armes est exagérée, son comportement envers le major d'UNIT est un peu injustifié quadn on pense au Brigadier (par contre il kiffe Ross, pourquoi ? car il le connaît personnellement et est plus humanisé que les autres ? pourtant il fait les mêmes remarques stupides que d'autres...). Et il refuse le salut... alors qu'il en fait tout le temps dans les deux saisons précédentes, en vrai ? Ten aurait pu être un bon personnage ici, mais certains scénaristes en ont fait un peu n'importe quoi. Le retour d'UNIT est aussi réalisé de la pire façon possible sur certains points puisqu'ils sont tombés dans le double cliché ultime : les fantassins débiles d'un côté (entre celui qui ne capte pas qu'une cuve à clones est un truc alien et celui qui abaisse son arme face à un Sontarian en armure, je me demande qui remporte la palme), les chefs qui n'écoutent rien de l'autre... pas très glorieux. On pourrait se dire que ça fait partie de la critique de l'armée, mais en l'occurrence ça dessert la cohérence et la crédibilité du retour, et on dirait plus que ça dessert l'écriture avec des facilités bêtes.

Et cette première partie restera pourtant la meilleure, malgré ses longueurs et ses défauts, parce qu'au moins le début était prometteur, que le retour de Martha faisait plaisir, que l'humour était assez réussi et que Donna et son grand-père nous ont offert un bon moment retrouvailles riche en émotion. En vrai, un peu à la manière de Voyage of the Damned (auquel je met la même note environ je crois), même si regarder l'épisode ne me déplait pas, objectivement c'est pas vraiment bon, malgré les personnages. 

Mais les quelques points positifs (le retour de Martha, sa rencontre avec Donna, cette dernière qui revient sur Terre, l'humour, l'arc de Ten...) sont vraiment trop excellents pour mettre une trop mauvaise note.

Mais là, il y a autre chose. De pire.

C'est la perspective d'avoir encore 45 minutes sur le même sujet avec peu de chance de se renouveler.

Purée je haie les doubles-épisodes quand ils sont comme ça...