On passe encore moins de temps dans les grottes fond bleu, ce qui fait que la note monte progressivement par rapport aux parties 2 et 3. Il y a quelque chose d'involontairement méta dans le fait que l'underworld soit une telle torture à regarder.

Mais cela ne veut bien sûr pas dire que le sérial devient bon, au contraire. La réalisation reste une catastrophe : et non je ne parle pas du budget ou du visuel, mais bel et bien des effets de caméra. Notamment le début de l'épisode avec la résolution du "cliff" qui m'a fait réaliser que je n'avai en fait même pas compris en quoi consistait le cliff de la troisième partie, justement. C'est carrément dommage car il y a quand même une maquette de la navette qui sort de la planète "liquide" qui est assez convaincante. Ce concept d'expédition qui se retrouve piégée dans une planète encore en construction, ça aurait pu donner quelque chose de si bien.

Le scénario est un enfer. Le background du peuple sur la planète n'a aucun sens. Le délire de l'oracle qui est un ordinateur avec une conscience est repompé de plein d'autres sérials et n'a aucun sens, il est amené de nulle part (et l'ordinateur en question est une lumière qui parle, whou-ou paie ta visualisation !). Le concept des deux tubes dorés est également complètement idiot et sorti de nulle part, et le fait que l'ordinateur n'ait AUCUN système de défense et que le Docteur peut simplement les prendre et partir, c'est insensé. Même l'intervention des Seigneurs du Temps n'est pas vraiment ramenée dans l'équation, le concept que le peuple vénère les Time Lords comme des Dieux ne mène nulle part. Le fait qu'il soit sous-entendu que les Seigneurs du Temps aient aidé les Minyans à se régénérer indéfiniment, tandis qu'eux se sont imposés une limite de 12, est un non-sens aussi, que Robert Holmes n'aurait sans doute pas laissé passer s'il était encore showrunner.

Je préfère m'arrêter là en citant toutes les incohérences, car il y en a sans doute encore une centaine à la pelle, et j'exagère à peine (entre la gestion du TARDIS qui aurait pu être utilisé pour sauver tout le monde, les réactions de chaque personnage face au scénario, etc.). Les dialogues méritent cela dit aussi une mention, tant ils sont faibles. Je n'ai rien à citer. Les personnages ne font rien de malin, rien n'est fun et parfois les acteurs répètent en double leurs répliques. C'est hilarant.

Cette partie nous révèle de plus quelle était l'intention des scénaristes avec Underworld : réécrire un mythe grec avec Ulysse. En effet, tous les prénoms sont une référence à d'autres personnages, et la quête pour la banque génétique en disque d'or est une référence à une toison d'or, ou je ne sais plus trop quoi. C'est tout de même sacrément tiré par les cheveux et anti-créatif.

C'est d'autant plus dommage que derrière tout ce fiasco, il y a de bonnes idées qui auraient pu faire l'objet d'un bon épisode. Dans ce final notamment, le capitaine du vaisseau "préfère" sauver sa banque de données génétiques plutôt que ses descendants directs. Mais bon. Il faut voir loin pour saisir cette qualité. Globalement en apparence c'est juste un énième récit de plus sur la libération d'un peuple.

A noter tout de même qu'aucun personnage n'est nommé ou attachant.

Underworld est donc une histoire qui part sur des bases sci-fi somme toute intéressante, mais n'en fait rien d'intéressant, avec un scénario réchauffé et bâclé, aucun personnage mémorable et des concepts génériques très mal exploités. Mais ne nous cachons pas : la raison qui fait de cette histoire "médiocre" une des pires, c'est l'échec total de la réalisation, la preuve absolue que des modèles en carton et des maquettes miniatures un peu moches seront toujours, TOUJOURS préférables et vieilliront toujours mieux qu'une digitalisation à vomir, qui retire toute dimension artistique à la caméra et qui extermine la moindre suspension d'incrédulité en nous.

Il faut noter qu'ironiquement, il s'agit de la dernière histoire de Doctor Who diffusée avant que Star Wars ne soit diffusé au public britannique. Juste pour remettre les trucs en perspective. Cela a poussé le producteur Graham Williams à faire des scénarios plus ambitieux... sans le budget qui suivait derrière, les décors ont été donc foirés.

C'est aussi à cause de cette histoire en partie que Louise Jameson refusa de renouveler son contrat. Quelle tragédie, ce Underworld. Rarement la série a autant touché le fond en si peu de temps, dans le récit comme en coulisses.

Note globale : 6.5/20