RICHARD: I am in a nightmare, or mad.
MRS. PEINFORTE: This is no madness. Tis England!

Je suis assez fan des histoires qui mêlent plusieurs lieux et temporalités différentes, et entre la sorcière et son disciple de 1638 qui remarquent plein d’anachronismes, le nazi hispanique et sa troupe de 1988 ou bien le palais anglais de Windsor, je dois dire que je suis assez servi !

C’est une première partie assez tonitruante, peut-être même limite fouillie tellement l’histoire a de l’avance sur les spectateurs. D’un autre côté, c’est aussi ce qui la rend assez fascinante à suivre. Seven nous régale en ayant à nouveau un coup d’avance sur nous. On semble tisser des liens avec des événements en hors-champ qui se sont produits dans la vie du Docteur, et j’aime beaucoup les histoires faisant ça, qui se permettent en fait de réinjecter du mystère de la vie du Docteur en dehors de la série.

C’est à travers cet épisode qu’on sent aussi une certaine forme de célébration de la série pour ses 25 ans : l’épisode est en effet diffusé le 23 novembre 1988 et cette date revient tout le temps. Le fanservice me semble léger mais vu le placement de l’épisode, je ne me serais pas forcément attendu à un The Five Doctors. La référence aux noces d’argent (25 ans) dans le titre et dans l’histoire me fait sourire. Et puis au-delà juste de la présence des Cybermen, qui n’apparaissent ici qu’en cliff comme il est de coutume, l’histoire a vraiment une certaine ambition en représentant plein d’aspects de la série. Cet épisode se permet même de faire figurer la reine Elizabeth II en caméo, ce que je trouve hyper cocasse.

Après, les réfs à la célébration restent légères, et je peux entendre la déception qu’on aurait pu avoir à l’époque. Par exemple, le mathématicien du passé est joué par un acteur qui a refusé le rôle du premier Docteur, ce qui est censé être une forme de “célébration” pour les producteurs. Mouais, bon, c’est juste une anecdote ordinaire ! Idem, le Docteur rencontre une foule de touristes rapidement, foule composée de plein de caméos de gens importants (Nicholas Courtney, donc le Brigs, mais aussi des réals et des scénaristes de la série). A nouveau, ça fait juste un peu private joke de l’équipe que vraie célébration.

Si je faisais ma mauvaise langue et que je défendais l'épisode au passage, je dirais simplement que le fait d'avoir une super saison et de bons épisodes avec les Daleks et les Cybermen, c'est déjà suffisant comme célébration du show, donc ça me convient bien...

Si la plupart du scénario se résume à nous faire comprendre que tout est lié à la fameuse comète, le chemin emprunté pour cela est assez créatif, et part aussi bien de quelques idées timey-wimeysques (la magie noire qui permet de voyager dans le temps), que d’une collection mythique d’objets presque magiques (la “silver arrow” et le “silver bow”, mais aussi la montre du Docteur qui fait office de Rappeltout d'Harry Potter). Cela donne un aspect chasse au trésor assez Cartmellien - c’est un peu ce qu’on avait déjà dans Remembrance of the Daleks - et ça permet de dynamiser pas mal cette première partie avec des sauts temporels à répétition.

ACE: What I want to know is, how can a statue destroy the world?
DOCTOR: I'll tell you…350 years ago.

L'épisode est globalement réputé pour être pompé sur Remembrance, car le scénariste n'avait jamais écrit pour la série et que JNT a forcé l'inclusion des Cybermen, mais peut-être est-ce car j'ai mis de l'espace entre mon visionnage du début de saison et de Silver Nemesis, mais je ne trouve pas les ressemblances si gênantes. Quand même, on parle d'une série qui pendant un temps, recyclait les mêmes histoires de colonies de l'espace, de guerre civile d'un peuple autochtone opprimé, etc. et ça allait à tout le monde ! Pourquoi ne pas reprendre une formule gagnante, notamment au sein de la même saison, qui aide à créer de la cohérence dans son Docteur ? Moi, je suis content.

Au final, je suis toujours assez intrigué à l’issue de l’épisode, notamment car j’aurais imaginé que la météorite contienne elle-même des Cybermen, alors que ces derniers débarquent dans un vaisseau à côté. Et puis, il y a cette petite séquence géniale où Ace s’arrête sur un tableau datant de plusieurs siècles où elle est peinte dessus, un événement qui devrait s’expliquer par la suite, ou pas car il s'agit apparemment d'une scène coupée. Quoiqu'il en soit, c’est très Moffatien et assez génial, et ce genre de choses nous tient vraiment en haleine.

Seven et Ace sont toujours vachement cool : j’ai déjà cité le fait que Seven semble encore avoir un coup d’avance sur nous et sur Ace, ce qui peut être assez frustrant par moments puisqu’on semble patauger un peu de façon artificielle. Mais ça contribue à rendre ce Docteur très imposant, sans négliger sa partie comique qui est ici souvent au beau fixe (le gag sur “Duck!”...)

ACE: So who were they, anyway? Who'd want to kill us?
DOCTOR: I'm afraid there's an infinite number of possibilities.

Comme d’hab en ce moment dans la série, les dialogues sont super et ça fait vachement la différence. Les questions-réflexions entre Ace et Seven fusent et tout est écrit avec du punch :

DOCTOR: That was the return to Earth of a comet called Nemesis that has been in orbit for exactly three hundred and fifty years.
ACE: You're amazing, Professor, being able to tell all that just from the noise!
DOCTOR: Wasn't difficult, really. It was me who launched it into space in the first place.

L’épisode bourdonne vraiment avec encore plein de mystères non résolus : que s’est-il passé en 1638 et comment la Lady connaît le Doc, qui a tiré sur Ace et le Doc, que contient vraiment la météorite, etc. Bref, à part les petites frustrations sur la rétention d'infos du Doc et la fausse-célébration de la série, c'est une intro très réussie.