Oh ils étaient entre la vie et la mort... C'était pas du tout prévisible dis donc !

C'est surtout pas du tout emprunté à 15489 autres contes. Toute la série d'ailleurs est largement pompée sur la construction du conte que ce soit chez Perrault ou les frères Grimm. La série suit à la lettre, par épisode, le mono-mythe de Campbell en lui appliquant une lecture stricte.

C'est bien fait, comme un gentil élève appliqué, mais c'est fait sans folie, ni surprise. C'est ça, précisément qui manque à cette série : de l’inattendue.

Fin de cette série/de ce film en apothéose. Tous les éléments sont réunis, la boucle est parfaitement bouclée. Il suffit de revoir l'introduction de la série après avoir vu cet épisode, dans le générique il y avait absolument TOUTES les explications, de comment Beatrice s'est retrouvé en oiseau à l'histoire de l'homme des bois. C'est fou comment les mecs avaient tout conçu depuis le début. C'est du pur génie.

Dans ce final, on y retrouve toute l'ambiance de la série, tous ses personnages ou presque. La conclusion concernant l'homme à la lanterne, la bête et l'intégration de Greg dans tout ça est poétique, tout s'assemble parfaitement bien et la scène finale dans les bois sous la neige est fantastique.

Mais comme dans un film, les 10 dernières minutes sont rarement là que se produit toute l'action, tous les rebondissements et des tournures inattendues pour les personnages. Le coeur de la série se trouve ailleurs et les personnages ont déjà atteint leur paroxysme.

Reste que cette conclusion offre absolument tout ce que l'on demande, et résout la plus grande question : qu'est-ce que l'inconnu ? Ou en tout cas, amène à ce qu'on y réponde nous même. La réponse semble pourtant évidente à mon avis. Le monde de l'inconnu constitue bien un purgatoire, le moment où Wirt et Greg, se battant entre la vie et la mort, décident s'ils vivent ou meurent. Cela explique les pertes d'espoir de Wirt et Greg, la bête symbolisant la mort qui les rattrape en les enracinant. Cela explique aussi pourquoi certains personnages du show sont aussi tirés de la "vieil époque", et aussi pourquoi certains persos sont carrément morts. Cela explique aussi pourquoi tout est aussi sombre et glauque. Après tout à la base le monde "the Unknown" s'appelait "the In-Between", l'entre deux mondes. Cela semble plutôt clair.

Cela n'explique pas vraiment toute l'histoire ni pourquoi on trouve des grenouilles chantantes. De manière moins glauque, on peut imaginer qu'au lieu d'être un lieu "réel" où les personnes vont lorsqu'elles sont entre la vie et la mort, ce monde soit tout simplement le fruit du rêve. Les éléments effrayants (la bête, etc.) seraient le fruit du cauchemar. En fait la réponse se trouvait peut-être dès la première chanson de la série : "If dreams can't come true then why not pretend ?"

Bien sûr, il y a quelques éléments contradictoires (la grenouille de Greg qui luit à la fin, indiquant carrément que toutes leurs aventures étaient réelles.... sauf si en fait à la fin ils sont toujours dans leur rêve et sont donc vraiment morts ??). Il y a aussi que cette expérience devrait être un rêve partagé. Mais qu'importe, c'est, je pense, l'explication de la série, en tout cas celle que je choisie après un premier visionnage. Beaucoup d'indices vont dans ce sens, surtout les éléments de la vie réel qu'on voit dans l'épisode 9 repris tout au long du voyage. Ce n'est pas dit que tout prenne un sens différent si je décide de revoir la série un jour. Car je suis certain qu'elle doit être encore meilleure la deuxième fois, ça ne fait aucun doute.

Il y a déjà le fait que le monde puisse être tout à fait réel.

Déjà lorsque l'on comprend que c'est la grenouille de Greg qui était dans la séquence d'ouverture du premier épisode, avec le piano qui tourne et tourne et tourne en se rapprochant de l'écran, il est évident que les événements des 9 autres épisodes ne s'expliquent pas logiquement, mais ne sont-ils pas réels pour autant ? Autrement dit, ne méritent-ils pas une conclusion eux-aussi ? N'a-t-on pas envie de savoir ce qu'il advint de Béatrice et de l'homme à la lanterne ?

Bien sûr que si. Comme la voix-off (la grenouille donc) le dit si bien : "And so the story is complete, and everyone is satisfied with the ending. And so on and so forth... and yet, over the garden wall..."

S'en suit le montage sur le devenir des personnages de l'aventure. Car au fond même si tout ceci reste à l'état de rêves (oh ! j'ai dis le mot !), c'est le coeur de la série, c'est le monde dans lequel on a évolué. Même si les événements ramenant au réalisme n'ont cessé de s'accumuler plus les épisodes passaient (l'explication pour la tenue de Wirt et Greg, le flashback sur la réalité...), au fond le monde de l'inconnu était loin d'être inconnu pour nous, puisqu'il était la seule chose que nous connaissions en embarquant dans ce voyage, et que l'on a appris à aimer.

C'est ainsi que la série a permis aux rêves d'exister le temps d'un film, le temps d'une oeuvre. L'espace d'un moment, nous avons voyagé vers l'inconnu, nous avons été transportés dans un endroit étrange, pour finalement apprendre que les limites de la raison et du réel sont en fait très fines.

Un chef d'oeuvre d'animation. Pas seulement visuellement (car tout est irréprochable sur ce point-là de toute façon), mais aussi dans ses personnages, son mélange de genres et de thèmes, son écriture complexe (je n'ai pas encore compris le sens de tous les éléments du show comme la pierre "rocks" de Greg), et son message final. Et surtout, unique, je n'ai jamais rien vu de tel en tout cas.

A voir et à revoir mille fois comme un film d'1 heure 50, film que je conseille à tout le monde. On ne peut tout simplement pas ne pas être touché.