Aaaah la musique c'était quand même mieux avant, quand on avait pas ces stars préfabriquées. Et la télé c'était quand même mieux avant aussi, quand on avait pas toutes ces émissions à la con et 3 policiers par semaine sur TF1.
Je sais pas pour vous, mais ça m'a toujours profondément agacé d'entendre ce genre de choses.
Il se trouve que je suis tombé le mois dernier sur cet article de Wired. L'auteur s'essayait à trouver l'âge d'ôr des séries américaines grâce aux données d'IMDB. Le principal problème de son analyse est qu'il utilisait deux données pour en ressortir ce graphique : le nombre de séries produites par an et leur durée de diffusion. Il en arrive à la conclusion plus ou moins assumée que l'âge d'or des séries se situe avant, dans les années 70.
Mais juger la qualité d'une série par sa durée de diffusion est quelque chose de très réducteur. D'ailleurs l'auteur se contredit lui-même très vite dans son article puisqu'il constate que cela ne permettra que de ressortir les séries populaires (il suffit de voir le petit bond fin des années 90 avec Friends par exemple) mais que cela va totalement ignorer les séries acclamées par la critique qui sont courtes (Twin Peaks, Mad Men etc...). Bref, il est évident que l'on produit beaucoup plus de séries maintenant qu'à l'époque, et que parmi tout ça, il y a une tonne de déchets. Vous l'aurez compris, j'ai trouvé cet article... superficiel (pour être gentil).
Par chance, je ne suis pas le seul, puisque j'ai découvert cette analyse très intéressante répondant directement à l'article ci-dessus. Leonard Richardson a préféré utiliser les notes d'IMDB comme critère, non pas que ce soit le critère parfait, mais en tout cas un critère plus pertinent que celui de la durée de diffusion d'un épisode. Et il en ressort des choses tout à fait intéressantes qui m'ont donné envie de partager et traduire son analyse.
Le nombre de séries au fil augmente chaque année. L'arrivée des webséries ne fait qu'accroitre encore plus ce mouvement.
La note moyenne par année des séries est en chute libre depuis grosso modo le début.
Mais l'écart type (dispersion des notes de la moyenne) ne fait que grandir depuis le début.
En 1959, 0,1 point d'écart sur 10 sépare la série la plus mauvaise de la meilleure. En 2011 2 points, ce qui est énorme sachant que la distribution des notes n'est pas équilibrée pour une série donnée et que l'on se base sur la moyenne de toutes les séries d'une année donnée.
En 2005, l'année la plus catastrophique depuis le début de la télévision selon ces critères, plus de 1300 séries sont produites (dont webséries), pas étonnant de retrouver alors une moyenne à la baisse à cause d'un nombre croissant de daubes. Il est plus facile de produire une énième daube qu'un Six Feet Under.
Autre facteur important, le nombre de séries qui ne sont pas notées du tout.
Les vieilles séries ne sont pas notées parce que plus grand monde ne s'en souvient. Les nouvelles parce qu'elles sont soit des webséries, soit des séries produites mais pas diffusées à la télé... soit de la merde. Ce qui accroirait encore plus la différence entre la note moyenne d'il y a qurante ans (7.3 en 1973) et celle de maintenant (6.2) si ces séries étaient notées.
Pour l'instant vous me direz, les résultats ne diffèrent pas vraiment de la première analyse. Mais ce cher Leonard a eu l'intelligence de tirer ensuite les statistiques uniquement pour les meilleures séries d'IMDB.
Voilà le graphique appliqué aux 15% des séries du haut du panier en terme de note.
Toujours un déclin important au fil du temps, surtout pour 2005 qui est une année apparemment terrible, mais l'écart se réduit considérablement.
Et voilà celui pour pour les 5% (environ) du gratin de la télévision qui inverse complètement la tendance.
Et c'est là que je vais rejoindre l'auteur, ce dernier graphique est probablement la meilleure réponse à "Existe-il un âge d'or des séries US ?". La télévision de 1973, quand il n'y avait que trois chaînes hautement contrôlées est-elle rééllement meilleure que celle de maintenant, où la surproduction règne mais où on est encore capable de produire d'incroyables pépites ?
2005 a beau être la pire année statistiquement sur les données de Wired, c'est aussi l'année qui a lancé Prison Break, The Office US, Weeds, How I Met Your Mother, Bones, It's Always Sunny in Philadelphia, Rome, American Dad... à chacun de piocher là-dedans. Et puis évidemment tout ceci c'est sans compter la montée en force de la télévision européénne (bon surtout anglaise en fait), australienne depuis peu, ou canadienne.
Bref, c'était mieux maintenant.
Source : http://www.crummy.com/2012/02/20/0