Mmaginère et
Galax
se sont penchés sur la saison 2 de BONDiNG et partagent avec vous l’esprit BDSM de la série.
B = Bienveillance
"Bienveillance" n’est pas le premier mot qui me vient à l’esprit en pensant à cette saison 2, mais il y en a eu :
- lorsque Maîtresse Mira donne une seconde chance à Tiff et qu’elle l’aide à grandir,
- dans la relation, certes maladroite, entre Tiff et Doug,
- et dans la pratique du BDSM (parce qu’au final les Maîtresses aident leur clients à réaliser leurs fantasmes, à être mieux et à s’assumer, et c’est aussi le cas pour la scène finale avec Chelsea). Cette saison était placée sous le signe de l’évolution et des sentiments de chacun, avec toute la dose d’amour et de bienveillance entre les personnages qui les a aidés à arriver à la fin du huitième épisode.
Tout à fait d’accord ! Je crois que je n’ai même rien à rajouter, on peut s’en tenir là...
Pardon, où ai-je dit quelque chose qui aurait pu te laisser penser que j’avais fini ? Ou te donner le droit de m’interrompre ?
Eh bien… euh...
Je crois qu’il faut mettre les points sur les i. La saison 1 développait beaucoup plus la partie BDSM et cette bienveillance qui l’accompagnait. En saison 2, j’ai quand même plus eu l’impression d’assister au Freak Show que de réellement voir des clients et leurs Maîtresses. Pas dans le sens où je juge leurs fantasmes, mais dans le sens où la série nous les montre comme une escalade au choquant, sans vraiment prendre le temps d’expliquer ou de développer, comme c’était le cas en saison 1 (il suffit de comparer la partie sur le déguisement pingouin qui avait été introduite dans la saison 1 de manière intrigante et sympathique, et son traitement bâclé et gênant dans la saison 2). La bienveillance de la saison 1 en a donc pris un coup en saison 2. Par contre, que ce soit en saison 1 ou 2, la relation entre Tiff et Pete est tout sauf bienveillante, elle est toxique. Ils s’aiment, mais ils se font du mal. L’amour ne suffit pas toujours, il faut un fond à toute relation, même amicale, qu’ils n’ont plus.
… …
Tu peux parler.
(!) Entendu… Eh bien, Maîtresse Mmagi a, disons, les mots durs (entre autres choses) concernant cette saison de BONDiNG. Oui, c’est vrai que la série n’a pas toujours été tendre dans ses personnages ou dans ses dialogues cette année, avec de nombreuses disputes, blagues déplacées ou quiproquos maladroits… Mais je trouve que plus on approchait de la fin, plus la série nous rappelait que justement, il y a de l’humain derrière le milieu BDSM, et certaines limites à ne pas franchir. C’est pour moi quelque chose que la trajectoire de Pete illustre cette saison : ne prenant jamais son rôle de Maître Carter au sérieux, il finit par devenir apprécié de personnes qui se moquent de ce monde et ne le prennent pas au sérieux, tandis que Tiff grandit, mûrit, fait de son rôle de dominatrix sa véritable voie. Les péripéties étaient souvent moins drôles et plus gênantes qu’en saison 1, je pense qu’en choisissant une telle fin "sombre" et réaliste, la saison retombe très bien sur ses pattes, contrairement à la première saison. Pour rappel, celle-ci se concluait par un crime dramatique étrange et hors-propos – qui a heureusement été laissé aux oubliettes ici.
Plus globalement, même certains passages ont pu être longuets. Combien de séries peuvent se vanter de pouvoir aborder de façon aussi décomplexée le tabou de la masturbation féminine à travers une scène assez bien construite qui fait aussi évoluer le personnage principal ? Je citerais aussi le passage où Tiff utilise la carte de crédit d’un de ses clients qui aimait se faire dominer financièrement, pour venir en aide à une amie à l’hôpital. Je m’attendais à ce que cela retombe sur Tiff, mais au lieu de ça, Mistress Mira la complimente lors du final. Un final qui d’ailleurs permet de rappeler que les dominatrix forment avant tout une sororité et qu’elles doivent se serrer les coudes, ce qui leur octroie une happy end. Derrière l’amertume concernant la partie “rom-com” de la série, où presque toutes les relations amicales ou amoureuses finissent mal, il y a toujours beaucoup de bienveillance et d’ouverture d’esprit, je trouve. En tout cas, plus que dans la série TV moyenne.
Maîtresse Mira, personnage le plus bienveillant de la saison 2.
D = Déception
La saison 2 a mis le temps à venir et plus l’attente est longue, plus elle peut facilement être déçue. D’autant plus qu’on reste sur des impressions de saison 1 et moins sur du concret, donc on est moins objectif quand on compare les deux saisons. J’ai pour ma part revu la saison 1 pour pouvoir faire une comparaison plus juste.
J’avoue, je suis le mauvais élève : je n’ai pas revu la saison 1. Est-ce que je mérite une punition ? Pire : j’en ai peu de souvenirs, à part Janet de The Good Place, l’intrigue principale de Tiff et Pete, ainsi que cet horrible final – d’ailleurs, la saison 2 finissant sur ses meilleurs épisodes, elle me laissera sans doute un effet inverse. Pour ma défense, dans la vie, on ne peut pas revenir en arrière : on vit avec ce qu’on a fait. Remater, c’est tricher !
Je reviens après avoir aiguisé mes talons aiguilles en marchant sur le dos de Galax qui n’attendait que ça, parce que oui, il mérite clairement une punition.
Mais je…
Silence !
...
Je reprends. La saison 2 ne prend aucun risque, nous offre une Tiff éteinte, un Pete insupportable et des intrigues fouillies. En saison 1, la jeune femme dégageait une volonté et une puissance qui étaient impressionnantes. Même si je comprends que la fin de cette saison 1 et ses conséquences aient donné un coup à sa confiance, je ne comprends pas cette léthargie qu’elle affiche tout au long de la saison 2. Quant à son meilleur ami, il passe la saison à être méchant avec tout le monde et à n’en faire qu’à sa tête, sans aucun respect. Pete est devenu l’un des personnages les plus détestables du monde des séries (non, il ne dépassera jamais Henry de Once Upon a Time, soyez raisonnables).
Même si citer Once Upon a Time dans un bilan BDSM est tout à fait dans le thème, je fais objection sur la comparaison ! Ce n’est pas parce que Tiff est une dominatrix qu’elle doit afficher toujours une confiance en elle permanente, surtout quand toute la saison la force à prendre deux décisions importantes qui bouleverseront sa vie personnelle (rester ou quitter Doug) et professionnelle (l’université et la psychologie ou le donjon et le BDSM). Pete est en effet parfois détestable cette saison, mais jusqu’à preuve du contraire, ça n’est pas une mauvaise chose en soi ? Il n’a jamais été le plus attachant du monde. Je pense que tout le but de la saison est surtout de montrer qu’il prend tout le BDSM à la légère et pour la blague, un peu comme la série en saison 1. Par contraste, Tiff prend les choses beaucoup plus à cœur.
Ta punition ne t’a pas suffi, tu en réclames une autre ? Soit, mon fouet est prêt à s’occuper de la chair épargnée par mes talons !
Gloups…
En plus des intrigues et des personnages qui perdent de leur superbe, la saison 2 m’a à peine fait sourire. En effet, la saison 1 offrait un humour léger et rafraîchissant, là où la saison 2 fait de la surenchère avec un humour lourd et de mauvais goût. Où sont passées les situations cocasses, les pointes d’humour décochées avec justesse et l’ambiance fun de la saison 1 ? Je m’arrêterai là sur cette partie, j’ai un boulot digne de Tiff à accomplir !
… je n’ai pas envie d’en savoir plus sur la nature de ce boulot, et préfère donc m’arrêter là aussi.
Dans la série comme dans cet article, la punition est de mise et elle n'est pas décevante.
S = Superficiel
Comme je l’ai expliqué plus tôt dans la partie B, le BDSM est peu développé en saison 2. Il l’est plus dans notre article, et c’est peu dire. Nous avons droit à quelques scènes assez superficielles. Le pire étant pour moi les cours donnés par Maîtresse Mira, dans le sens où ils sont très rares et courts, alors que c’était l’intrigue qu’il aurait vraiment fallu développer. Surtout que nous n’avons plus droit aux cours de psychologie à la fac, qui apportaient leur dose d’humour et de réflexion durant la saison 1. Au lieu de ça, nous perdons du temps avec des histoires sans intérêt ou qui tombent comme un cheveu sur la soupe (Chelsea, le double de Pete, l’identité du client de Mira…).
J’avoue que je n’ai aucun souvenir de cours instructifs à l’université en saison 1. En tout cas, il me semble logique, étant donné le choix de Tiff, de basculer vers seulement des cours par Maîtresse Mira, mais moi aussi je dois dire que j’aurais préféré en avoir plus.
Je ne remets pas en question le manque de cours de la fac, mais le manque de cours de Mira qui auraient dû remplacer ceux de la fac. Je sens que tu me pousses à aller plus loin pour te remettre les idées en place Galax, mais n’est-ce pas ce que tu attends depuis le début de cet article ?
Vu que la série n’est plus trop cathartique, je dois en effet me tourner vers d’autres formes de soumission. Nos débats enflammés en font sans doute partie...
Sur ce même sujet, Rolph chez Pete, c’est vraiment nul. Après une saison 1 où il était vraiment bon dans son rôle de client qui paie Tiff pour être sa soubrette et qui se fait reprendre au moindre grain de poussière, la saison 2 l’a mis dans un coin pour dire qu’il existe toujours, mais n’en fait rien. Surtout que, comme il le dit (et j’avoue avoir aimé cette scène), Pete est un mauvais Maître. Mais c’est surtout parce qu’il le néglige alors qu’on aurait pu avoir des scènes amusantes où Pete essaie, mais est à côté de la plaque. Idem pour Frank, qui a droit à quelques scènes sur la grossesse de Portia et son nouveau job, mais sans plus. Malheureusement, la saison 2 se contentera de survoler toutes ses intrigues, nous noyant sous de la rom-com que je développerai au paragraphe M. La série semble frileuse désormais, c’est malheureusement souvent le cas : une saison 1 sulfureuse/racoleuse pour attirer le public et ensuite la série est sage et distille des intrigues pour tenir le plus de saisons possible. Avec le format court des épisodes et des saisons, c’est malheureusement très préjudiciable pour BONDiNG, surtout que, sans les risques, la série ressemble à n’importe quelle autre et ne vaut pas qu’on s’y arrête.
Je suis pour le coup d’accord que le format dessert plus la série qu’autre chose. C’est tout simplement trop peu d’épisodes et trop peu de minutes ! Avec un format plus proche de celui de Sex Education par exemple, on pourrait vraiment développer une super galerie de personnages secondaires. Car honnêtement, Rolph, Doug, Josh, Mira, le père de Pete : on s'en fiche un peu.
T’ai-je autorisé à être d’accord avec moi ?
Pardonne-moi...
La séance shopping illustre dans tous les sens la superficialité de la saison 2, même Pete s'en fout.
M = Mièvre
Tiff et Pete sont chacun de leur côté en couple et leurs histoires d’amour prennent le pas sur les intrigues BDSM. Au lieu de faire en sorte que ça reste complémentaire comme en saison 1, ce qui était très bien, le sujet principal de la série n’étant pas les relations amoureuses. Nous avons donc eu droit à une saison 2 transformée en rom-com, ce qui m’a fortement déplu. J’ai apprécié l’évolution du couple Tiff-Doug dans le sens où chacun a vraiment ouvert un dialogue et une confiance avec l’autre, mais on n’avait pas besoin de tout ce drama (le retour de l’ex, l’accident de voiture). Du côté de Pete, à part créer des intrigues secondaires sensées apporter des twists (qui pour moi étaient prévisibles et ridicules), sa relation avec Josh dans la saison 2 a été totalement inutile et pénible à regarder (leurs disputes mesquines, leurs mensonges/cachotteries). Dommage, surtout après la création bien amenée de cette relation en saison 1.
Pour moi, la série n’a jamais été à propos du milieu BDSM principalement – ce n’était qu’un support pour parler d’autres choses. Le virage rom-com ne m’a pas semblé trahir l’esprit de la série, au contraire. Il est vrai que les intrigues étaient sacrément inégales en milieu de saison, avec quelques épisodes ultra chiants. Après, il ne faut pas toujours se comparer à ses ex : si on prend juste la saison pour ce qu’elle est sans constamment la comparer à la saison 1, il reste tout de même que c’est une série assez originale !
Certes, la série reste originale. Mais si on est moins épanouis avec la saison 2 qu’avec la saison 1, devons-nous vraiment l’ignorer ?
Une saison 2, c’est comme le cap des 3 mois : si on y arrive, c’est déjà qu’on fait quelque chose de bien, même si ce n’est jamais l’idylle des premiers instants… on apprend à faire avec ce qu’on a et à aimer les nouveautés.
Serais-tu en train de me dire que tu as moins aimé le fouet que les talons, mais que tu en redemandes encore ?
Je… crois que j’ai eu ma dose… Et si on concluait ?
Bonne idée. Et dans ma grande bonté, je te laisse le mot de la fin.
J’ai beaucoup parlé à travers ce bilan du fait que la série a shifté son focus et que ce n’est pas une mauvaise chose, mais pour parler vraiment du BDSM – car on sait bien que vous êtes tous là pour ça, bande de petits cochons et petites cochonnes – il reste ici important et bien exploité. J’ai lu des remarques disant que la série devenait plus malveillante et moins tolérante vis-à-vis de l’univers BDSM. En fait, c’est la saison 1 qui a reçu quelques plaintes pour avoir déformé l'univers BDSM en quelque chose de faux, pour la blague. Le créateur de la série et l'actrice principale ont fait appel à des conseillers pour cette deuxième saison qui est apparemment beaucoup plus fidèle et respectueuse. Je pense que c'est d'ailleurs pour ça qu'elle nous apparaît moins drôle et plus bizarre dans certaines scènes. Du coup, ce n'est peut-être carrément pas un bon choix en termes de divertissement, mais qu'il y a moins de tolérance est sans doute faux. Après c'est à relativiser aussi car la saison 2 a été moins suivie et a moins fait de "buzz", donc il est possible qu'il n'y ait juste pas eu de voix qui s'élèvent. De plus, certains professionnels du milieu étaient aussi élogieux sur la représentation en saison 1, notamment en parlant du final et des "dangers" du métier.
On peut donc expliquer certaines qualités et certains défauts de cette saison 2 par une réponse à la saison 1 : Maîtresse Mira est sans doute là pour ça. Elle ajoute du professionnalisme là où Tiff était l’exemple en saison 1, et notre porte d'entrée dans ce milieu. Tiff n’est en fait qu’une amateure et cela se ressent encore. C’est à la fois ce qui fait le succès des meilleurs moments de cette saison 2 et aussi qui nous frustre, car la saison a finalement mis trop de temps à savoir ce qu’elle voulait faire.