Pitch fonction d'onde
Marcus Ayers est un Alpha particulièrement dangereux, capable de trouver le meilleur moyen d'utiliser son environnement direct pour engendrer une chaîne de réactions dans le but d'obtenir ce qu'il désire. Ancien patient du docteur Rosen, il souffre d'un délire proche de la paranoïa, avec une fascination pour le déterminisme et la nécessité de lier chaque action au principe physique de cause à effet. Son évasion spectaculaire entraine la panique chez le docteur Singh, médecin psychiatre spécialisé dans la gestion des Alphas les plus dangereux.
Une plongée dans la mythologie de Alphas
Après avoir posé le concept peu révolutionnaire de la série, Alphas va tenter de montrer qu'il est plus qu'un simple divertissement en tentant d'approfondir les origines des agissements du docteur Rosen. Pour cela, rien de mieux que de le confronter à un de ses anciens patients, un alpha particulièrement dangereux obsédé par les jeux du hasard et leurs conséquences, s'amusant à engendrer des catastrophes avec un simple pièce de monnaie. Au contraire de son ancien patient, le docteur montre une certaine sagesse scientifique à refuser ce jeu en s'acharnant à ne pas croire en la fatalité.
Evidemment, ce talent particulier rend les agissements de cet Alpha plutôt spectaculaire et permet au réalisateur de nous en mettre plein la vue. David Strathairn est bien plus convaincant, apportant une certaine intensité dans ses confrontations avec Will McCormack qui apporte une dimension supplémentaire à Alphas, même si le débat philosophique sur la nature du monde est trop simpliste pour vraiment intéresser. L'irruption des personnages de Cley et Singh laisse transparaître l'idée que des commanditaires situés dans l'ombre manipulent Rosen et ont d'autres objectifs bien plus discutables.
Une plongée dans le passé un peu prématurée, mais qui permet de donner une vrai épaisseur au personnage de Lee et à son rapport avec les Alphas. Ni chasseur, ni scientifique fou, il est avant tout un être humain complexe avec ses défaillances et ses convictions. L'adhésion des Alphas à son unité est fondée sur la confiance réciproque, le docteur s'interdisant de lier leur présence à autre chose que d'adhésion volontaire à son projet. Utopiste, sa remise en cause par Marcus donne tout son charme à un épisode qui va s'avérer moins enthousiasmant que prévu, la faute à un groupe de héros laissé un peu trop de côté.
Une mission un peu trop impossible
Imaginer un Alpha qui possède le pouvoir de prédire l'évolution de son environnement et d'influer dessus si nécessaire est une bonne idée. Seulement, une fois posé ce principe de base, la série semble incapable d'inclure son quintet vedette, aucun ne se retrouvant jamais confronté directement à cette menace. La passivité des quatre héros montre rapidement les lacunes d'une écriture qui ne parvient pas à créer de synergie entre mission et mythologie. Voir la série ne se focaliser que sur une seule intrigue et aligner les dialogues sans importance prouve surtout que les auteurs ne maîtrisent pas encore leur sujet.
Au delà d'un goût certain pour le spectaculaire, Alpha ne nous propose qu'une maigre storyline ce qui s'avère particulièrement pauvre pour pouvoir lutter contre la concurrence. Une séparation du groupe serait plus que nécessaire pour créer une vraie dynamique dans une série pour l'instant au point mort. La fin, pas très inspirée, est la preuve que si Alphas peut s'avérer agréable, elle est encore bien loin de pouvoir surprendre, n'osant pas sortir du cadre du divertissement un peu trop formaté.
Une série ordinaire avec des personnages exceptionnelles
Après deux épisodes, Alphas peine à emballer vraiment, la faute à des scénaristes clairement trop frileux qui semblent hésiter à proposer plus d'une seule storyline, quitte à se retrouver avec de gros problèmes de rythme à l'image. Ce comportement est vraiment regrettable au vu du potentiel d'une mythologie naissante plutôt intéressante, lançant plusieurs pistes autant du personnage de Rosen plutôt inspirés. Dommage que ce développement se fasse au détriment du quintet de héros qui ne sert réellement pas à grand chose, en particulier Nina et Bill.
Si la qualité esthétique est au rendez-vous et le casting plutôt agréable, Alphas inquiète par le manque d'enthousiasme de scénaristes qui semblent incapable de donner une vraie cohésion à leur show. Sans vraiment ennuyer, la série semble déjà assez routinière, et le danger pointe car le manque de créativité entraine toujours le début de la lassitude. Espérons que les épisodes sauront remuer un peu cet univers plutôt intriguant et nous proposer un récit plus dynamique et surtout moins frileux.
J'aime :
- une mythologie intrigante
- le docteur Rosen bien mis en avant
- une réalisation très propre
Je n'aime pas :
- les membres de l'équipe peu mis en avant
- un scénario assez mou, sans réel enthousiasme
- un discours philosophique sur le déterminisme un rien pompeux
- manque cruel d'originalité pour l'instant
Note : 12 / 20
Si l'aspect mythologique de l'épisode est particulièrement satisfaisant, seul le docteur Rosen est vraiment mis à contribution, laissant notre quintet de héros un peu trop sur la touche. Espérons que les scénaristes parviendront à montrer la même ambition avec chacun de leurs héros, car l'univers de Alphas gagnerait à prendre des risques, qu'importe les conséquences. Sympathique, sans plus.