Pitch colère incontrôlable
Suite à une altercation entre un policier et une jeune femme dans une rame de métro, tous les passagers ont été brutalement pris d'une rage folle, créant une bagarre générale à l'issu dramatique. Le docteur Rosen suppose que la jeune femme est un alpha qui possède la capacité de créer un état de rage incontrôlé au augmentant la quantité de sérotonine dans le cerveau.
La fureur comme une arme
Alphas revient dans une forme standard avec une mission qui évoque les séries fantastiques des années quatre-vingt dix, nous plongeant dans une investigation où l'équipe du Docteur Rosen va se montrer plus ou moins actives. Si certains comme Nina hérite d'une participation assez maigre, Cameron et Bill vont être particulièrement mis à contribution, donnant l'occasion à Malik Yoba de se montrer bien plus convaincant que dans le pilote. Au contraire des épisodes précédents, la série parvient à intégrer une mythologie centrée autour de Binghampton au sein de la mission grâce à la présence de Don Wilson qui vient mettre la pression sur l'équipe.
Le rythme est lent mais plutôt bien maîtrisé, donnant un aspect assez crédible à cette histoire, la série essayant visiblement de mettre au mieux à profit les pouvoirs de son quintet de héros. Sans sortir du cadre du pilote, Alphas fait preuve d'une ambition limitée, mais parvient à tirer le meilleur de cette histoire en optant pour une vraie mise en évidence du caractère nuisible de la cible. Même si l'argument de la manipulation mentale ou chimique commence à être redondant, cet épisode propose un divertissement agréable, mais aussi assez creux.
Un épisode convenable qui inscrit Alphas dans la continuité de série fantastique comme la première saison de Fringe. La mission du jour est assez divertissante, mais certains éléments du récit persistent à ne pas fonctionner, entrainant quelques lourdeurs agaçantes.
La frustration comme origine du mal
Après avoir été laissé de côté l'épisode précédent, les héros de Alphas repassent sur le devant de la scène sans pour autant réussir à convaincre réellement. Si les scénaristes parviennent à plutôt bien les intégrer au sein du récit, ils font preuve d'une étonnante maladresse dès que la conversation prend un ton plus personnel. L'amitié entre Rachel et Nina est trop parachutée pour fonctionner réellement, et le scénario multiplie les maladresses avec quelques passages réussis comme par exemple la construction de l'amitié entre Gary et Cameron.
Incapable de lier les personnages entre eux, les auteurs ne parviennent pas à justifier l'existence de ce groupe, les motivations de certains membres étant particulièrement peu claires. Il est du coup regrettable que la mission du jour ne mette aucun personnage vraiment en valeur, donnant l'impression d'une galerie de héros transparents, sans vraie profondeur. Chacun des membres de l'équipe parlent de leur existence hors de la mission sans que jamais le scénario ne fasse le choix de s'y égarer, s'interdisant à donner du sens à leur action.
Cette scène où les personnages du show laissent éclater leur colère cède trop vite à la tentation de la bagarre générale, là où la frustration aurait pu permettre d'exprimer les frustrations de chacun d'entre eux. Ce déluge de maquillage et de violence gratuite ne servira finalement pas à grand chose, hormis justifier la présence de l'excellent Callum Rennie.
Une série en plein chantier
Série assez basique sur le principe, Alphas appartient à une autre époque et ne parvient pas à aller au-delà de son idée de départ. Le manque de développement des personnages et l'utilisation d'effets de mise en scène assez pataud vient gâcher une mythologie certes intéressante, mais laissant l'impression d'un show qui peine à trouver une vraie dynamique. Les auteurs n'ont finalement pas construit grand chose en trois épisodes, et semble en route pour répéter encore et encore le même schéma.
Pas assez préparé en amont, Alphas donne l'impression d'un chantier permanent, en particulier les bureaux des cinq héros, décor en grande partie vide où ne s'expriment aucune de leur individualité, comme une page blanche que les créateurs auraient oublié de remplir. La frustration devient alors l'adjectif qui va le mieux à cette série, ce sentiment qui s'exprime avec la colère de scénaristes découvrant les faiblesses d'un show beaucoup trop fragile. Série sympathique au demeurant, Alphas aurait besoin de temps pour prendre ces marques, mais risque bien de ne pas vraiment en disposer.
Rien n'est perdu pour Alphas malgré le début d'une crise créative inquiétante, la faute à des personnages trop creux, sans réelle motivation, et un univers qui manque cruellement de contenu, limitant du coup la mission à une simple chasse à l'homme. Loin de convaincre, Alphas inquiète et semble partir pour glisser sur la mauvaise pente, en espérant que le prochain épisode se montre plus généreux en contenu.
J'aime :
- une construction bien pensée
- un concept de départ assez sympathique qui sent bon les années 90
- une vraie mise en danger de ses personnages
Je n'aime pas:
- des personnages sans consistance
- des décors particulièrement vides
- la motivation des Alphas restent un mystère agaçant
- quelques tics de réalisation particulièrement agaçants (comme ce clignotement au début de l'épisode)
Note : 11 / 20
Un épisode agréable car Alphas possède ce charme désuet des séries fantastiques des années 90, mais sans les personnages charismatiques indispensables à ce type de série. Trop artificielle dans la forme, incapable de clarifier la motivation réelle de ses personnages, la série joue la carte du spectaculaire au détriment de la moindre profondeur. Gentillet, mais assez vain.