Critique : Eureka 5.01

Le 18 avril 2012 à 21:00  |  ~ 8 minutes de lecture
Un season premiere dynamique et réjouissant qui multiplie les références et propose un saut temporel pour le moins surprenant.
Par sephja

Critique : Eureka 5.01

~ 8 minutes de lecture
Un season premiere dynamique et réjouissant qui multiplie les références et propose un saut temporel pour le moins surprenant.
Par sephja

Mission Titan ... ou presque 

L'équipage de l'Astraeus est réveillé en catastrophe par le docteur Blake, le vaisseau s'apprêtant à se cracher sur une planète étrangère. L'équipage découvre que leur voyage par-delà la vitesse de la lumière les a ramené sur Terre, quatre ans après le départ du vaisseau. Les passagers reviennent dans une Eureka bien différente où l'intelligence Artificielle a pris le pouvoir à Global Dynamic, créant un monde sécurisé vivant dans la peur des multiples versions du chef de la sécurité Andy.

 

Résumé de la critique 

Un épisode réjouissant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un épisode qui multiplie les références 
  •  une ambition surprenante 
  •  une conclusion qui laisse quelques inquiétudes pour la saison 
  •  une dernière saison sous le signe de la liberté 

 

 

Si tu aimes la science-fiction, tu aimes Eureka 

Cinquième et dernière saison pour le shérif Carter à l'intérieur de la ville la plus dangereuse des Etats-Unis et sa faune terrifiante de scientifiques maladroits, parfois inquiétants, mais toujours attachants. Pour marquer l'évènement, les scénaristes suivent l'équipage de l'Astraeus à la fin de leur voyage, s'installant dans la continuité du cliffhanger de la saison quatre avec la disparition d'Allison. Pas de réalité alternative cette fois-ci, mais le classique saut temporel qui évoque le début de la saison trois d'Alias, laissant aux auteurs l'occasion de redistribuer totalement les cartes.

Ce saut dans le temps va permettre à l'équipe créative d'oser plusieurs transgressions, les auteurs cassant l'image lisse et idéale d'Eureka en composant un univers Orwellien assez angoissant. L'IA a pris le pouvoir sur Global Dynamics, réduisant les êtres humains à l'obéissance par le biais de drones agressifs et d'une armée d'Andy, construisant la base d'un régime oppressif reposant sur la maîtrise des risques et la maîtrise des passions humaines. Les références cinématographiques pleuvent, souvent mêlées à cette touche d'humour qui fait le charme de la série, pendant que se construit devant nous un univers assez cohérent et, somme toute, plutôt séduisant.

Point fort de cet épisode, ce nouvel Eureka est comme une page blanche que les auteurs s'amusent à remplir, profitant de cet espace de liberté pour laisser libre court à une imagination toujours aussi débordante. Avec cet univers où les machines se placent en juge de l'efficacité humaine, Eureka affiche l'influence très marquée d'une culture geek dont la série fut l'un des premiers représentants, montrant une volonté durant cette ultime saison de jouer avec les codes pour bouleverser la routine d'un show un peu trop prévisible.

 

Le choix du bouleversement sans rupture

Certes, si le saut de quatre ans a crée de nombreux bouleversements, l'équipe créative a la bonne idée de maintenir des points fixes au sein du récit, comme le duo Carter – Lupo de retour dans leurs costumes de Shérif et Shérif adjoint. Pas de nouveaux personnages, les auteurs choisissant de s'appuyer sur des interactions classiques comme le trio Will Wheaton – Neil Grayston – Felicia Day qui se chargent de la partie comique avec un réel succès. Plutôt que de tout chambouler, les auteurs font preuve de finesse, le changement se limitant à une modification discrète dans l'état d'esprit de certains personnages.

Hors de question pour moi de spolier la nature de ces bouleversements, juste de souligner la qualité du jeu des comédiens qui donne à ce bond dans le temps toute sa crédibilité, en particulier l'association Colin Ferguson - Erica Cerra. Sans renier sa nature première de divertissement, Eureka mise avec intelligence sur les comédiens pour faire exister ce nouveau monde qui prend pour Allison des allures de cauchemar. Pour le souligner, la mise en scène repose beaucoup sur la différence entre les réactions des membres de l'équipage de l'Astraeus et le comportement tout en retenu et excessivement sage des habitants de ce nouveau monde.

L'esprit de troupe, qui a toujours été un point fort de la série, est toujours bien présent, laissant entrevoir la volonté des scénaristes de miser sur des personnages bien établis. Seulement, le final laisse un goût légèrement amer, choisissant à la différence d'un Total Recall de ne pas conserver la touche de mystère concernant le flash étrange de Zane. Un choix narratif qui laisse indécis, tant l'exploitation d'une mythologie à long terme n'a jamais été le point fort d'une équipe créative qui gagne à profiter de sa liberté.

 

 

Prospective sur la saison : entre espoir et inquiétude 

Si l'univers paranoïaque de cet épisode est une vraie réussite, sa déconstruction brutale laisse quelques regrets, les scénaristes ratant l'occasion d'étudier et d'explorer la face obscure d'un univers guidé par une vision productiviste de l'esprit scientifique. Au-delà du divertissement réjouissant, la série se limite à un cadre restreint, s'efforçant de limiter l'aspect feuilletonnant de l'intrigue à un concept simple et maîtrisé. Une révélation finale qui laisse quelques doutes concernant la crédibilité des futures intrigues tout en offrant un véritable espace de liberté aux auteurs.

La conclusion est à l'image de la série, à la fois tragique et réjouissante, tout en laissant quelques doutes concernant la capacité de l'équipe créative à remplir les treize épisodes à venir. Il ouvre un porte vers la possibilité de s'affranchir un peu de la crédibilité scientifique et du passé des personnages, tout en laissant l'espoir d'un retour possible de plusieurs personnages disparus le temps d'un ultime adieu. Le titre de l'épisode prend alors tout son sens, la saison proposant un univers alternatif à la manière de la dernière saison de Lost, sans s'encombrer d'une mythologie collective et un rien délirante dont Lindelof et Cuse n'ont jamais su s'emparer pour offrir une conclusion à la hauteur des attentes du public.

Avec intelligence pour l'instant, les créateurs d'Eureka mettent fin aux rêves de voyage dans l'espace pour revenir à la base de la série, à savoir une ville étrange, un shérif déboussolé et des catastrophes d'ampleur bibliques. Seul reproche, la scène finale avec Henry et Grace est beaucoup trop longue et inutilement bavarde, la faute à une gestion du rythme plutôt discutable. Un final qui se donne une dimension épique, mais joue trop la carte de la facilité en cherchant à limiter le plus possible les conséquences de ce season premiere sur les épisodes à venir.

 

La soif de liberté 

Le personnage le plus marquant de l'épisode reste sans conteste Andy, ou du moins sa version 2.0, offrant l'occasion à Kavan Smith de faire preuve de tout son talent. Une performance remarquable qui donne toute sa force à cet épisode, le comédien installant par sa seule présence une atmosphère de paranoïa plutôt efficace. Toujours frondeur dans l'état d'esprit et cherchant encore à surprendre, les créateurs d'Eureka nous offrent une intrigue vraiment réjouissante, posant les bases d'une mythologie intrigante par la liberté qu'elle procure aux  auteurs pour les épisodes à venir.

En conclusion, un season premiere très satisfaisant qui prouve la capacité du show à surprendre encore, même après quatre saisons, s'offrant par le biais d'un bond temporel l'occasion d'explorer une vision sombre et désabusé d'une science où s'appliquerait le risque zéro. Un hymne à la liberté simpliste dans sa conclusion, mais qui correspond bien avec l'état d'esprit d'une série qui s'amuse à multiplier les références et les clins d'oeil amusants. Espérons que la suite poursuivra dans la même direction, offrant l'occasion au Shérif Carter d'une dernière année de service dans la seule ville où la fin du monde est une histoire de routine.

 

J'aime : 

  •  un univers claustrophobe très réussi 
  •  les comédiens très convaincants
  •  les références multiples et amusantes 
  •  les deux premiers tiers très réussis 

 

Je n'aime pas : 

  •  le dernier tiers qui fait dans la facilité 

 

Note : 14 / 20 

Retour gagnant pour Eureka qui entame sa dernière saison par un saut dans le temps qui nous introduit à un univers paranoïaque et inquiétant, rendu très crédible par la performance impeccable des comédiens. Affichant sa soif de liberté, l'équipe créative  prouve qu'elle est encore capable de surprendre, malgré un dernier tiers plus prévisible et moins ambitieux qu'espéré.

Merci à Aureylien de me laisser la primauté pour couvrir l'ultime saison d'Eureka. A la semaine prochaine.

L'auteur

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