Pitch médiation
Fille unique du grand avocat Ted Reed, Kate est une ancienne avocate devenue médiatrice, convaincue qu'un accord commun peut toujours résoudre les conflits. Suite au décès de son père, elle se retrouve obligée de supporter sa belle-mère Lauren devenue associée principale du cabinet, aidée en cela par son fidèle assistant Léonardo.
La philosophie du gagnant - gagnant
Kate Reed (Sarah Shahi, en pleine forme) est une médiatrice, ce qui signifie que son seul but dans une affaire est que tout le monde y trouve son compte. D'un optimisme forcené, elle fait fi de l'organisation rigide de la loi, incarnant une vision plus féminine de la gestion de conflit. Aidée par son assistant Léonardo (Baron Vaughn, excellent), elle ne ménage pas sa peine et nous embarque dans un récit hélas trop haché, coupé en trois parties distinctes qui ne s'assembleront jamais.
C'est sur ce point que le pilote rate la mise car, à trop vouloir marquer sa différence, le récit oublie de prendre le temps de développer chaque personnage et de nous montrer en quoi Kate crée la différence.
En effet, concernant l'intrigue du mariage raté, je n'ai nul doute que le tribunal aurait abouti aux mêmes conclusions, mais sans permettre aux plaignants d'avoir ce temps nécessaire à l'introspection. Jamais mis en avant, la réelle compétence de Kate demeure assez floue, les auteurs préférant faire du jeune couple un intervalle comique sans réel enjeu et un rien ennuyeux.
Deux femmes face à un deuil
L'un des aspects le plus intéressants consiste dans le défi permanent entre Kate et sa belle-mère Lauren (Vanessa Williams impeccable) transformant chaque scène en une guerre permanente. Isolées dans leur souffrance, elles sont à la fois incapable de communiquer et forcées de s'entendre pour le bien de l'agence de leur défunt père / mari. Car si Kate construit son deuil autour d'une suractivité quasi-hystérique, Lauren est la seule à affronter la dure réalité d'une succession impossible.
Nul doute que chacune parviendra à faire son deuil à sa manière, mais cette intrigue présentée comme fil rouge à toute la saison compose une partie réellement intéressante du pilote. Espérons malgré tout que ce ne soit pas toujours la même qui l'emporte.
Une direction artistique peu satisfaisante
Grâce à l'énergie du personnage principal et l'originalité du propos, on pourrait prétendre à passer un instant vraiment agréable. Seulement la réalisation n'est vraiment pas à la hauteur, en particulier des séquences caméra à l'épaule particulièrement ratées. Certaines scènes semblent avoir été retournées à posteriori tant la direction artistique ne semble pas savoir sur quel pied danser, incapable de trouver un véritable équilibre à la série.
Le récit s'encombre fréquemment de détails inutiles (l'interrogatoire du cousin de la victime, les fréquentes altercations entre Kate et son voisin dans son bâteau) qui l'alourdissent, lançant des pistes de manière beaucoup trop prémédités. Les auteurs donnent l'impression de marcher un peu à l'aveuglette ce qui, pour un pilote, est particulièrement désagréable.
Un scénario trop à l'image de son héroïne
Loin d'imposer un style et une identité forte, Fairly Légal propose un scénario très anecdotique, entre l'étude de moeurs et la série judiciaire classique. Ce mélange des genres, mal équilibré et plutôt désordonné, crée un sentiment de malaise devant des personnages que l'on aimerait vraiment apprécier. Très loin de l'efficacité des autres procedural, la série a pour elle une fougue et une énergie débordante, gâchée par une volonté permanente de trop en faire.
Bref, difficile de décider encore de l'avenir de la série, car elle a le potentiel pour devenir vraiment sympathique, du moment que les créateurs décident enfin de l'orientation à donner à leur show.
J'aime :
- Léonardo, qui permet une bonne articulation entre les histoires
- l'énergie des comédiens
- l'originalité du propos
Je n'aime pas :
- la direction artistique
- le récit mal équilibré
- le scénario trop anecdotique, sans réel ligne directrice
- les sonneries de portable envahissantes (cela n'engage que moi)
Note: 12 / 20