Pitch barbecue
Kate est chargée d'assurer la médiation entre un vendeur de sauce barbecue et Bo, un présentateur télévisé d'émission culinaire qui prête son image à la marque. L'arrivée du père de la productrice, venu réclamer sa part en revendiquant la paternité de la sauce, va faire voler en éclat toute la supercherie du show télévisée. Pendant ce temps, Lauren Reed se bat pour conserver un des clients de son défunt mari.
Une histoire de famille
Rappelons le principe de la série, qui va jouer un grand rôle dans cet épisode : Kate est une négociatrice, son but est de résoudre les conflits sans arme ni violence, en apportant une touche féminine à un monde judiciaire incapable de prendre en compte l'élément humain. Il est alors assez intéressant de mettre Kate face à un cas où son approche souriante et conciliante va s'avérer pour le moins inefficace face à la colère d'un père enclin à s'imposer par la violence.
Mise en difficulté, Kate ne va devoir compter que sur elle-même, permettant à Sarah Shahi de faire montre de plus de subtilité qu'à l'accoutumée. Porté par le duo Eddie McClintock (un acteur que j'apprécie beaucoup) et Camille Sullivan (très juste dans la scène finale), la narration va se montrer efficace, évitant les bavardages inutiles pour maintenir une certaine tension au sein de l'histoire.
Léo va être placé à l'écart pour une fois, laissant à Spencer un rôle de pivot qu'il ne parviendra pas à tenir, les auteurs ne parvenant pas à relier les différentes intrigues entre elles. Lauren continue seule à se battre pour conserver à flot l'empire de son mari, montrant l'ampleur de sa détermination en acceptant l'affrontement avec un client particulièrement détestable. Avec cette petite touche de dignité qui donne tout son charme à son personnage, Virginia Williams gagne lentement la sympathie par sa volonté farouche à s'imposer malgré tout dans un monde trop féroce pour elle.
Assez charmant, l'épisode a du rythme, et génère une certaine bonne humeur grâce à la réalisation plutôt élégante d'Anton Crooper (bien connu des fans de Monk). Seulement, l'ensemble manque cruellement de cohérence, la série s'égarant dans une histoire avec Justin qui, hélas, ne connaîtra aucun prolongement.
Petite anecdote, la scène permet la rencontre entre Trucco et Morales, ce qui amusera les fans de BSG et Caprica.
La malédiction des séries procédurales
Série somme toute sympathique, Fairly Legal témoigne surtout d'une époque où les séries procédurales sont en train de gagner la bataille contre les récits feuilletonnants. (Marrant d'ailleurs de voir les séries anglaises prendre la direction inverse, mais je m'égare) Il est temps de choisir son camp et Fairly Legal semble perpétuellement en train d'hésiter en la matière, lançant fréquemment des pistes qui ne connaîtront jamais le moindre développement.
Il est dommage que la série oublie de jouer sur les deux tableaux en ne proposant aucune intrigue fil rouge, délaissant le personnage de Lauren qui possède le potentiel pour remplir cette tâche. L'enfermement de cette série dans une succession d'épisode standalone oblige les auteurs à répéter un schéma qui risque rapidement de lasser.
Lauren Reed, lutter pour survivre
Personnage plutôt complexe, Lauren Reed est présenté à la base comme l'anti-Kate, une femme BCBG, épouse trop jeune d'un riche avocat, héritière psychorigide d'un empire trop grand pour elle. Mais loin de jouer la carte de l'affreuse belle-mère, les auteurs proposent en fait le portrait réussi d'une femme totalement déboussolée, contrainte de nager contre le courant pour survivre.
Très attachée à la mémoire de son mari, elle se bat pour que le cabinet survive, Teddy Reed ayant été finalement plus un mentor pour elle qu'un mari. Le personnage est interprété par une Virginia Williams plutôt juste, mais qui abuse un peu trop des tics d'expressions pour signifier combien cette femme est prisonnière des apparences. Lauren est bien plus que cela, c'est surtout une guerrière acharnée, sacrifiant tout pour se prouver à elle-même et au monde entier sa véritable valeur.
Une fois soûle, elle fait montre de toute l'ampleur de sa fierté, refusant de laisser des hommes de l'ancienne génération lui marcher sur les pieds. Une vraie icône féministe.
Des femmes qui prennent leur univers en main
Point le plus intéressant de cet épisode, il s'agit d'une belle description de la façon dont les femmes affrontent les conflits. Là où Kate privilégie le dialogue dépassionné, Elisabeth va apporter une touche de force surprenante, et même une violence étonnante lors de la scène de la confrontation avec son père. Refusant l'impuissance, elle impose son opinion, mêlant avec sincérité travail et vie privée, sans craindre le mélange des genres.
Dommage que l'ensemble se limite à un simple standalone, les auteurs semblant incapable de faire preuve d'ambition sur le long terme. Reste en définitive un joli épisode, un casting plutôt impressionnant pour une série qui assure le strict minimum en fournissant un divertissement assez convenable.
J'aime :
- la storyline de Kate plutôt réussie
- la direction artistique impeccable
- une ambiance légère et sympathique
Je n'aime pas :
- un manque d'ambition flagrant
- la storyline de Justin qui ne vaut que pour la rencontre de Michael Trucco et Esai Morales
- assez prévisible
Note : 12 / 20
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