Ça pète de partout !
Après un épisode en 2036, la série nous revient dans le cadre plus coutumier de cette quatrième saison, à savoir la destruction des deux univers en 2012 avec David Robert Jones. Je ne reviendrai pas sur la légitimité de l'épisode précédent mais après le visionnage de cet épisode 20 on peut vraiment se poser des questions. Quoiqu'il en soit nous retrouvons ici l'histoire où nous l'avions laissée avec un Jones absent physiquement mais très entreprenant par ses actions.
En effet, le but de Jones étant connu, il reste deux inconnues dans cette histoire : comment et pourquoi la destruction de deux univers est prévue. Si la deuxième question n'a toujours pas de réponse, la première est au cœur de ces quarante minutes qui incorporent habilement les enfants traités au cortexiphan. Un peu partout dans le monde des gens provoquent des séismes pour affaiblir les deux mondes et ainsi les anéantir. Le principe se révèle simple et efficace, on évite des explications scientifiques abracadabrantesques.
En revanche je me suis demandé comment Jones pouvait savoir autant de choses à la fois sur les dimensions, sur les enfants ayant reçu du cortexiphan et sur toutes les expériences auxquelles il a pu participer. Je veux bien admettre qu'avoir une alliée comme la Nina rouge est excellent pour récupérer de nombreuses informations mais il paraît en savoir beaucoup trop. Et surtout quel est son but ? Car s'il n'y a plus de mondes, où ira ce bon vieux Jones ? Cela permet de réaliser que si du jour au lendemain la Terre n'existait plus, cela n'aurait pas vraiment d'impact au final, personne ne s'en rendrait compte...
Ce que l'on peut vraiment reprocher à cet épisode c'est que le plan de Jones est vraiment simple, ce qui donne un méchant sans saveur. En gros c'est juste un bad guy qui veut faire le mal, on repassera pour avoir une pointe de charisme et d'originalité chez le personnage. A moins que ce ne soit pas lui qui tire réellement les ficelles, cela ne m'étonnerait pas que les observateurs soient mêlés à tout ce bazar et cela expliquerait pourquoi Jones en connaît autant sur les univers parallèles et le cortexiphan. Mais pour le moment Jones est la faiblesse de cette histoire, il ne passionne pas vraiment et n'incarne pas le grand méchant que l'on pouvait espérer.
C'est pas ici le casting d'Assassin's Creed ?
On ne rigole plus !
Cet épisode se distingue particulièrement par quelques scènes très fortes en émotion et en gravité. La première est le dialogue entre Olivia et Nick où ce dernier parle de son enfance et de la chance d'Olivia d'avoir été assez forte pour être ce qu'elle est. L'acteur interprétant Nick joue très bien, on ressent la détresse et la tristesse de l'homme qui n'a pas d'autres buts dans la vie que de suivre les volontés de Jones. De temps en temps la série appuie sur le passé peu reluisant de Walter pour essayer de nuancer le personnage. Si le Walter que l'on connaît depuis le premier épisode est un amour à nos yeux, il ne faut pas oublier qu'il a été un scientifique entêté et sans limites, perpétrant des actions horribles sur des enfants. C'est vraiment une bonne chose de faire ces piqûres de rappel.
Seconde scène très pesante et qui lance la phase finale de l'épisode : la réunion des deux équipes Fringe pour décider de la suite des événements. Les visages sont très fermés, chaque acteur joue avec sérieux son rôle. La décision est dure à prendre, on sent que personne n'a envie de trancher. Même les hauts placés à Washington laissent la patate chaude à Broyles qui lui aussi reste spectateur des événements. On aurait pu s'attendre à un renversement de situation, une idée de génie d'un des deux Walter. Que nenni, l'inéluctable va se produire ! C'est assez amusant le contraste entre cette saison et la troisième : ici on est dans l'entraide alors que l'année dernière on essayait d'anéantir l'autre par tous les moyens !
Enfin dernière scène marquante et qui pour moi est la meilleure de cet épisode : la confrontation des deux Walter. Comme à son habitude John Noble est hors norme mais il faut aussi souligner la qualité du dialogue entre les deux savants. Finalement Walternatif pardonne à son double et est fier de ce qu'est devenu Peter. D'un côté le Walter rouge émeut par sa reconnaissance de la réussite de son fils, de l'autre on a un Walter bleu qui craint de perdre son fils tout fraîchement retrouvé et des conséquences de la séparation des deux mondes. Cette scène était vraiment intense et touchante, Walter a toujours été un personnage vulnérable mais là on a le droit à la double dose. Une totale réussite !
Deux John Noble = deux fois plus d'émotions !
Une dimension se tourne...
Jusqu'au bout on a envie de croire qu'il y a une autre solution au plan machiavélique de Jones. Jusqu'au bout on se dit qu'il est impossible de dire adieu à l'univers rouge, celui-ci ayant tellement donné une dimension (notez le jeu de mot) toute autre au show. Car il faut se souvenir qu'avant l'introduction de cet univers parallèle, la série était assez moyenne. L'alternance entre ces deux mondes était vraiment une force, cela donnait du rythme et une réelle plus-value. Le fait de retourner à un seul monde est à la fois déroutant et inquiétant.
Et pourtant l'heure des au revoirs est venue : que de tension et d'appréhension lors du décompte final avec une musique digne d'une fin du monde. Les personnages se faisant face donnent un aspect encore plus tragique et majestueux à la chose. J'ai du mal à croire que ce sont des adieux entre les deux mondes, la série a vraiment tout à perdre que d'éjecter ce pan de la mythologie fringienne. Je reste persuadé qu'ils vont trouver un moyen de se retrouver et de reprendre contact, ne serait ce que pour revoir notre petit Lee (car mine de rien là on a dit adieu à l'acteur pour le moment). En tout cas sa décision était prévisible et cohérente avec ses sentiments exprimés depuis quelques épisodes. On pourrait qualifier ce choix d'échange équivalent avec Peter.
Maintenant qu'il n'y a plus qu'un monde, quelle va être l'orientation de la série ? Le plan de Jones est à l'eau, il ne peut plus détruire la Terre comme il le souhaitait. Va t'on retourner (malheureusement) sur du Fringe assez classique avec des enquêtes originales mais sans fil rouge ? Ou plus vraisemblablement va t'on rapidement traiter du cas Jones et repartir sur autre chose : les observateurs, par exemple, avec comme avant goût l'épisode 19 ?
En tout cas les cartes sont redistribuées et une fois de plus il est très difficile d'anticiper l'avenir du show. Cet épisode marque tout de même un gros événement dans l'histoire de Fringe et je crains vraiment les conséquences d'un tel choix. On ne peut que louer la prise de risque des scénaristes et prier pour qu'ils sachent où ils vont. Avec du recul on a l'impression que l'histoire commence petit à petit à se terminer, la fin de cette série étant dans 15 épisodes ! On pourrait même dire que les scénaristes ont choisi la voie de la facilité en éjectant toute cette partie de la mythologie qui aurait pu être gênante pour la suite des événements.
Un vide qui va être compliqué à combler...
Pour conclure, Worlds Apart signe un tournant décisif pour la série avant son double épisode de fin de saison. Durant 40 minutes, la pression et la lourdeur du choix à prendre sont parfaitement retranscrites (vous remarquerez qu'il n'y aucun aspect comique avec Walter, chose extrêmement rare) et nul doute que l'histoire va prendre un tout nouveau visage. A confirmer avec le double épisode final !
J'ai aimé :
- tout l'épisode
- un tournant à la fois inattendu mais cohérent
- cette émotion palpable durant les 15 dernières minutes
- John Noble, énormissime une fois de plus
Je n'ai pas aimé :
- devoir dire adieu au monde rouge (et surtout à la magnifique Fauxlivia)
- le plan de Jones trop basique
Note : 16/20