Un monde dominé par des… chauves ?!
Dès l’introduction le spectateur est subjugué devant son écran : un texte à la Star Wars décrivant le contexte mondial de 2036. Je ne vais pas revenir point par point sur les différentes informations, ce qu'il faut retenir c'est qu'en 2015 les observateurs sont devenus les dictateurs. Qu'a t'il bien pu se passer en 2015 pour en arriver à un tel stade ? Surement un événement majeur et j'ai cette sensation que ça pourrait être la mort d'Olivia.
Toujours est il qu'en 2036 la Terre existe toujours mais a beaucoup changé. En premier lieu c'est l'aspect visuel qui surprend : très peu de couleur, des paysages très fades comme si la tristesse avait envahi à la fois les gens et les immeubles. J'ai eu l'impression de me retrouver dans un univers cyberpunk où les motards étaient remplacés par des chauves en costard.
Ces fameux chauves sont partout et semblent être les privilégiés de ce nouveau monde. Il paraît évident que de connaître le futur est une arme sans égal pour obtenir le pouvoir, ce qui intrigue c'est pourquoi ces observateurs, qui de base sont pacifiques et ne font que regarder, se sont mêlés au monde de 2015 ?
En tout cas ce monde futuriste est fascinant, tout est formaté (alors que c'est déjà pas mal le cas de nos jours) dans l'excès et on retrouve des similitudes assez troublantes avec des éléments de la seconde guerre mondiale (les agents SS, les collabos ou encore la résistance). On remarque également qu'il y a très peu de filles, voir pas du tout si ce n'est Henrietta.
Ce monde est d'une richesse incroyable et on se demande par quel processus il a pu arriver à cet état là et surtout pour quelles raisons. Les observateurs paraissent encore moins sympathiques que d'habitude, abusant de leur pouvoir pour leurs plaisirs personnels et ayant main basse sur la police et la justice.
Ils sont devenus un peu BCBG les observateurs non ?
Des têtes connues et d'autres nettement moins
Qui dit monde futur dit nouveaux personnages. Et il faut bien avouer que le spectateur est gâté de ce côté-là, la série présentant deux protagonistes intéressants. La première est la très belle Henrietta qui ressemble beaucoup à Olivia, si bien physiquement que par ses attitudes. On comprend très rapidement qu'elle a un lien avec cette dernière mais j'avoue avoir eu du mal à l'accepter, principalement par le fait que c'est un fils du nom d'Henry que doit avoir Peter et Olvia. Rien n'empêche quelle soit la sœur de celui-ci bien que leur ressemblance de prénoms serait assez étonnante.
Le personnage est vraiment bon, joué par une Georgiana Haig convaincante. Elle s'associe à merveille avec notre bon vieux Walter porté par un John Noble qui impressionne à chaque épisode. La scène de fin entre Peter et Henrietta est très réussie, c'est la seule apparition de Peter mais elle sonne terriblement juste, on ressent la libération de la jeune fille de rencontrer enfin son père. On a qu'une envie, connaître les intentions de l'ancienne division Fringe !
Henrietta n'est pas le seul nouveau protagoniste important de cet épisode. Elle fait équipe avec un dénommé Simon incarné par Henry Ian Cusick (Desmond dans Lost). Lui aussi interprète son rôle avec justesse, on ressent à la fois sa passion et son envie de se révolter contre le système mis en place. La scène où il voit Walter prisonnier de l'ambre est géniale, on dirait un gosse à qui on apporte un esquimau. Je pense malheureusement qu'il n'était qu'un pion de l'échiquier pour relancer l'équipe Fringe et qu'il restera coincé dans l'ambre jusqu'à la fin. Enfin faut il déjà savoir si on va nous fournir la suite de cette histoire...
On retrouve également des personnages connus comme Broyles et Nina. Le maquillage est réussi pour le premier, il donne vraiment l’impression d’avoir eu un coup de vieux. On ne sait pas grand chose de sa situation, excepté qu’il collabore avec les observateurs et qu’il reste le chef de la division Fringe. Il ne serait pas étonnant qu’il ait trahi ses anciens partenaires pour être resté à sa place, connaissant les événements survenus chez le Broyles rouge.
On retrouve donc Nina qui, malgré tous les doutes qui peuvent planer sur elle, semble être à chaque fois un allié pour Walter ou Olivia. Ses retrouvailles avec Walter sont belles, on ressent instantanément l’émotion chez la vieille femme. Elle a tout de même perdu de sa superbe, elle n'est plus aussi imposante comme elle pouvait l'être en 2012, son influence sur les sphères fringiennes semble avoir nettement diminué. Elle paraît se contenter (enfin en a t'elle le choix ?) d'être spectatrice des événements passés et futurs.
Reste enfin un dernier personnage que j'ai gardé pour la fin car c'est juste LE patron de cet épisode. Je veux bien évidemment parler de Walter qui parvient à m'émerveiller à chaque fois. Que ce soit dans la comédie, la mélancolie ou encore la tristesse, le scientifique réussit tout le temps à nous toucher, nous émouvoir, nous faire aimer encore d'avantage ce personnage loufoque. Son adaptation en 2036 est comme on peut se l'attendre : très compliquée par moments, Henrietta et Simon savant user de ruses pour contourner les difficultés. Une chose est sûre, c'est en grande partie grâce à la performance de John Noble que l'épisode voir même la série entière sont aussi bien réussis. Cet acteur mérite vraiment d'être reconnu !
Que les choses ont changé...
La légitimité d’un tel épisode
Aussi réussi soit il, cet épisode est tout de même un poil dérangeant : pourquoi les scénaristes ont-ils décidé de nous balancer ce futur ? On a passé dix huit épisodes à accepter un nouveau monde, à se demander si Peter était bien chez lui, à comprendre les motivations et buts de Jones, à switcher habilement entre les deux dimensions. Et sans crier gare on nous transporte 20 ans plus tard avec un contexte qui vraisemblablement n’a aucun lien avec tout ce que l’on nous a présenté auparavant. Et c’est vraiment dommage…
Malgré cela, l’épisode est un petit régal. Fringe est capable de nous pondre des épisodes hors norme et celui-là nous le prouve. Avec du recul je me dis qu’il aurait été plus intéressant de faire toute une saison sur ce nouveau monde que d’essayer un reboot de la série qui ne me convainc toujours pas. En fait on pourrait même créer un spin off à partir de cet épisode, les personnages principaux et l’environnement dans lequel étant très différents de la série de base.
Bon il faut que j’arrête de divaguer, la vraie question après cet épisode est « et maintenant c’est quoi la suite ? ». Va-t-on continuer dans ce nouvel univers fascinant dirigé par les chauves ou allons retourner dans le « présent » avec le fil rouge sur Jones, cet épisode étant une parenthèse pour nous montrer ce que Fringe a sous le capot ? Dans les deux cas la réponse sera décevante : si on s’attarde sur ce monde, les dix huit premiers épisodes paraitront obsolètes et le sentiment d’avoir perdu son temps avec des intrigues nettement moins passionnantes se fera de plus en plus ressentir.
Au contraire, si dès l’épisode prochain on retourne sur l’affaire Jones, on pourra alors se demander quel était l’intérêt d’un tel épisode ? Nous montrer le futur ? Nous montrer une histoire excitante à laquelle nous ne saurons rien de plus ? Préparer le final de la saison ou de la série ? Pour chacune de ces questions il est difficile de trouver une réponse satisfaisante, personnellement j’ai l’impression que les scénaristes nous ont balancé de la poudre aux yeux et que cet épisode aura peu d’incidence pour la suite des événements ! J’espère vraiment me tromper…
Et maintenant c'est quoi la suite ?
Pour conclure, Letters of Transit est un régal durant 40 minutes, la série nous transportant dans un monde tout nouveau et qui captive du début à la fin. Avec du recul on peut se poser la question de l’intérêt d’un tel épisode vers la fin de saison mais force est de reconnaitre qu'il est très réussi et qu’il constitue un des meilleurs épisodes de la série. Mais avait-il sa place à cet instant T ? Seul le futur nous le dira…
Note : cette critique a été rédigée sans connaître la suite de la saison
J’ai aimé :
- être pris à revers
- le mélange nouveaux/anciens personnages
- le monde en 2035
- les 40 minutes du début à la fin
Je n’ai pas aimé :
- me poser la question de la légitimité de cet épisode et de cette saison
Note : 15/20