Un petit tour et puis s'en va...
S'il y a bien une chose que la série nous a apprise durant ses quatre années de diffusion c'est que jamais rien n'est laissé au hasard par les scénaristes. Le petit détail qui peut nous sembler anodin, un personnage secondaire au final pas si secondaire que cela, une phrase lancée dans le vent qui prend toute sa signification plus tard, tout a son importance.
La série nous refait le coup ici avec le retour de Jessica présente dans le précédent épisode. Si on pouvait croire que la mini enquête sur les nano machines ne servait qu'à introduire le retour de Bell, il était difficile d'imaginer que ce personnage allait avoir une importance pour la suite des événements. Ce qui pose problème c'est le traitement que subit Jessica, elle n'est qu'un pion qui restera dans l'indifférence générale.
Et pourtant elle est la cause de la blessure de September que l'on connait depuis quelques temps maintenant. Outre connaître l'origine de son handicap, il est intéressant d'explorer plusieurs timelines possibles, sa blessure se répercutant tout de même dans des événements antérieurs. On appréciera également la façon de piéger l'observateur, une sorte d'entité mystique à base de runes semble efficace contre les hommes du futur. Surement un élément à ne pas oublier pour la dernière saison...
Ce qui gêne vraiment dans cette scène c'est l'absence totale d'explications sur les motivations de la rousse de Lost. Elle fait clairement office de faire valoir et Rebecca Mader ne parvient pas une seule seconde à faire exister son personnage. En fait le moment où elle sera le plus convaincante sera celui de son interrogatoire en tant que morte vivante. Personnellement je trouve que cela devient trop facile de pouvoir explorer les informations que détient une personne, qu'elle soit vivante ou non. La pratique a été banalisée et on ne ressent plus la prouesse scientifique maintenant ce qui est un peu dommage.
Il n'en demeure que l'interrogatoire est très plaisant car en grande partie assez drôle. Les réactions « robotiques » de Jessica amusent pas mal et font avancer l'histoire comme il le faut. C'était à la fois rigolo et flippant de voir les yeux de la jeune femme partir dans tous les sens, on reconnaît bien ici l'empreinte de la série.
Franchement cela ressemble plus à Terra Nova qu'à Fringe, c'est dire le niveau...
Olivia le couteau suisse
L'un des principaux reproches que l'on peut faire à ce final est qu'Olivia est la solution à de bien de nombreux problèmes. Dans l'épisode précédent nous avions déjà pu voir que ses pouvoirs évoluaient et permettaient de la faire sortir du pétrin. Rebelote ici sauf que les scénaristes en abusent beaucoup trop si bien que ça en devient lassant et surtout énervant.
Tout d'abord c'est grâce à elle que l'on se débarrasse de Jessica assez facilement. On se dit pourquoi pas, il n'y pas incohérence dans les pouvoirs présentés jusque lors. La pilule passe nettement moins quand on nous apprend qu'elle est la source d'énergie du projet loufoque de Bell. Je veux bien que grâce au cortexiphan elle a développé un nouveau type d'énergie mais de là à alimenter la fusion et la destruction de deux univers c'est vraiment du raccourci scénaristique assez aberrant. En tout cas je ne cautionne absolument pas cette idée, les pouvoirs d'Olivia devant rester au second plan, je les qualifierai de petit plus pour la série. Mais il ne faut absolument pas en faire l'élément central de ce final, c'était réellement une mauvaise idée.
Malheureusement l'importance d'Olivia ne va pas s'arrêter là. Déjà qu'il est assez difficile d'assimiler cet élément de l'histoire, très rapidement les scénaristes décident de jouer dans la surenchère en permettant à Olivia et Peter de passer d'une dimension à l'autre pour accéder au bateau de Bell. La scène est juste surréaliste et à la limite de la série B. Que de déceptions qui s'accumulent suite à ces facilités. On a l'impression d'assister à une fin de saison bâclée, comme si le retour de Bell n'était pas une bonne idée et qu'il fallait passer rapidement à autre chose. Vraiment c'est la première fois que j'ai cette impression que la série n'assume pas ses choix et sombrent dans les clichés et les explications limite improbables pour s'en sortir...
Et comme si cela ne suffisait pas, Olivia est celle qui mettra indirectement fin aux plans de Bell. J'avoue que la scène est assez surprenante, ce headshot de Walter envers la belle blonde est imprévisible mais sensé. Ce qui gâche le tout c'est la réaction de Bell : comment un scientifique de sa trempe ne peut avoir prévu ce cas de figure ? C'est limite du foutage de gueule envers le téléspectateur... Et on ne parlera pas de la fuite de Bell, à la fois ridicule et exaspérante. Une seule phrase vient lors du son de la cloche : « Tout ça pour ça ».
Car il faut être honnête, tout le plan du camarade scientifique de Walter laisse à désirer, surtout au niveau de ses motivations. On aurait pu croire qu'il faisait tout cela pour contrer les observateurs. Que nenni ! Il fait ça pour lui même, pour se prendre pour Dieu et ainsi créer le nouveau monde. Les scénaristes ne se sont vraiment pas creusés la tête sur ce coup là et je dois avouer que de tels propos ne collent pas avec le personnage de Bell pour ma part. En effet, j'ai toujours considéré Bell comme l'homme posé et réfléchi du binôme, à l'opposé de Walter qui ne semble pas connaître de limites. Enfin bref, faire tout une saison pour la raison « je veux être le plus fort des hommes » me laisse perplexe...
Le Docteur Bishop, dans le bateau, avec le revolver !
Des préparatifs pour l'ultime saison
Si les différentes histoires entamées cette saison sont rapidement bouclées c'est pour laisser entrevoir ce qui nous attend pour l'ultime saison de treize épisode l'année prochaine. Le problème est que tout est prévisible, la grande faute revenant à ce fameux épisode 19. Du coup on sait qu'Olivia n'est pas réellement morte. Le passage où Walter extrait la balle de son cerveau est jouissif, ce n'est pas très joli à voir mais c'est totalement dans l'esprit de la série. Les scénaristes utilisent encore des grosses ficelles pour justifier la perte des pouvoirs d'Olivia. La manière de faire est limite scandaleuse mais le résultat est satisfaisant !
Il était également évident que tôt ou tard on allait faire allusion à la grossesse d'Olivia, la fille de cette dernière et Peter ayant été présentée dans l'épisode 19. Cette annonce se fait en totale sobriété avec la petite émotion qui va bien. Toute l'équipe est réunie à l'hôpital (comme on pouvait s'y attendre Astride est en vie) et on ressent vraiment l'esprit de famille dont Walter est si fier. Il manque néanmoins Broyles qui obtient une promotion (alors qu'il n'a rien fait) mais surtout nous apprenons que la division Fringe va obtenir des moyens plus conséquents. Si cela peut permettre d'avoir des technologies encore plus avancées je signe des deux mains, c'est l'une des seules bonnes nouvelles de ce final.
Reste la scène de fin entre Walter et September. Elle n'est guère étonnante mais a le mérite d'émoustiller notre curiosité, chose qui ne s'est pas réellement produite cette saison. Le visionnage de l'épisode 19 sur le futur en 2036 gâche un peu la surprise mais en même temps permet de nourrir des espoirs pour l'année prochaine. Le fait qu'il n'y aura que treize épisodes est une bonne nouvelle, nul doute que l'histoire ne fera pas de surplace et que la série va pouvoir se conclure comme elle le mérite.
Maintenant si nous revenons sur cette saison dans sa globalité, j'ai l'impression d'avoir été pris pour un con la plupart du temps. Beaucoup de pistes soulevées ne trouvent pas de conclusion et celle apportée à l'histoire principale est décevante. En effet, on nous a embobiné avec cette histoire de reboot et de mauvais univers pour Peter mais pour quelles raisons ? Le reboot n'a rien apporté à mon sens car on retrouve dans cet épisode les mêmes relations humaines que dans la saison 3. La question de l'existence de Peter a été très vite éludée sans explication valable.
Et que dire des métamorphes ? Ils resteront à jamais un mystère pour la série à moins de les considérer comme des vulgaires soldats de Bell. J'avoue être déçu à leur sujet, je les trouvais intéressants bien que trop redondant dans leur utilité. Encore du beau gâchis... Bien que la plus grande perte de cette saison est assurément la disparition du monde rouge. Avec du recul c'est vraiment la pire des idées qu'a eu le show. L'alternance entre les deux univers permettaient de donner du peps et de l'intensité à la série. Ils permettaient aussi d'avoir des histoires plus complexes et donc plus passionnantes. Enfin ils permettaient des interactions entre des personnages qui étaient fabuleuses (les deux Lee, Walter/Fauxlivia, les deux Walter). Il y avait tout à perdre que de dire adieu à la dimension rouge et il paraît évident (et nécessaire) de les faire revenir pour la prochaine saison !
Et c'est bien la seule bonne nouvelle de l'épisode...
Pour conclure, Brave New World Part 2 s'avère être un final extrêmement décevant, à des années lumières du final de l'année dernière en terme de qualité. Pourtant on peut se réjouir que l'histoire principale soit bouclée et que les différents indices laissés pour l'ultime saison sont encourageants. Cette saison restera celle de la déception où le sentiment que les scénaristes ont raté le coche restera un bout de temps dans nos têtes...
J'ai aimé :
- l'interrogatoire de Jessica
- l'extraction de la balle
- les perspectives de la prochaine saison
Je n'ai pas aimé :
- tout ce qui touchait à Bell
- le personnage de Jessica
- Olivia en mode Superman
Note : 10/20