Scarch et moi, on vous le répète assez depuis le début de la série : l’introduction de Game Of Thrones fut très longue. Quatre heures. Quatre longues heures pour que les scénaristes nous expliquent des milliers d’années d’histoire d’un monde qui nous était inconnu. Quatre heures pour présenter des dizaines de personnages dans toute leurs nuances, leurs liens, leur caste, leur place dans la société, leur place dans leur famille. Bref, un méli-mélo d’informations, un backround monumental. C’eut pu être insipide. Ca ne le fut point. Car les scénaristes ont ce que l’on appelle du talent. Et ce talent ils l’ont mis à profit, non seulement pour rendre les épisodes d’exposition passionnants, mais aussi pour leur donner un véritable sens une fois l’action venue.
Toutes les storylines, qui semblaient à première vue totalement déconnectées, se rejoignent pour donner un épisode incroyablement dense. On pensait que la montée en puissance allait être lente, mais conséquente. Elle reste conséquente, mais elle apparaît soudainement, comme si le cliffhanger de la fin de l’épisode 4 avait tout déchaîné. Les tensions qui couvaient jusque-là, les bruits de couloirs à priori inoffensifs montent tout d’un coup au grand jour. Je dois avouer que je ne m’attendais absolument pas à une telle explosion si tôt dans l’histoire. Les scénaristes ne font pas dans la demi-mesure habituelle : ils préfèrent tout donner d’un coup au lieu d’étaler les différentes sources de conflits sur 10 épisodes. En cinq actes d’une heure, Game of Thrones a déjà réussi à atteindre un climax, une tension énorme, ce dont peu de séries peuvent se vanter. Une si longue introduction se justifiait alors parfaitement : les différents enjeux désormais cernés font place à une gigantesque arène dans laquelle les familles vont se battre pour le trône.
Au programme, des chevaux décapités, des gorges tranchées, des ventres éviscérés, des yeux crevés, des seins tétés, des jambes transpercées… On comprend désormais pourquoi le show est diffusé sur HBO. Le fait est que la série fait très rarement dans la violence gratuite : les scènes sont crues, certes, mais ne paraissent pas forcées. Elles se contentent de montrer la violence habituelle de ce monde sans pitié et permettent de s’immerger encore plus.
Les combats en eux-mêmes sont très agréables à suivre grâce à une mise en scène nerveuse et à une réalisation digne d’un long métrage. Tout est parfaitement chorégraphié, tant les duels que les batailles. Quand je vois un tel talent pour filmer les scènes d’action épiques, j'attends avec encore plus d'impatience cette fameuse guerre de grande envergure qui se profile entre le Roi légitime et le Roi illégitime. Ou tout autre histoire impliquant beaucoup de soldat qui se mettent sur la gueule.
Les personnages ne sont pas délaissés pour autant. Au cœur de cette frénésie on discute, on remue le passé. On sort de la période d’exposition, et pourtant le backround n’en finit pas de s’agrandir, ce qui est assez impressionnant. J’ai l’impression que la série élargit sans cesse ses horizons, multipliant ses capacités scénaristiques. Comme si un monde sans limite s’ouvrait petit à petit, laissant place à une infinité de possibilités… Plus que jamais dans cet épisode j’ai senti le potentiel monstrueux de la série.
A retenir une scène particulièrement intéressante, qui renverse une nouvelle fois les points de vue et l’opinion qu’on pouvait avoir sur les personnages : la discussion entre le Roi et la Reine. Le Roi, ce gros porc tonitruant, qui ne pense qu’à manger et à boire sans se soucier de son royaume, et la Reine, vieille truie manipulatrice. Et bien non. Que nenni. La conversation nous donne à voir d’autres côtés de leur personnalité, sans que jamais cela ne paraisse forcé. On apprend donc que le Roi se soucie un minimum de son royaume, et que sa passivité est une stratégie en soit ; et on comprend que les deux figures royales souffrent de leur manque d’amour l’un pour l’autre.
C’est ce genre de scènes que j’aime avec Game of Thrones. Le show ne cristallise jamais les choses, il ne met jamais les personnages dans des cases manichéennes. Dans une série de la sorte, à caractère épique, je pense que c’est assez rare pour être souligné.
Je finirai sur un dernier point, mais pas des moindres : les décors. On en avait déjà parlé lors des critiques précédentes, mais je pense qu’il est nécessaire de revenir dessus tant ce qu’on nous offre dans cet épisode est hallucinant pour une simple série. La nouvelle cité sur la falaise est l’occasion de montrer des lieux absolument magnifiques. Que ce soit la cité en elle-même, sa salle du trône, ou ses prisons accolées à la falaise, tout est grand, imposant, travaillé dans les moindres détails et montre encore une fois le gigantisme et l’ancienneté du monde de Game of Thrones. Ca m’a bluffé, et il en faut pour me bluffer.
On découvre également à travers les pérégrinations de la petite fille les bas fonds de la capitale, qui offrent enfin une vision d’ensemble de la ville. C’est sale, c’est crasseux, mais c’est beau. Très beau. Moi je dis chapeau aux mecs responsables, je pense que toutes les autres séries peuvent aller se rhabiller au niveau des effets spéciaux.
Au final, un épisode qui nous immerge encore plus dans l’univers de la série, où on découvre une violence et une misère omniprésentes. Toutes les storylines jusqu’alors développées se déploient et s’entrechoquent pour nous offrir le grand spectacle épique dont on rêvait depuis le début, sans pour autant délaisser les personnages et le backround. Tout ce que j’ai à dire, c’est que je suis extrêmement impatient de voir les cinq épisodes suivants s’ils sont de la même envergure. On tient là une série d’une ampleur encore jamais vue, qui a tout pour se faire une place parmi les plus grandes.
J'ai aimé :
- Le fait que toutes les intrigues se joignent et soient liées d'une façon ou d'une autre
- La façon de filmer les scènes de joute, de batailles, et de duels
- Le travail effectué sur les décors
Je n'ai pas aimé :
- Qu'il n'y ait que dix épisodes pour la saison
16/20