Les différents visages du bien comme du mal
John Paul Rocksavage et sa nouvelle partenaire assistent impuissant au suicide d'une SDF, malgré les tentatives du jeune policier pour tenter de la raisonner. Il découvre en revenant au poste que Callum Rose, l'un des meurtriers de son partenaire, sait qu'il est le coupable du meurtre de Noel Finch. Il lui propose son silence contre une forte somme d'argent, mais le jeune policier commence à envisager une autre solution à son problème, beaucoup plus radicale.
L'impuissance à faire le bien peut mener à la folie
Après un premier épisode maladroit, mais intéressant, Good Cop continue à narrer la lente descente aux enfers d'un simple policier avec un scénario qui se concentre sur la vie privée pour lui donner plus d'épaisseur. L'objectif consiste à fissurer l'image que le héros nous renvoie pour faire apparaître ses secrets, une noirceur étrange et un manque d'humanité qui pose la question de la nature accidentelle du meurtre de Finch. Un crime qui hante John Paul comme le spectateur, le personnage principal ne montrant pas la moindre volonté de se repentir.
Seulement, en tuant un criminel de sang froid, le jeune policier a été imprudent et doit faire face à Callum, témoin qui voit l'occasion d'échapper aux soupçons pesant sur lui pour le passage à tabac du coéquipier de Rocksavage. Le but des auteurs est clair, à savoir pousser leur héros à voir dans l'exécution de ce témoin une solution à ses problèmes, expression clair d'un refus de sa part d'être impuissant. Hélas, là où le show aurait gagné à maintenir un climat lourd et sombre en isolant le personnage principal du reste du commissariat, le show propose une première moitié poussive et hachée à la direction confuse.
L'utilisation excessive de flashbacks est vite agaçante, empêchant le comédien de pousser plus loin son interprétation, la faute à un metteur en scène qui hésite clairement sur la façon d'exposer les troubles intérieurs du héros. Mais le reproche va aussi à un scénario qui cherche trop à entretenir le mystère sur John Paul, avant un deuxième acte qui vient enfin éclaircir la psychologie d'un policier particulièrement torturée. En coupant chaque scène contemplative par un flashback concernant le meurtre de Finch, Good Cop agace et tourne en rond, donnant une première moitié d'épisode assez décevante.
Heureusement, la seconde partie a la bonne idée de se concentrer sur les personnages secondaires et leur relation avec John Paul, offrant un nouveau regard très intéressant sur le héros de Good Cop. On découvre alors un homme désabusé, empli de frustrations, quelqu'un qui a fait de mauvais choix et cherche à s'amender de la pire des manières, tentant de se persuader lui-même de son propre mensonge. Pourtant, cet homme simple et calme en apparence, policier qui ne veut que faire le bien, laisse apparaître par instant sa véritable nature et montre combien l'impuissance à faire le bien peut lentement mener à la folie.
Prendre conscience de sa nature monstrueuse
La scène du suicide qui ouvre l'épisode est intéressante parce qu'elle permet de mettre en évidence les raisons pour lesquelles John Paul ne sera jamais un héros, incapable de faire preuve de cette humanité nécessaire pour atteindre cette femme. Il n'est qu'un simple policier sans éclat, témoin passif et impuissant des souffrances d'une société où la misère pousse à des actes de violence particulièrement dramatiques et où le destin frappe sans prévenir les mauvaises personnes. Au milieu, Rocksavage est le plus souvent impuissant, pansant les plaies ouvertes d'un monde où le recours à la frustration est telle que le recours à la violence apparait comme un moyen naturel de purger sa colère.
Il est donc beaucoup question de la frontière entre le bien et le mal ainsi que le concept du permis de tuer, mise en perspective par les discussions du héros avec son père autour du "Casino Royale" de Ian Fleming. Héros ambigu et brutal, James Bond élimine ses ennemis sans problème de conscience, le service de la nation balayant l'idée de culpabilité, lui donnant un aspect trouble qui donne toute sa saveur à l'agent 007. Convaincu lui aussi d'agir pour un bien qui le dépasse, John Paul accepte l'idée d'éliminer Callum, sacrifice qui lui permet surtout de détruire les pistes le liant à ce crime.
Si son premier meurtre était un acte accidentel et excusable devant la nature psychotique de la cible, cette seconde élimination est beaucoup plus ambiguë, avec un portrait de la cible beaucoup moins manichéen. Très bon dans son rôle de salopard, Stephen Walters incarne un crétin grotesque, inconscient de ce qu'il fait et qui ne possède pas la dimension perverse de Finch. Marquant un changement intéressant dans notre vision des meurtriers, les auteurs misent sur le temps donné au spectateur pour lui laisser le recul nécessaire pour passer outre la réaction passionnelle du premier épisode.
Si la première partie peine à convaincre à cause d'une mise en scène et d'un récit maladroit, cette seconde partie rattrape le tir et renoue avec l'ambiance sombre et envoutante de la semaine dernière. Série noire et psychologique qui monte petit à petit en puissance, Good Cop efface la séparation entre le bien et le mal et nous contraint à nous poser la question concernant notre rapport avec le héros. Bien plus que l'histoire d'une simple vengeance, la série nous parle des origines de la colère d'un simple citoyen qui prend soudain conscience de sa nature monstrueuse.
L'impossibilité d'obtenir un pardon
La scène la plus marquante et décisive de Good Cop reste la confrontation entre le héros et son ancienne petite-amie, mère célibataire qu'il avait abandonné le jour de la révélation de sa grossesse. Jouée par une remarquable Aisling Loftus, la jeune femme apparaît comme un personnage fragile et innocent, portant sur son visage un dégoût et une peur pour le policier qui change notre regard sur Rocksavage. Les scènes où elles se retrouvent seule avec sa fille sont les seules images de bonheur de l'épisode, une joue que le héros ne peut partager, nourrissant un fort sentiment de frustration devant son incapacité à revenir dans la vie de sa fille.
Face à cette femme qui connait son véritable visage, le jeu jusqu'ici lisse de Warren Brown se fissure pour laisser apparaître une froideur cachée, une insensibilité qu'il parvient à faire apparaître. John Paul a un vide béant dans son coeur qui le détruit peu à peu, quelque chose qui l'empêche de gagner l'affection des autres et d'être le héros de sa propre fille. La série nous donne là la pièce manquante pour cerner cet homme dangereux qui apparaît pleinement lors d'une scène finale terriblement violente.
Après un début parfois maladroit et une première moitié brouillonne, Good Cop est maintenant sur les bons rails, réflexion intéressante sur la violence et sur la frustration que représente le fait de ne pas être un héros. Cette scène avec Cassandra marque l'esprit, en espérant que la série osera aller jusqu'au bout d'une vengeance qui permet surtout à John Paul de laisser apparaître sa véritable nature. L'impossibilité d'obtenir un pardon va mener Rocksavage sur la pente savonneuse d'une colère autodestructrice dont la conclusion sera forcément tragique.
J'aime :
- la seconde moitié très réussie
- le final très violent et assez insoutenable
- la scène entre John Paul et Cassandra
Je n'aime pas :
- la première moitié poussive
- l'utilisation des flashbacks
Note : 13 / 20
Histoire violente et cruelle, Good Cop poursuit la descente dans les abysses de la folie d'un héros qui succombe à son désir de vengeance, révélant sa nature sombre et violente. Inégal par instant, un show qui prend des risques et nous montre les différents visages du bien comme du mal.