La clé de toute l'histoire
Nick et Juliette sont invités à une soirée en couple avec Hank qui tient à officialiser sa relation avec Adalind, causant un certain malaise chez son coéquipier. Au même moment, deux hommes se présentent au Capitaine Renard pour lui demander des comptes, impatient d'acquérir une clé appartenant au Grimm. Les évènements s'accélèrent alors, plaçant le co-équipier du détective Burkhardt dans une situation particulièrement périlleuse .
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue mythologique mouvementée et réussie
- les enjeux autour du Grimm qui s'éclaircissent enfin
- quelques maladresses dans le dernier acte
- un épisode ambitieux et rassurant
Une prise de risques payante
Après avoir offert beaucoup d'épisode solo le temps de poser les bases de la série, Grimm se lance enfin dans une intrigue plus feuilletonnante, révélant quelques éléments de mythologie intéressants. Les deux morts du jour n'ont donc que peu d'importance, deux victimes qui vont symboliser l'ignorance de Nick sur l'ampleur des forces en présence dans cette histoire. Cherchant à sortir de l'ordinaire, les scénaristes nous confrontent donc à un récit plus centré sur la partie fantastique de l'intrigue, le duo vedette devenant cette fois-ci les victimes du plan de Renard.
Plus rythmée, l'épisode profite surtout d'un enjeu fort et d'un méchant d'envergure, Adalind restant une créature mystérieuse, appuyée par la performance convaincante de Claire Coffee. L'occasion d'exploiter plusieurs des éléments mis en place dans les épisodes précédents, confirmant la volonté intéressante des auteurs de construire leurs intrigues sur le long terme. La scène du dîner à quatre est de ce point de vue l'une des plus réussies de l'épisode, offrant l'occasion pour Nick de se retrouver en difficulté, coincé entre son rôle de Grimm et les apparences qu'il doit maintenir concernant Juliette.
Tous les personnages trouvent leur place dans cet épisode ambitieux, preuve que la série a su atteindre un niveau de maturité intéressant. Assumant enfin sa dimension fantastique, Grimm développe sa mythologie, confirmant que derrière le travail remarquable sur le décor et la photographie se cache une envie de raconter des histoires avec des enjeux forts. Sans être parfait, cet épisode est le premier où la mécanique du récit paraît aussi indiscutable, donnant un bon dosage entre drame et humour.
Les prédateurs au-dessus du Grimm
Le bon point concernant cette histoire est qu'elle parvient à nous convaincre que les intentions de Renard envers le Grimm sont tout sauf bienveillantes. La scène du faucheur en début de saison avait laissé un souvenir frustrant, celui d'une série qui choisit de protéger son héros dans un premier temps, refusant de le transformer en cible potentiel. Un choix nécessaire, les auteurs ayant besoin d'installer une routine forte avec l'ajout de personnages secondaires comme Wu et Rosalee pour incarner la dimension comique et fantastique du show.
Avec cet épisode, Renard devient réellement une menace pour le duo principal et sa position dans le milieu des Wesen fait de lui un personnage mythologique décisif. L'idée de justifier sa clémence envers le Grimm par le biais de la clé de sa tante est convaincante, même si cela casse en partie la nature ambiguë du Capitaine. Incapable de résoudre le cas de meurtre sur lequel il enquête, le détective Burkhardt paraît plus fragilisé et incertain, donnant plus d'intensité à une histoire qui le place en position de faiblesse.
Le cas d'Adalind va être au centre des reproches à faire à cet épisode, personnage fondateur qui symbolise le franchissement d'un palier pour un héros qui a su s'entourer de différents alliés. Prédatrice trop sûre d'elle, la jeune femme n'a pas conscience de l'existence de Rosalee et Monroe, ceux-ci faisant la différence en permettant aux héros d'échapper à ces griffes. Par contre, le final apparaît comme plutôt discutable, la contamination par le sang s'avérant peu convaincante, créant un malaise assez regrettable dans le dernier acte.
Un final maladroit
Si l'épisode est plutôt enthousiasmant dans son ensemble, la fin laisse apparaître les failles du show, marquant surtout la volonté des scénaristes de ne pas sacrifier définitivement Claire Coffee tout en soulignant la progression du Grimm. Délaissant son aspect policier pour une intrigue qui joue avec les éléments de fantastique, la série de David Greenwalt et Stephen Carpenter cherche clairement à souligner le nouveau statut de Nick, marquant sa volonté d'affronter sa destinée. Une nécessité tant la première partie de saison souffrait de cette sensation récurrente de voir un héros préservé, peinant à exprimer sa singularité.
Seulement, si les intentions derrière ce duel final sont bonnes, la forme est plutôt discutable avec un combat en pleine forêt qui ne va pas vraiment convaincre dans son déroulement. En effet, le besoin pour Adalind de réussir sa mission est mal mise en avant, donnant l'impression d'un règlement de compte final assez gratuit. La scène de bagarre ne parvient pas à paraître crédible, la jeune femme possédant toutes les cartes en main pour faire plier le Grimm, se plaçant un peu trop délibérément en position de faiblesse.
La scène sombre alors dans la confusion et la symbolique de la contamination par le sang est peut-être l'ambiguïté de trop pour une série qui joue habituellement avec finesse sur les parallèles entre la réalité et l'imaginaire. Une faute de goût involontaire, mais qui installe un certain malaise qui m'a empêché d'apprécier totalement un épisode sans cela assez plaisant. Petite fausse note, elle prouve que Grimm est encore perfectible, montrant une difficulté dans le dernier acte qui repose essentiellement sur le caractère encore trop novice du héros.
Un premier pas dans la bonne direction
Si l'épisode fonctionne aussi bien, c'est aussi grâce à l'apport des seconds rôles comme Wu qui offre plusieurs séquences comiques réjouissantes, confirmant tout le talent de Reggie Lee dans ce registre. La scène où il broute le tapis est une trouvaille assez brillante, preuve que le show possède un talent intéressant pour l'autodérision. La séquence où Nick ronchonne contre le vocabulaire germanique de Monroe est un bon exemple de cette capacité à rire de leurs propres gimmicks qui prouvent que les auteurs se sentent enfin à l'aise avec leur création.
En conclusion, un épisode mythologique important qui permet de révéler les intentions de Renard contre le Grimm, sortant le show de son schéma habituel. Porté par des acteurs convaincants, Grimm s'élève d'un cran, offrant un divertissement dynamique qui bénéficie d'un vrai effort de construction et d'enjeux conséquents. Un tournant dans la saison, même si la scène finale est clairement un ton en dessous, maintenant à tort de nombreuses zones d'ombre concernant les raisons qui poussent Catherine à mettre ainsi la pression sur sa fille.
J'aime :
- un vrai épisode mythologique
- la réalisation impeccable
- les comédiens très bons
Je n'aime pas :
- la conclusion maladroite
- certaines zones d'ombre regrettable dans l'intrigue
Note : 13 / 20
Un épisode mythologique ambitieux et plaisant qui sort le show de sa routine et propose un divertissement efficace et dynamique. Une série qui laisse apparaître de nouvelles ambitions réjouissantes, même si le final particulièrement maladroit vient nuire aux efforts de l'équipe créative.