Défendre le plus faible
Arnold Rosarot travaille pour une entreprise de construction appartenant à Robert Grosszahn lorsqu'il devient témoin du meurtre de celui-ci par un Hasslich nommé Salvatore Butrell. Ces ogres ont l'habitude de faire régner en toute impunité la terreur parmi les Eisbiber, utilisant l'intimidation par la force pour leur extorquer de l'argent. Seulement, ce crime va pousser certains à se rebeller contre l'ordre établi en demandant le soutien de leur nouveau voisin, le détective Burkhardt.
Résumé de la critique
Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi :
- une structure très classique et parfaitement bien maîtrisée
- Nick qui assume sa position de justicier
- une gestion du rythme discutable
- une série entre classicisme et modernité
L'oppresseur contre l'opprimé
En centrant cet épisode sur les voisins de Nick, les auteurs de Grimm ne prennent pas beaucoup de risques, proposant un divertissement prévisible et classique sur le schéma du faible contre le fort. Pour représenter les opprimés, les scénaristes utilisent les Eisbibers du voisinage de Nick, personnages comiques et attachants qui ont l'avantage de posséder une relation particulière avec le détective Burkhardt. Un passif qui va justifier la rapidité avec laquelle le Grimm choisit son camp, point de départ à un épisode très manichéen à l'ambition limitée.
Le but est clairement de montrer le nouveau rôle de justicier du héros de Grimm, venant marquer la limite à ne pas franchir aux Hasslichs en utilisant la loi comme justification. Une intrigue extrêmement classique, mais particulièrement bien exécutée, offrant quelques scènes comiques de remplissage assez réussies autour du trio Monroe – Nick – Juliette. Un épisode important de ce point de vue car il permet aux scénaristes de prouver leur capacité à tirer parti de l'univers mis en place pour fournir un divertissement solide, même si le final montre clairement le caractère assez superficiel de cette histoire.
Loin du jeune Grimm débutant du début de saison, les auteurs essaient d'exposer l' évolution de Nick, montrant une plus grande facilité à prendre position et à assumer ses deux fonctions de Grimm et de policier. Cette rapidité d'action donne un démarrage très rapide, obligeant l'équipe créative à faire du remplissage autour du manque de courage des Eisbibers, Arnold refusant de témoigner par peur des représailles. Une hésitation qui pourrait être agaçante, mais passe plutôt bien grâce à de bons seconds rôles, tandis que le Grimm s'affirme comme le rempart des faibles contre les abus de pouvoir des forts.
Un justicier sans masque
Héros très positif dans un univers des séries fantastiques peuplés de personnages habituellement torturés par leur conscience, Nick apparaît comme une singularité, justicier sans masque qui s'expose au grand jour sans la moindre hésitation. Un comportement légèrement inconscient qui fait le charme de la série, alliant le style assez sombre de son esthétisme avec la légèreté de sa mythologie, les faucheurs eux-mêmes ne parvenant à apporter la touche de noirceur espérée. En optant pour un personnage principal très positif, les auteurs de Grimm montrent la nature des deux tendances qui s'affrontent dans la série, peinant encore à trouver le bon équilibre.
La première tendance est celle de cet épisode, misant sur l'affirmation du héros comme une icône à la manière d'un shérif de western, faisant régner la justice grâce à son badge et à son aura d'invulnérabilité. Une orientation très américaine, offrant un divertissement léger et sans enjeu majeur, où la paix revient dans le final et où les seconds rôles héritent des parenthèses comiques au sein de l'intrigue. Cette orientation possède un seul défaut, les méchants sont fréquemment des personnages sans envergure, victime de leurs propres orgueils avant de connaitre le plus souvent une fin humiliante et frustrante pour le spectateur.
L'autre orientation correspond à celle de la semaine dernière, cherchant à créer l'idée d'une menace abstraite et terrifiante pesant sur le héros qui doit se préparer à tout en protégeant ses points faibles. Une tonalité plus dramatique présent à plusieurs reprises dans la saison et qui propose une mythologie plus ambiguë, symbolisée par un personnage de Renard aux intentions encore assez confuses. Le défi va consister pour les auteurs à équilibrer ces deux orientations à l'intérieur du personnage de Nick, le scénario laissant l'impression de ne pas exploiter l'historique entre certains personnages.
Un problème de rythme assez flagrant
Si l'épisode propose un divertissement honnête, il se heurte aussi à un problème de taille, à savoir une gestion du temps approximative et une rupture de rythme forte à mi-épisode. En effet, si l'histoire raconte un conflit entre Eisbibers et Hasslichs, l'intervention finale des faucheurs vient générer une certaine gêne, donnant la sensation d'une conclusion frustrante qui ne résout pas le problème initial. Si le spectacle assuré par ce débarquement est indéniable, sa mise en valeur reste assez discutable, plaçant à l'écart l'intrigue de départ qui apparaît comme une mauvaise excuse pour justifier le retour des tueurs de Grimm.
Le rythme connait une rupture brutale, passant d'un style assez lent avec le débat au sein de l'assemblée des Eisbibers à une chasse à l'homme plus rapide menée par les faucheurs. La gestion du duo de faucheurs est assez maladroite, ruinant totalement les efforts des scénaristes pour leur donner une ampleur mythologique forte tout en débarrassant facilement le Grimm d'une des menaces principales qui pesaient sur lui. L'absence des personnages secondaires donnent d'ailleurs l'impression d'un épisode écrit beaucoup plus tôt dans la saison dont la conclusion a été rajoutée au dernier moment pour combler l'absence de climax de cette dispute entre monstres.
Le Grimm fait finalement régner la loi sur Portland, conclusion sans aucune nuance d'un épisode qui aurait pu permettre de conclure la série sur une note positive s'il n'y avait pas eu de renouvellement. Heureusement, la dernière scène prouve la volonté des auteurs de remettre en cause ce statut en offrant une dernière scène autour de l'idée que la prochaine menace sera bien plus conséquente. Une volonté de se renouveler intéressante qui confirme l'aspect peu abouti de la mythologie du début de saison, les faucheurs se retrouvant réduits à jouer les faire valoir pour un héros qui finit de s'affirmer.
Une conclusion inaboutie pour un nouveau départ
Le rôle tenu par l'Europe dans Grimm est intéressant, source de toutes les menaces mythologiques qui pèsent sur le héros, donnant l'exemple d'un univers où les créatures se sont organisées en société bien établies. Les auteurs cherchent à montrer que le péril ne vient pas des monstres pris à part, mais de plusieurs siècles de pratiques cruelles, le Grimm venant perturber l'ordre établi. Une confrontation entre la tradition et la modernité qui est au cœur du show et de son identité, posant des bases intéressantes dans la saison deux si les auteurs osent confronter le Grimm avec un de ses semblables de l'Ancien Monde.
En conclusion, il y a deux éléments différents dans cet épisode, avec d'un côté l'affirmation d'un héros qui enfile son costume de justicier et de l'autre la fin d'une mythologie du début de saison autour des faucheurs. Si les deux aspects pris à part sont intéressants, le mélange des deux paraît pour le moins maladroit et ne parvient pas à prendre, la faute à un problème de timing assez flagrant. Cassant totalement le rythme, l'arrivée des faucheurs ne parvient pas à convaincre, laissant le sentiment d'un divertissement plaisant, mais au climax artificiel et inabouti.
J'aime :
- un divertissement sympathique et efficace dans sa première partie
- la scène du repas amusante
- esthétiquement impeccable
Je n'aime pas :
- un gros problème de rythme durant l'épisode
- le final un peu trop grand guignolesque
Note : 13 / 20
Un divertissement sympathique qui confirme le rôle de justicier tenu par le Grimm en cette deuxième partie de saison, défenseur des faibles contre les forts. Hélas, l'arrivée des faucheurs est plutôt mal mise en valeur, entraînant une rupture dans le déroulement de l'intrigue, les scénaristes optant pour un final spectaculaire mal mis en valeur.