Justice, vengeance et conviction
Chunhua est victime d'une tentative de viol dans une ruelle du quartier du cabinet de Harriett, laquelle est interrompue par l'intervention de son père, poussant l'agresseur à la fuite. La police va rapidement l'identifier mais, malheureusement, l'homme s'arrange pour faire un marché avec le procureur afin de retrouver sa liberté. Pendant ce temps, Malcolm se prépare à soutenir Tommy Jefferson dans son procès contre les vendeurs de fast-food.
Résumé de la critique
Un épisode plutôt réussi que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue feuilletonnante qui sort de l'ordinaire
- la motivation réelle de Harriett enfin mise en évidence
- un discours toujours aussi utopique
- une justification de l'usage de la violence posée en termes ambigus
Une série allergique au standalone
Si mes critiques précédentes se sont montrées un peu dur avec le concept de Harry's Law, force est de constater que la série possède un vrai culot en optant pour une vraie continuité dans son récit. Suite directe des trois épisodes précédents, ce volet vient justifier la place prise dans les épisodes précédents par l'affaire Yvonne Morris, marquant, par son choix d'un récit feuilletonnant, sa différence avec les drames judiciaires des autres grands Networks. Ambitieux, David E. Kelley tente de bâtir avec Harry's Law une série entre le show judiciaire et le soap, essayant de bâtir de multiples connexions entre les personnages.
Jenna et Malcolm se retrouvent en première ligne, laissant Harriett sur la touche, le temps de reconstruire son personnage et de donner du sens à ses actes. Si la jeune secrétaire peine toujours à s'imposer, Malcolm se montre bien plus convaincant, éclairant sous un nouveau jour la relation entre son héroïne et le monde de la justice. Ecoeurée par le cynisme des membres du barreau, elle cherche à retrouver la foi dans le système, en quête de cette conviction qu'elle retrouve chez Tommy Jefferson, ce besoin de se battre contre le système et de faire avancer les choses par le plaidoyer et non par la force.
Les vraies motivations de Harriett
Après quatre épisodes de mise en place, David Kelley va enfin parvenir à donner du sens à cette série et surtout à la situation de Korn, jusqu'ici peu loquace sur le but qu'elle recherche. En fait, plus qu'un nouveau départ, il s'agit pour elle de s'extraire d'anciennes habitudes dont elle était prisonnière, refusant de prendre le risque de défendre les causes perdues. Plus qu'une simple série judiciaire, Harry's Law est l'histoire d'une femme qui cherche à se retrouver elle-même en se plaçant volontairement en danger pour redonner un sens moral à son existence.
En se centrant sur Tommy Jefferson et son combat pour une cause perdue d'avance, l'intrigue met cette fois-ci en avant le jeu toujours impeccable de Christopher Mc Donald et la façon dont il symbolise une foi dans la justice qu'Harriett a perdu. Remettant en cause son jugement, Malcolm et Jenna ont encore en eux ce besoin de croire en la justice qu'elle ne parvient plus à retrouver, ce courage de tout risquer et de reconstruire son existence à partir de zéro. Série utopique, Harry's Law croit aux deuxièmes chances et à la possibilité de retrouver une nouvelle jeunesse, même lorsque les jeunes années sont parties au loin.
Un discours toujours aussi politiquement orienté
En s'opposant à une firme de fast-food, Tommy Jefferson nous offre un beau morceau d'héroïsme au travers d'un monologue qui prouve que David E. Kelley n'a pas perdu la main. Très politisé et délicatement naïf, ce moment de gloire est à l'image d'une série ouvertement progressiste et qui veut croire en une justice capable de prendre conscience de la détresse des sans-grades. Cette orientation ouvertement optimiste et parfois agaçante fait partie de l'identité du show et de son charme, même si son expression pourrait opter pour un style un peu moins partisan.
Excessive et de plus en plus généreuse, Harry's Law parvient lentement à convaincre grâce à son casting, mais aussi à un optimisme forcené qui nous gagne lentement à sa cause. Si le milieu des banlieues est toujours trop idéalisé, l'usage de la violence est d'abord intelligemment pointé comme une faiblesse. La morale et l'usage de la force s'impose comme une des questions majeures d'une série qui présente le cabinet d'Harriett comme un tampon entre la cruauté du monde et la violence de faire confiance au système.
Des grands discours et un peu d'hypocrisie
Si la série possède de nombreuses qualités, elle propose avec la storyline de Damien une touche d'hypocrisie volontaire qui appuie le côté peu crédible de toute cette histoire. Seulement, la misère n'excuse pas la violence et voir la fascination des auteurs pour un soi-disant "code de l'honneur de la rue" est particulièrement déplaisant. Trop utopique, voire même carrément naïve, la série ressemble encore trop à un conte de fées et ne parvient pas à trouver le juste équilibre au sein d'un récit qui trouve dans Adam Branch un héros plutôt convaincant.
En conclusion, un bon épisode, dynamique et bien construit, qui poursuit les intrigues entamées les épisodes précédents et prouve une volonté de construire une continuité dans le récit plutôt surprenante. En plaçant l'héroïne en retrait, David E. Kelley marque une volonté de la placer dans une position d'introspection, mais aussi de mettre les personnages les plus efficaces comme Tommy Jefferson en avant. Malgré l'optimisme remarquable du show, la série persiste dans une certaine hypocrisie particulièrement regrettable, justifiant un peu trop la violence par la nécessité.
J'aime :
- un choix du récit feuilletonnant plutôt culotté
- un optimisme indestructible qui finit par convaincre
- les comédiens particulièrement bons
- le monologue de Tommy Jefferson
Je n'aime pas :
- une certaine hypocrisie par rapport à la storyline de Damien
- certains personnages qui cherchent encore leur place
Note : 13 / 20
Un épisode plutôt réussi qui offre de bons moments grâce à un casting convaincant et une volonté appuyée de construire toute une communauté autour du cabinet Harriett. Grâce à un optimisme indestructible, la série fournit un bon divertissement, même si le discours progressiste et politique du show fait preuve d'une clémence excessive envers un certain emploi de la violence.