Critique : Magic City 1.05

Le 09 mai 2012 à 14:58  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de transition qui peine à démarrer, avant de fournir un final particulièrement réussi et intense.
Par sephja

Critique : Magic City 1.05

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de transition qui peine à démarrer, avant de fournir un final particulièrement réussi et intense.
Par sephja

"Par moi, on va vers la cité dolente; par moi, on va vers l'éternelle souffrance" 

 

Ike commence à douter des intentions de Ben concernant Judi Silver, craignant que son fils ne se retrouve par accident mêlé à l'exécution de la jeune prostituée. Il essaye de la convaincre de partir, mais celle-ci rejette sa proposition, refusant de croire à ces menaces malgré le meurtre d'une de ses collègues. Pendant ce temps, Véra découvre qu'elle est stérile et rencontre Mercedes qui lui propose de recourir au vaudou pour améliorer ses chances de conception.

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un épisode de transition intéressant qui manque de cohérence 
  •  un univers entre frustration et obsession
  •  une deuxième moitié beaucoup plus concluante 
  •  une mise en place inachevée 

 

Magic city

 

Le temps d'une pause, avant la chute

 

Arrivé presque à sa mi-saison, Magic City se permet un petit épisode de transition qui va se concentrer en grande partie sur le cas de Judi Silver, dernier témoin des liens entre Ben Diamond et le meurtre de Mike Strauss. Le but est de créer une base à l'opposition entre Evans et son associé, un point de départ à une seconde partie de saison qui va voir plusieurs personnages s'affronter pour la possession du paradis qu'est le Miramar. Seulement, au lieu d'offrir un développement à certains personnages secondaires peu exploités comme le cambrioleur ou le District attorney, Mitch Glazer se limite à offrir une intrigue qui souligne des informations déjà connues sans fournir de véritables révélations.

Ainsi, la liaison entre Stevie et Lily continue et s'inscrit dans une routine, n'amenant aucune variation dans leurs relations pour préparer le terrain aux révélations à venir. Un instant suspendu, voilà ce que propose cet épisode en forme d'intervalle, marquant une pause pour mieux marquer la fin de la mise en place de cet univers tout en préparant la suite par l'exposition des ambitions de chacun des personnages. Malgré un univers riche et passionnant, Mitch Glazer propose une intrigue éclatée qui manque de cohérence et laisse l'impression d'une suite de petites saynètes indépendantes servant avant tout à préparer la suite de la saison.

Sans être désagréable, cet épisode de Magic City parait assez artificiel, attendant le dernier tiers pour décoller réellement lors d'une scène finale particulièrement réussie. Une relance convenable pour un show qui aura pris intelligemment le temps de s'installer, posant les bases de plusieurs arcs intéressants aux enjeux forts, comme autant de menaces pesant sur l'empire des Evans. Une intrigue très descriptive qui apparaît comme un mal nécessaire pour une série toujours intéressante, mais qui laisse apparaître quelques faiblesses dans le développement de certains personnages.

 

La peur de la passion 

 

Dans cet univers paradisiaque de la ville de Miami, la passion est une condamnation à mort, menant aux vices et à la débauche qui constituent la base du succès du Miramar. Pourtant, la reine de ce palace essaie de se montrer à la hauteur de sa mission d'épouse, se heurtant à ses propres incertitudes, peinant de manière évidente à assumer son nouveau statut. La découverte de sa stérilité et son séjour chez un prêtre vaudou permet surtout de mettre en évidence son caractère faible et influençable, la jeune femme se percevant comme inapte à remplir son rôle d'épouse.

Essayant vainement d'enfiler un costume trop grand pour elle, elle représente la passion subie, celle d'une femme amoureuse qui ne trouve pas son épanouissement dans son mariage. Lily Diamond ne trouve pas non plus beaucoup de bonheur dans sa vie de couple, mais les motifs de sa relation avec Ben n'ont pas grand-chose à voir avec la passion ou l'affection. Il s'agit pour elle de la fierté d'être un objet de convoitise, de fantasme, de sentir le désir des hommes envers elle tout en profitant d'une vie à l'abri du besoin. Mystérieuse et difficile à cerner, la jeune femme semble sincère dans la passion qu'elle montre à son jeune amant, tout en laissant l'impression de prendre surtout du plaisir à jouer avec le feu.

Une femme forte et dangereuse, comme aimerait l'être Mercedes qui met ses émotions et ses pulsions de côté envers Danny, celui-ci refusant d'envisager leur relation du point de vue physique en dehors d'un engagement sincère. Trop peu exploité, ce couple n'existe pas encore vraiment, le fils d'Isaac s'interdisant de faire la cour de manière explicite à la jeune femme, craignant un feu de la passion ne laisse qu'un tas de cendres inertes. Refusant d'être comme les clients du Miramar, il incarne un état esprit trop chevaleresque, donnant au final un individu particulièrement prétentieux.

 

Magic city

 

Le refus de la mort 

 

Avec le décès dans le pilot de Mike Strauss dans le premier acte, Magic City donnait l'impression d'être une série classique sur un univers mafieux, avec son lot de cadavres sur lesquels se construit un empire tirant profit avec discrétion du vice de ses clients. Seulement, plutôt que d'accumuler les cadavres pour raconter l'ascension d'Isaac, la série montre le refus du patron du Miramar d'accepter le prix du sang. Si Ben Diamond incarne cette soif de pouvoir où la vie humaine n'a aucun prix, Ike Evans montre un sens moral surprenant, cherchant dans la protection de Judi Silver son propre pardon pour son péché originel.

Hypocrite d'un certain point de vue, Isaac est un entrepreneur dans l'âme, soignant l'apparence d'une affaire dont il souhaite donner une image la plus étincelante possible. Fidèle avec ses employés, il se montre beaucoup plus méprisant et dur avec les comptables de sa belle-soeur, raillant leur immobilisme et leur conception du monde fondé sur le refus de la moindre prise de risque. Un mélange de droiture et de noirceur superbement interprété par Jeffrey Dean Morgan, antihéros parfait à l'image d'une série qui se plait à se jouer avec le concept même du bien et du mal, de l'innocence et de la vertu.

C'est finalement dans leur rapport avec les femmes que Ben et Isaac se démarquent le plus, entre la brutalité de l'un qui se plait à les humilier et le besoin de l'autre de les sauver d'elle-même. Deux conceptions du paradis, entre le matérialisme d'un côté et l'esprit de famille de l'autre, entre la force de celui qui ne doit rien à personne et cette faiblesse très humaine qui va pousser Ike à refuser l'exécution d'une de ses employés. Une première opposition à la volonté de Diamond qui va servir à déterrer la hache de guerre, annonce d'un combat délicat, chacun connaissant parfaitement les points faibles de l'autre.

 

Frustration et soif de perfection

 

Si Magic City séduit encore par ses qualités visuelles et esthétiques, je ne peux passer sous silence une certaine déception devant le manque de cohésion au sein de l'intrigue de cet épisode. Ainsi, certains personnages ne sont pas suffisamment développés, comme cette partie où Danny intègre le bureau du procureur, section assez faible qui pointe clairement du doigt une faiblesse du script. Heureusement, le dernier tiers remarquable est une superbe réussite, renouant avec un niveau d'exigence des épisodes précédents.

En conclusion, un volet mineur qui se charge de marquer la mi-saison en achevant la présentation des différents protagonistes de cette histoire. Si l'intrigue de Judi est plutôt convaincante, surtout dans son dernier tiers, les autres storylines sont beaucoup trop parachutées et entraine une progression assez heurtée de l'épisode. La section concernant Vera est tout de même celle qui en pâtit le plus, les auteurs cherchant avec maladresse à insister sur le sentiment de solitude de cette femme à la recherche d'une place dans une vie qui n'est pas la sienne.

 

J'aime : 

  •  la scène finale formidable 
  •  la richesse de l'univers 
  •  les acteurs très bons

 

Je n'aime pas : 

  •  certains personnages sous-exploités 
  •  manque de liant entre les storylines 

 

Note : 13 / 20 

Un épisode de transition qui vient marquer la fin de la première moitié de saison en offrant une pause dans la progression de l'intrigue principale. Trop dispersée, l'histoire paraît assez hachée durant les deux premiers tiers avant de se rattraper lors d'une conclusion plutôt remarquable. 

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...
Image Magic City
13.59
13.84

Derniers articles sur la saison

Critique : Magic City 1.08

Un season final étrange qui laisse un sentiment mitigé, ne parvenant à proposer une intrigue aussi intense qu'espérée.

Critique : Magic City 1.07

Un épisode qui offre une première partie un rien inégale avant de décoller brutalement lors d'une confrontation remarquable entre Ben et Isaac.

Critique : Magic City 1.06

Un épisode impeccable qui permet à Ben Diamond de montrer sa supériorité sur Ike Evans par le biais d'un championnat du monde de boxe proposé par le Miramar.