Une histoire irlandaise
Un bijoutier de la communauté hassidique se fait abattre en pleine rue par un assassin de la mafia irlandaise, poussant Jane à enquêter dans le milieu auprès d'un dénommé Blackjack. Très vite, les soupçons se portent sur Mickey Prendergast, un homme de main réputé pour réussir à chaque fois à échapper à la justice. Pendant ce temps, Calderon et Velerio aident le détective Rivera à enquêter sur une agression sur une personne âgée où les deux suspects s'accusent mutuellement.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une storyline intéressante avec Timoney grâce à la performance de Tim Griffin
- une intrigue avec le détective Rivera peu convaincante
- une description de Jane Timoney
- des comédiens toujours remarquables
Meurtre et manipulation
Pour cet épisode, Prime Suspect nous propose une intrigue en mosaïque au travers de trois storylines indépendantes qui vont servir à compléter un épisode assez inégal. Tout commence par le meurtre d'un bijoutier hassidique par un homme de main de la mafia irlandaise, laissant croire à une histoire de racisme et de guerre entre communauté, vite écartée au profit d'un scénario plus réducteur et moins subtil. L'occasion pour Timoney d'évoquer ses propres origines irlandaises devant un Mark Sheppard toujours à l'aise dans les rôles de salopard manipulateur.
Autant le dire tout de suite, l'épisode manque cruellement de conviction dans l'écriture avec une répartition des tâches discutables, Duffy héritant seulement de quelques lignes de dialogue. Soignant peu les détails de l'affaire, les scénaristes utilisent cette structure éclatée en mosaïque pour passer du coq à l'âne, évitant ainsi à se soucier de la continuité du récit. Trop superficielle, la narration n'approfondit rien, nous plaçant dans une position de spectateur passif devant un récit trop anarchique qui ne laisse pas le temps d'assimiler les tenants et aboutissants de l'histoire.
Hormis Maria Bello toujours impeccable, c'est clairement Tim Griffin (voir ci-dessus) qui va tirer son épingle du jeu lors d'une scène d'interrogatoire particulièrement réussie. D'une intensité remarquable, le comédien donne à sa scène avec Spague Grayden une ampleur inattendue, montrant une force d'interprétation tout à fait remarquable. Un moment unique qui marque le spectateur, mais trop isolé dans une intrigue tellement hachée qu'elle ne parvient vraiment pas à convaincre.
Un personnage comme une pièce rapportée : le détective Rivera
Pendant que Duffy et Blando aide Timoney, les deux autres garçons se retrouvent associés à l'inspectrice Rivera, personnage introduit à la mi-saison qui hérite d'une intrigue particulièrement mince. Une agression avec violence, deux coupables qui se renvoient la faute, deux témoignages visiblement sincères pour une histoire qui manque d'un vrai background pour être vraiment crédible. Kirk Acevedo et Damon Gupton amène quelques répliques amusantes pendant que Carolina essaie de trouver la faille dans leurs témoignages respectifs.
A la différence de l'intrigue de Timoney, le spectateur est moins passif, pouvant s'amuser à trouver le bon coupable, la mise en scène offrant par la réaction des comédiens quelques fausses pistes intéressantes. Malheureusement, l'ensemble est trop éparpillé au sein de l'épisode pour donner envie de se prendre au jeu, surtout que la conclusion va s'avérer des plus frustrantes, optant pour la plus mauvaise des solutions. Sans vrai enjeu, cette intrigue ne permet pas non plus d'installer de manière crédible le détective Rivera, la faute à un manque cruel de caractère pour s'imposer face à Timoney.
Elisabeth Rodriguez propose un jeu intéressant, mais occupe une place mineure dans la progression du show, laissant l'impression d'une pièce rapportée pour compléter un épisode trop chiche en contenu. A trois épisodes de la fin, Prime Suspect semble abandonner l'idée d'une montée en puissance pour opter pour une conclusion par défaut, celle d'un cop show en fin de vie.
L'équilibre personnel selon Timoney
La troisième partie de l'épisode va concerner la vie privée de Jane, Blackjack se permettant à plusieurs reprises de faire différentes allusions à son père. Le jeu est évidemment de la déstabiliser en la ramenant à ses origines, une fille d'un patron de bar irlandais, essayant ainsi de la sortir de son personnage autoritaire de détective. Le spectateur ne peut en effet que constater combien Timoney est différente entre le commissariat et sa vie privée, refusant que les deux se mélangent en s'efforçant de tout compartimenter. Ce comportement lui permet de garder le contrôle sur son existence, s'interdisant tant que possible d'emporter ses soucis professionnels au sein de sa vie de couple.
Que ce soit avec son père ou son mari Matt Webb, Jane s'efforce de conserver chacun d'eux dans un compartiment très précis, refusant d'évoluer sur ce point et de voir leurs relations se développer dans une autre direction. Sa relation avec Duffy reste du coup assez tendue malgré les efforts de celui-ci, Timoney restant sur la première impression, quoi qu'il en coûte. Obstinée et acharnée, Jane voit le changement d'un mauvais oeil et ressent la récente promotion de son petit ami comme une menace pour la routine de leur relation et l'équilibre qu'elle a trouvé dans leur rapport de force.
Maria Bello parvient parfaitement à incarner cette femme persévérante qui compartimente toute son existence et vit le moindre changement comme une agression, se définissant dès lors comme peu sociable. Adepte du contrôle, elle se place dès le moindre signe d'évolution sur la défensive, quitte à mettre en péril son couple qui apparaît alors comme construit sur un besoin plus que sur des sentiments.
Un casting qui fait la différence
La question peut vite se poser de savoir pourquoi avoir mis une note correcte alors que la structure de l'épisode est défaillante et les storylines trop indépendantes pour captiver réellement. La réponse est toujours la même et justifie le visionnage sans difficulté : les comédiens sont très bons et les voir opérer ensemble dans le final est un pur moment de plaisir. Le principal regret de l'épisode reste le manque d'utilisation de Brian O'Byrne, Duffy restant le coéquipier idéal de Timoney, tout comme l'association Calderon - Blando pas assez exploitée ici.
En conclusion, un épisode correct qui vaut surtout par la qualité de ses personnages et des interprètes, donnant une identité forte à Prime Suspect. Une construction en mosaïque qui manque de continuité, surtout concernant la vie privée de Timoney, formant un ensemble de storylines trop indépendantes et assez pauvres en contenu. Plus que trois épisodes avant la fin, en espérant que les scénaristes nous proposeront un final digne du potentiel du show, offrant la fin qu'ils méritent à Jane et ses hommes.
J'aime :
- la scène de l'interrogatoire de Tim Griffin
- le casting excellent
- l'évolution dans la relation entre Timoney et Matt Webb
Je n'aime pas :
- trois storylines trop indépendantes
- certains éléments de l'intrigue peu exploités
- la conclusion de l'intrigue de Rivera
Note : 12 / 20
Un épisode assez faible en apparence, réunion de trois storylines très indépendantes assez superficiel et plutôt décevante par leur conclusion. C'est une fois de plus le casting remarquable, avec un Tim Griffin absolument épatant, qui fait la différence, donnant une scène de l'interrogatoire marquante et réellement superbe.