Critique : Seinfeld 1.05

Le 09 avril 2011 à 14:05  |  ~ 6 minutes de lecture
Pour son premier season finale, Seinfeld propose un épisode faible, doté de quelques répliques bien senties, mais d'une incapacité à libérer Georges et Elaine de la présence de Jerry.
Par sephja

Critique : Seinfeld 1.05

~ 6 minutes de lecture
Pour son premier season finale, Seinfeld propose un épisode faible, doté de quelques répliques bien senties, mais d'une incapacité à libérer Georges et Elaine de la présence de Jerry.
Par sephja

Pitch Seinfeld final season 1 

Dans le but de renforcer leur relation, Jerry prévoit de partir dans le Vermont avec sa petite amie, tandis qu'Elaine, qui est allergique aux chats de son copain, peine à maintenir la sienne à flots. Georges prévoit pour sa part de placer de l'argent en bourse et propose à Jerry de partager l'investissement en deux... 

 

Un scénario abominable...

 

Dans les saisons à venir, je chanterai fréquemment les louanges de Seinfeld, ses dialogues impeccables, son sens de l'humour remarquable. Seulement, il faut savoir appeler un chat un chat : ce scénario est d'une nullité abyssale, n'exploitant aucune des idées avec un tant soit peu de talent, ne fournissant aucun point de départ ou d'arrivée valable. Pour un season final, c'est absolument navrant, et l'épisode est si décevant que je dois reconnaître que j'avais oublié son existence. 

Visiblement soucieux de montrer tous ses personnages à leur avantage, Larry David nous propose un scénario digne d'une mauvaise sitcom, bric à brac sans queue ni tête, avec à la clé une histoire d'action en bourse totalement non visuelle et ennuyeuse. Heureusement que Kramer, par le biais d'expressions savamment choisies, va arriver à apporter un peu d'humour dans ce marasme total tant cet épisode est indigne de la série. 

Bref, je me calme, car il reste des points on ne peut plus positifs dans cette intrigue au rabais : des dialogues bien pensés, Elaine et Jerry qui fomentent des plans pour tuer des chats, Georges... Mais non, je n'y arrive pas, cet épisode est mauvais, il contient tout ce que la série a comme défaut et c'est bien ce qui le rend justement plus intéressant que les autres. 

Tout d'abord, il faut savoir que Larry David se montre exceptionnellement peu loquace sur cet épisode tout simplement car il va totalement à l'encontre de ces convictions en matière d'humour. Convaincu que le quotidien est seul source de comédie, Larry David s'inspire d'expériences vécues pour constituer l'ossature de ces histoire. Dans les saisons à venir, il prouvera à plusieurs reprises combien la banalité peut être une source de comédie remarquable, la série posant un regard critique et acerbe sur les comportements humains. 

Seulement ici, rien n'est développé, l'épisode est clairement bâclé, ce qui pour un season final est vraiment un comble. Et la vérité est pourtant évidente : cet épisode ne contient que des "chutes scénaristiques", des petits projets avortés qui n'avaient, à la base, pas été retenus par les créateurs du show. Il s'agit d'embryons de script, mais qui en disent beaucoup sur le fonctionnement de ses créateurs, le pire n'étant que l'expression d'un manque de travail.

 

... mais des acteurs remarquables

Car si l'épisode n'est qu'un fourre-tout, il va malgré tout se maintenir grâce au numéros remarquables des différents comédiens, les dialogues mettant chacun d'eux parfaitement en valeur. A de nombreuses reprises, les personnages retrouvent cette hypocrisie qui réussit si bien à Seinfeld, ce mélange de mauvaise foi et de méchanceté qui fait la force du show. Voir Georges récupérer son pourboire est un grand moment, et les acteurs se servent énormément des réactions du public pour orienter leur jeu. 

Mais personne ne maitrise mieux les réactions du public que Kramer, provoquant les rires par son jeu outrancier et imprévisible. Pour la première fois, le personnage est parfaitement en place et parfaitement à l'aise avec cette évolution scénique si particulière. Kramer est une vraie création originale, un objet de comédie pure vraiment remarquable qui sauve les meubles d'un scénario bien mal parti. 

(Pour la seconde fois, je tiens à signaler que je n'encense en aucune manière que ce soit Michael Richards, tant il n'a jamais su se montrer à la hauteur de Kramer. Je n'en parlerais plus.) 

 

Des personnages qui doivent apprendre à s'émanciper

Le dernier défaut de Seinfeld dans cette première saison vient essentiellement de son identité, celle d'un show qui porte le nom de sa star et ne devrait normalement jamais s'en séparer. Durant tout l'épisode, Jerry est omniprésent et les trois autres personnages donnent l'impression de ne pas exister en son absence. Cette frustration de ne pas voir Georges aller à l'hôpital ou Elaine lutter contre son allergie est simplement insupportable. Heureusement, par la suite, Georges, Elaine et Kramer prendront de plus en plus d'importance, la saison deux étant clairement celle de l'émancipation pour les trois comparses de Jerry.

La force de Seinfeld vient surtout de sa capacité à aller au-delà du concept commercial, celui d'une série centrée sur un comique et de chercher à dépasser la seule forme comique du stand-up. En faisant de Georges, Elaine et Kramer des personnages importants, Jerry se retrouve souvent en position de faiblesse, les spectateurs réagissant beaucoup mieux à l'apparition de Kramer ou aux mimiques de Georges qu'aux réflexions de la star. Loin d'être un show mégalomaniaque, les comédiens ont ici un vrai esprit de troupe et nul doute que cet épisode raté a du convaincre Seinfeld d'accepter de prendre un peu de recul pour permettre aux autres personnages d'exister pleinement.

 

Un mal pour un grand bien

Certes, l'épisode final de la saison 1 est très faible, mais il est surtout symptomatique des dernières lacunes d'un show, révélant au grand jour les dernières améliorations à faire. Car plus qu'une création, une série est avant tout un processus qui nécessite ajustement et remise en cause pour atteindre la perfection. Malgré ses imperfections et ses lourdeurs, j'espère sincèrement que les curieux qui se pencheront sur cette première saison d'une des meilleures séries de tous les temps (3ème derrière The Sopranos et The Simpsons) et prendront plaisir à voir à taille réelle le lent travail qui mène à la recette du succès. 

Car Larry David et Jerry Seinfeld ne répèteront jamais les erreurs de cet épisode (utilisation de la voix off, pas de mise en image des situations) et auront l'humilité d'apprendre de leurs erreurs durant une saison deux qui s'avèrera en tout point supérieure. 

 

J'ai aimé : 

  • Kramer qui trouve enfin sa place
  • les rires d'un vrai public 
  • Georges qui parvient à soutirer de l'argent à Jerry sans le dire.

Je n'ai pas aimé : 

  • un scénario mal pensé
  • un manque de dynamisme et de structure déplaisant 
  • des personnages qui doivent apprendre à s'émanciper 

Note : 09 / 20 

Merci à tous ceux (les pauvres) qui ont pris la peine de suivre les critiques de cette première saison. 

Le bilan de la saison un ne saurait tarder, suivi des critiques de la saison deux. 

Découvrir Seinfeld, cela vaut vraiment la peine, je vous le promets. 

Merci encore à toute l'équipe de séries-all pour cet espace de parole (que personne ne lira, mais ce n'est pas grave :) ) 

A bientôt pour le bilan de la saison un 

(51)

L'auteur

Commentaires

Avatar CAD
CAD
Je te confirme que tu aies bien lu :) Mais bon moi je connais rien de Seinfeld alors...

Image Seinfeld
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12.37

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