Critique : Terriers 1.03

Le 10 avril 2011 à 20:31  |  ~ 5 minutes de lecture
Pour son troisième épisode, Terriers va séparer le duo en proposant deux storylines indépendantes. Un épisode particulièrement sombre qui vient confirmer l'atmosphère mélancolique du show.
Par sephja

Critique : Terriers 1.03

~ 5 minutes de lecture
Pour son troisième épisode, Terriers va séparer le duo en proposant deux storylines indépendantes. Un épisode particulièrement sombre qui vient confirmer l'atmosphère mélancolique du show.
Par sephja

Pitch doberman 

Toujours à la recherche d'un prêt pour pouvoir conserver sa maison, Hank va accepter la proposition d'un banquier, Armand Foster, pour suivre et prouver l'infidélité de son épouse. Fâché du manque de confiance de son coéquipier à son égard, Britt va se retrouver confronté à un vieil ami surgi du passé, aux intentions pour le moins louches.

 

La fidélité et la confiance

 

 

Premier épisode à remettre en cause la relation entre Britt et Hank, Terriers va se scinder et proposer deux storylines bien distinctes suivant le principe classique des séries de la dualité mission-mythologie. Le but est clairement de donner un peu d'espace à Britt et d'essayer, avec une réussite discutable, de mettre en lumière son passé. Avec l'apparence d'un stand alone, cet épisode va surtout permettre de confirmer l'importance pour les deux héros de rester ensemble, l'équilibre de leur existence dépendant énormément de leur amitié. 

Toujours obsédé par l'achat de la maison de son ex-femme, Hank va se retrouver mêlé à une enquête où se mélangeront adultère, masochisme et trahison, le tout sur un ton assez mélancolique. Porté par deux excellentes guests (Shawn Doyle et Olivia Williams, tous deux excellents), l'intrigue va faire preuve d'une certaine lenteur, évoquant par certains instants le Vertigo d'Hitchcock, amenant petit à petit Hank à révéler sa vraie nature, celui d'un homme qui souhaite inconsciemment voir les autres souffrir autant que lui. 

Devant l'inquiétant comportement manipulateur de son collègue, Britt va prendre ses distances le temps d'un épisode, afin de mettre au défi leur confiance mutuelle. Seul avec son amie Kate, il va se retrouver confronté à son passé à travers l'irruption de Ray, un ancien compagnon de cambriolage qui va tenter de la convaincre de revenir dans le métier. Cette sous-intrigue va se révéler un rien décevante, car si Britt va justifier son capital sympathie par un comportement d'une grande intégrité, le développement de son personnage semble limité, incapable d'agir sans les conseils de Hank pour le guider. Loin d'éclairer le passé de Britt, les quelques révélations vont s'avérer plutôt insuffisantes pour pouvoir lui donner une dimension supplémentaire.

 

Un épisode qui révèle la vraie nature du show

Conçu comme un épisode stand alone, sans aucun lien avec l'affaire Lindus, Terriers aurait pu jouer la carte de la légèreté en proposant un point de vue assez comique sur toute cette histoire. La séquence de l'hôtel s'avère d'ailleurs très amusante, la série ne manquant pas d'humour dès que Hank et Britt sont réunis.

Seulement, en séparant volontairement les deux héros et en choisissant le thème de la fidélité, la série va vite prendre un ton beaucoup plus sombre, laissant transparaître tout le pathétique et la force dramatique des deux héros. Terriers fait dans cet épisode le choix d'une ambiance lourde, celui de deux personnages en souffrance, confrontés à une réalité qu'ils semblent incapable d'assumer tout seul.

La fidélité de chacun va être testée, tout comme celle du spectateur, face à un épisode d'une transparence totale, qui refuse de masquer sa véritable nature derrière l'artifice d'une intrigue policière anecdotique. Terriers est le portrait de deux personnages au bord du vide, incapables de croire à une société où l'amour est synonyme de souffrance.

 

Le prix de la vérité

Depuis l'histoire de l'arme déposée dans le tiroir de Robert Lindus, la série ne cesse de parler insidieusement de mensonge et de vérité, ainsi que du prix à payer pour la révélation du celle-ci. Car si le mensonge peut être orienté pour créer le minimum de dégâts, la vérité ne connait aucune limite, brisant tout sur son passage sans laisser de survivants. La fin de l'épisode confirmera cette tendance, donnant à voir un Hank inconscient des conséquences, utilisant la vérité comme un moyen de pression ultime, entre colère et désespoir. 

Terriers trouve alors toute sa force, proposant des personnages d'un réalisme poignant et remarquable, à la limite du naturalisme. Dès lors, par sa noirceur, sa lenteur et sa mélancolie, la série parle aussi de notre fidélité en tant que spectateur, questionnant notre capacité à aller jusqu'au bout d'une histoire qui ne fait que commencer.

 

Un épisode d'une force impressionnante

Porté par une réalisation et un casting relativement superbe, Terriers surprend en jouant la carte de l'intrigue indépendante pour mieux nous permettre de découvrir la vraie nature du show. Porté par un rythme assez singulier, le show joue la carte d'un réalisme cru et direct qui s'intègre superbement au décor et à l'ambiance assez lourde de l'épisode. Les numéros de charme de Hank se permettent plus de cacher sa soif de destruction, porté par une rage qu'il semble incapable de contrôler.

On reprochera certes quelques longueurs ainsi qu'un manque de développement dans la partie de l'épisode concernant Britt, son rôle se limitant encore trop à contrebalancer la noirceur de Hank. L'épisode s'avère avant tout comme une vraie et bonne surprise, celle d'une série qui joue le jeu du réalisme, quitte à tout détruire sur son passage.

 

J'aime :

  • le casting vraiment remarquable (mention spéciale à Olivia Williams) 
  • la direction artistique remarquable 
  • le ton d'une sincérité et d'une force poignante 

Je n'aime pas : 

  • la conclusion de la storyline de Britt qui aurait mérité plus de développement

Note : 15 / 20

(54)

L'auteur

Commentaires

Avatar burt
burt
Je suis tout à fait d'accord avec toi. Principalement sur ce que tu dis à propos de l'autodestruction des personnages . Dommage que cette série n'ait pas été prolongée.

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12.66
12.66

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