Critique : The Borgias 1.05

Le 27 avril 2011 à 05:26  |  ~ 5 minutes de lecture
Un épisode de transition très efficace. Le ton devient plus sombre tandis que Lucrèce découvre le plaisir de la vengeance. Au programme, différentes visions de l'amour, un portrait de Cesare Borgia et une photographie vraiment superbe.
Par sephja

Critique : The Borgias 1.05

~ 5 minutes de lecture
Un épisode de transition très efficace. Le ton devient plus sombre tandis que Lucrèce découvre le plaisir de la vengeance. Au programme, différentes visions de l'amour, un portrait de Cesare Borgia et une photographie vraiment superbe.
Par sephja

Pitch amour et châtiment 

Maintenant que Lucrèce vit avec Giovanni Sforza sous la coupe d'un mari rustre et indélicat, le Pape Alexandre VI continue d'essayer de couper l'herbe sous le pied de ses opposants en tentant de marier au mieux ses deux fils. Seulement, Cesare tombe amoureux d'Ursula Bonadeo et échappe petit à petit de la domination de son père pour se rapprocher de sa mère. 

 

Un épisode de transition très réussi

Rythmé et efficace, cet épisode donne libre cours aux sentiments des différents membres de la Famille Borgia, Cesare et Lucrèce en tête. Le père perd de plus en plus de son influence sur sa famille, et ses deux enfants commencent à remettre en cause son autorité, en tentant d'échapper au joug d'un mari violent pour l'une, et à un titre qu'il ne supporte plus pour l'autre. En prenant quelques libertés avec l'histoire, Neil Jordan construit le portrait d'une famille qui se brise en morceaux, laissant Lucrèce perdre lentement son innocence au profit d'une fascination morbide pour la mort. 

On pourra reprocher ce souffle romanesque à Neil Jordan, tout comme certaines approximations historiques, il n'empêche que sa description des Borgias est à la fois cohérente et crédible. La mise en scène préfère miser sur l'énergie des sentiments, le souffle romanesque de son histoire, portée par un casting formidable, François Arnaud en tête.  

 

L'amour et ses différentes formes 

 

Etrange sentiment qui peut prendre différentes formes, l'amour est étroitement lié à la mort, tout comme Lucrèce va en faire l'amère expérience. L'amour d'un mari pour son épouse, elle ne peut pas en comprendre la signification, sa relation avec Giovanni Sforza se limitant à des rapports sexuels brutaux et imposés. Refusant d'en avertir son père, elle va petit à petit se rapprocher d'un jeune serviteur du nom de Paulo et créer entre eux un trouble rapport de séduction. 

Beaucoup moins ingénue maintenant, Lucrèce commence à faire ses armes en tant que manipulatrice, goûtant visiblement un certain plaisir à utiliser les hommes soumis à sa beauté. Holliday Granger propose un jeu très nuancé, entre innocence et cruauté, découvrant petit à petit un goût pour la vengeance froide et brutale. Cette évolution, si elle est historiquement discutable, est bien amenée et converge bien vers la description initiale de la jeune femme. 

Le vrai amour, Cesare va en faire l'expérience en la personne d'Ursula Bonadeo, épouse d'un noble Romain qui avait insulté la mère du jeune cardinal. Conscient de leur amour réciproque, Cesare va aller prendre conseil auprès de sa mère et de son assassin Micheletto, tout en s'éloignant de plus en plus du giron paternel. Trop influencé par les femmes, Cesare parvient de moins en moins à supporter les manipulations de son père et le costume de Cardinal qu'on lui a imposé. 

L'amour pour Juan reste une plaisanterie de mauvais goût, le jeune fils se montrant encore particulièrement volage et libertin.  Toujours sous-exposé, il n'hérite pour le moment que du rôle du comique de service, ce qui est vraiment regrettable, enlevant une dimension intéressante au récit. L'amour n'est pour lui qu'un mot, une plaisanterie, le personnage ne possédant pas ce romantisme qui intéresse Neil Jordan. 

 

Portrait famille Borgia n°3 : Cesare Borgia


Interprété par un François Arnaud toujours aussi formidable, Cesare est un homme d'action que son père tient à garder au plus prés de lui car il possède une vraie capacité à voir au delà des apparences. Bras armé du Pape, il déjoue les complots tout en anticipant intelligemment les actions du Cardinal Della Rovere grâce à son serviteur Micheletto. Peu enthousiaste à l'idée de devenir Cardinal, il prend petit à petit ses distances avec un père qui refuse de lui laisser sa liberté. 

Il se montre protecteur avec sa soeur, et leur relation ambigüe est le symbole de son attachement aux femmes, Cesare voyant l'univers masculin comme un monde corrompu et décadent. Homme aux appétits plutôt simple, il n'aspire qu'à une existence loin de l'Eglise. C'est en définitive un personnage étrange tant il fait preuve d'une noblesse d'âme surprenante pour un Borgia. 

 

Une direction artistique remarquable

Si l'on peut reprocher à la série une certaine répétition dans les scènes entre Cesare et Micheletto, la scène finale entre les deux hommes est absolument superbe du point de vue de la photographie. Paul Sarossy, dont on se souvient l'extraordinaire travail pour les films d'Atom Egoyan (en particulier "De Beaux Lendemains", mon préféré) montre toute l'ampleur de son talent à travers cette scène de duel magnifique. 

Il en reste en définitive un épisode prenant, doté d'une surprenante énergie, parvenant à donner au récit une cohérence remarquable malgré les petits arrangements faits avec l'histoire.

 

J'aime : 

  • François Arnaud, toujours formidable
  • un vrai souffle romanesque 
  • l'évolution intelligente de Lucrèce Borgia
  • la photographie superbe de Paul Sarossy 

Je n'aime pas : 

  • l'aspect politique pas totalement satisfaisant
  • Juan et Alexandre VI peu mis en avant
  • Della Rovere pas assez bien exploitée

Note : 14 / 20

Bonne nouvelle, la série vient d'être renouvelée pour dix épisodes de plus l'année prochaine.

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