Cinq années ont passé depuis la saison 1 de The Deuce (enfin, dans la série hein. En vrai, ça fait douze mois à tout péter). L'occasion de redécouvrir tous les personnages et de comprendre petit à petit ce qui s'est passé durant ce laps de temps. Je vais être franche : après plusieurs mois sans suivre la série et avec une ellipse temporelle de cinq ans, on se sent d'abord complètement perdu. Mon petit doigt (Jean-Phalange, de son prénom) me dit que ce n'est sans doute pas innocent. Et puis, petit à petit, on réapprivoise le show. Finalement, nos habitudes sont toujours là. Elles étaient juste bien cachées au fond d'un sex-shop.
Ah. Le look moustache-moumoute de la fin des années 70. <3
Là où tout change
Premier plan de la saison : l'arrivée de Candy dans le nouvel établissement de Vincent. Il semblerait qu'elle connaisse une petite notoriété dans la ville. Car oui, l'ancienne prostituée libérale de New York a enfin réussi à s'émanciper. Fini le trottoir, bonjour la réalisation et l'actorat occasionnel de films pornos. Cette transformation fait plaisir à voir, car Candy était sans doute l'un des personnages les plus en souffrance du show. Elle qui combattait pour son indépendance semble avoir réussi à gagner la confrontation la plus importante de sa vie.
Plus besoin de perruque pour que Candy se sente briller.
La vie des macs paraît aussi avoir changé. Pour preuve, l'échange entre C.C. et un nouveau mac inconnu au bataillon, latino et beaucoup moins tape à l’œil. Le règne doré des proxénètes serait-il terminé ? Désormais, les prostituées semblent avoir leur mot à dire. Elles ne font plus uniquement le trottoir à la recherche d'un client régulier, mais arrivent à avoir un revenu stable en jouant dans des films pornos. Darlene a même réussi à passer un diplôme dans le dos de son mac, sans nul doute dans le but de se cultiver, et sans nul doute aussi dans celui de s'émanciper à plus long terme.
"Vend à prix bisou superbe veste en velours violet. MP si intéressé."
Là où rien ne change
Si on pense dans un premier temps que la vie de Vincent a changé, et que le succès de ses établissements continue de croître, on se rend vite compte qu'il doit toujours réparer les conneries de son frère jumeau. Très franchement, j'ai du mal à comprendre pour quelles raisons il ne l'a pas encore envoyé chier. Mais je suppose que les liens fraternels sont impénétrables (ou alors, que ça arrivera plus tard dans la saison). Si Vincent s'occupe désormais d'une sorte de boîte de nuit hype, son royaume n'a pas beaucoup évolué. Son bar initial est désormais tenu par Abby, sa toujours petite amie, et la maison close continue d'exister sous l'oeil "impliqué" de Bobby.
Quand Abby milite pour la suppression des justaucorps.
Du côté de Candy maintenant, même si elle semble s'émanciper en tant que réalisatrice, elle continue d'être confrontée à la vision misogyne des hommes. Elle tente d'imposer sa patte dans le monde du porno majoritairement masculin, mais n'y parvient pas encore complètement. En cause : son souhait de valoriser à la caméra l'orgasme féminin et sa vision artistique de l'acte sexuel. Refus catégorique de la part du producteur, car "on s'en fout, on veut voir des teubs et des salopes" (en résumant). Constat tristement amer, quand on se rend compte que les choses n'ont pas réellement changé dans ce milieu en quarante ans.
Si les prostituées ne font plus uniquement le trottoir, on perçoit assez rapidement que les macs continuent d'avoir de l'emprise sur elles. En effet, ce sont toujours eux qui décident de leur emploi du temps, et de si oui ou non, elles ont le droit d'aller faire du porno. Là encore, on les sent complètement dépassés par l'évolution du métier. Plutôt que de comprendre, il leur semble plus facile d'affirmer leur supériorité, même (et surtout) à tort.
Tentative de C.C. de garder la tête haute. Semi-échec.
Cet épisode est principalement introductif. S'il nous perd un peu au début, c'est pour mieux nous permettre de retrouver nos marques par la suite. Finalement, malgré une évolution importante, les bases fondamentales de la série sont toujours là. Reste à savoir comment celles-ci vont s'appliquer dans un univers en pleine mutation et aux mœurs changeantes.
J'ai aimé :
- Le nouveau générique. La musique est démentielle.
- L'ambiance de la série, toujours aussi glauque et malaisante.
- Revoir tous ces personnages qui m'avaient manqué.
J'ai moins aimé :
- Revoir les italiens, qui ne m'ont jamais réellement passionnée.
- ...
Ma note : 14/20