The Jury Part V : Délibération
Le jury se réunit pour discuter de la culpabilité d'Adan Lane, poussant Paul à parler d'une preuve qui a été effacée du dossier et dont il a appris l'existence par ouï-dire. Aussitôt, les délibérations vont s'animer entre les pour et les contre, certains jurés choisissant de prendre cette preuve en considération. C'est alors que Rashid va découvrir un élément qui va modifier la donne et changer en profondeur la teneur du débat.
Résumé de la critique
Un épisode convenable que l'on peut décrire ainsi :
- une délibération plutôt réussie
- un épisode qui confirme les limites du show
- une épilogue qui choisit bêtement son camp
- un bilan de fin de saison
Un débat très animé
The Jury s'achève avec la délibération et le verdict, deux moments difficiles pour les auteurs qui doivent donner du sens à une conclusion qui va commettre quelques impairs. La première partie reste indubitablement la meilleure, la délibération s'avérant plus qu'animée grâce à la qualité des dialogues et des comédiens, proposant un vrai débat entre les faits et le ressenti. Tout le procès repose sur cette opposition, permettant aux auteurs de proposer un résumé de grandes lignes de leur intrigue avant que Paul sorte de son rôle pour parler des éléments exclus du dossier dont il a eu écho.
La storyline de Steve Mc Kintosh prend alors tout son sens, le comédien parvenant à appuyer l'aspect profondément dramatique de sa révélation. Les réactions sont intéressantes par l'éclairage qu'elles apportent sur l'importance du fonctionnement de la justice et des garde-fous qu'elle met en place pour protéger ce groupe de personnes. Le débat s'anime et la délibération abandonne le cadre de la simple lutte d'égo pour passer dans le champ de la discussion raisonnée, chacun révélant les raisons profondes qui le poussent à choisir un camp plutôt qu'un autre.
Le but est de convaincre le spectateur du bon choix à prendre et c'est à partir de ce point que la série commence à commettre certaines erreurs. Si le ton intimiste, la qualité d'écriture, le talent des comédiens est toujours le point fort du show, la parfaite neutralité de la mise en scène s'effrite lentement et va créer un certain malaise.
Un verdict qui se veut unanime
Malheureusement, ce qui était prévisible va se dérouler, à savoir le basculement du show d'une neutralité parfaite vers le besoin de fournir au spectateur un final incontestable. L'écriture commence alors à orienter le récit, laissant apparaître le but réel de ces petites intrigues qui composaient la série : nous faire prendre en sympathie un camp plutôt que l'autre. La réalisation est certes toujours élégante, mais la magie ne fonctionne plus avec un scénario clairement orienté cherchant à donner un sens moral au travail du jury.
La réaction de l'accusé au moment du verdict est poignante, une des dernières scènes réussies d'un épisode qui fait le choix d'un camp plutôt qu'un autre, préférant de ne pas laisser d'incertitude sur la justesse de celui-ci. Là où le doute était l'un des moteurs de la narration, cet épisode abandonne le réalisme au profit d'une forme plus mélodramatique, transformant ces simples citoyens en héros d'une certaine idée de la justice. Incapable de donner du sens à cette intrigue dans son ensemble, les auteurs optent pour la solution de facilité et choisissent de mettre en avant une moralité assez décevante.
Le besoin d'unanimité va plomber le récit, offrant un épilogue maladroit là où le show aurait pu faire preuve de simplicité pour proposer une conclusion plus juste. L'épilogue va alors enfoncer le clou en essayant de donner à cette intrigue une dimension politique particulièrement énervante, transformant ces personnages en porte-parole d'une certaine idéologie.
Un épilogue agaçant
Finalement, le verdict passe et les dix dernières minutes vont venir confirmer les qualités et les défauts de cette série, avec un casting remarquable, mais au service de petites intrigues assez décevantes. La conclusion de l'intrigue de Tahir est de loin la plus discutable, servant avant tout à défendre une vision de l'Angleterre trop orienté politiquement pour être honnête. Le show fait alors clairement dans l'angélisme et verse dans le mauvais mélodrame, transformant un simple jury en vitrine d'une certaine idée de l'identité anglaise et son multiculturalisme.
L'idée que l'expérience d'un jury renforce le lien social est plus intéressante, mais aurait méritée un traitement plus simple avec moins d'emphase. Ce point de vue traité avec dignité aurait pleinement suffi à justifier la série en lui donnant du sens, raconter une expérience collective qui n'avait pas besoin de se prolonger au-delà du nécessaire. Une conclusion malheureusement pas à la hauteur des épisodes précédents, écueil prévisible que les auteurs n'ont pas cherché à éviter, optant pour la solution de facilité.
Au final, The Jury déçoit un peu, non par l'absence de grands effets théâtraux de dernière seconde, mais par la façon dont le récit ne parvient pas à garder son objectivité jusqu'au bout. Heureusement, la dernière scène entre les deux avocats, très réussie, montre ce qu'aurait pu être ce show en optant pour un ton réaliste et en préférant un discours plus humain et moins politique.
Bilan de la saison un : la difficulté de faire le bon choix
Série anglaise de 2011 qui fait suite à une première série de 2003, The Jury se montre aussi convaincante que son ainé au premier abord, racontant la destinée d'un groupe de douze individus sommés de faire un choix. L'exposition des faits est très objective, séduisante dans la forme, avec des scènes au tribunal très bien écrites portées par des comédiens très convaincants. L'ajout de petites histoires annexes permet de mieux comprendre les convictions de ces jurés, la vie privée venant influer sur leur rapport à l'accusé.
Dans un premier temps, les jurés sont loin d'être des exemples de vertus, certains mentant sur leur identité, d'autres n'hésitant pas à se laisser influencer par les informations venues de l'extérieur. La série semblait donc bien partie pour proposer une histoire loin de tout discours politique, décrivant la difficulté de faire un choix et de se construire une opinion objective en toute indépendance. C'est sur ce thème que le show se montre le plus convaincant, décrivant les existences de personnages confrontés à ce type de décision et obligés de faire certains sacrifices.
Malheureusement, le final fait le choix de ne pas garder cette tonalité humaine au profit d'une forme plus théâtrale et moins objective, prenant la défense d'un certain idéal social. Abandonnant tout réalisme, les auteurs basculent dans le mélodrame et laissent apparaître le côté manipulateur d'une écriture qui n'aura eu comme seul but de nous faire choisir un camp plutôt qu'un autre. Une conclusion regrettable et amer, qui n'enlève rien à la qualité des comédiens et des quatre premiers épisodes, mais vient gâcher une minisérie pourtant particulièrement plaisante.
J'aime :
- les scènes de délibération
- les comédiens formidables
- la scène du verdict dans l'enceinte du tribunal ...
Je n'aime pas :
- ... avant que le scénario ne verse dans le n'importe quoi
- une écriture politisé et beaucoup moins objective
- la conclusion ridicule de la storyline de Tahir
Note : 12 / 20
Un final qui confirme dans un premier temps les qualités du show avant de s'effondrer dans la dernière demi-heure, la faute à une neutralité du récit qui vole en morceaux. La série devient alors un pamphlet pour une certaine vision de la société, offrant une épilogue décevant. Dommage.