Un épisode de gros bébé
Sharon fait partie d'un groupe d'adolescentes qui ont décidé de partager leur grossesse en couchant avec des garçons du lycée. Au bout de quelques mois, elle ne peut plus cacher qu'elle n'a pas réussi à tomber enceinte, se faisant exclure de son groupe d'amies. Le livre du mal va alors venir lui offrir l'occasion de tomber enceinte et de porter l'enfant dont la croissance va se montrer plus rapide que prévu.
Résumé de la critique
Un épisode sympathique, mais un peu bancal que l'on peut détailler ainsi :
- une histoire de paternité qui permet de montrer un nouveau visage de Todd
- une nouvelle dynamique de groupe intéressante pour un scénario un peu fade
- les personnages féminins peu exploité
- un final particulièrement prévisible
Maternité et paternité
Pour cet épisode, les auteurs de TPBE abandonnent les thèmes puérils pour se pencher avec un ton plus mature sur la paternité, offrant l'occasion de poursuivre la réorientation du personnage de Todd. L'excuse de départ est assez énorme du point de vue comique, celui d'un groupe de quatre lycéennes voulant partager leur grossesse, des enfants sans père réel, fruit de l'égoïsme de jeunes mères immatures. Sharon, comme ces trois amies, va tomber enceinte par le biais du livre diabolique, l'épisode se plaçant ainsi à l'opposé de Rosemary's Baby de Polanski.
S'intéressant plus à la révélation qui nait de la paternité, cet épisode montre un Todd qui a clairement évolué, assumant au mieux son rôle dans cette naissance incongrue. L'occasion pour les auteurs de souligner le rapport entre leur héros et le livre, créant une rupture de plus en plus grande entre lui et Jenny. Très centré sur Todd, la série trouve un certain équilibre en laissant son héros s'impliquer vraiment dans une histoire qui trouve dans Atticus un personnage comique remarquable.
Un héroïsme bien partagé
Maintenant que Todd est devenu un peu plus actif dans la résolution des intrigues, une place s'est libérée parmi les seconds rôles comiques qu'Atticus va remplir à la perfection. Formidable lors de ses interventions, Chris Leavins a enfin bien intégré le groupe, apportant une touche d'humour noir agréable, la scène du coup de poing sur une femme enceinte étant assez remarquable. En abordant la parentalité uniquement du point de vue masculin, TPBE désacralise la naissance même si ce bébé sert avant tout à montrer la nature de la relation entre Todd et les forces du mal.
Hélas, si l'intrigue est intéressante et réserve quelques gags vraiment réussis, le récit peine à avancer et va revenir sur la formule classique de la série en lâchant la créature dans les couloirs du lycée. Cette solution de facilité ne parvient pas à masquer une histoire qui tourne en rond et manque clairement de dynamisme. Si les garçons profitent de scènes intéressantes qui lancent l'intrigue, les filles restent en dehors de l'épisode, faisant preuve d'une passivité particulièrement agaçante sans participer à l'avancée du récit.
Régler son compte à l'instinct maternel
Essayant toujours de tordre le cou aux clichés et au tabou, les scénaristes de TPBE s'en prennent à l'instinct maternel, offrant le portrait d'adolescente inconsciente des réalités de la maternité. Vécu comme une provocation à l'encontre de la morale des parents, ces enfants ne sont pas désirés, offrant l'occasion pour les auteurs d'attaquer l'instinct maternel en appuyant sur tous les aspects les plus dégradants de l'accouchement. Broyée, écrabouillée, le corps des femmes est maltraitée et laisse un certain malaise s'installer, l'équipe créative n'arrivant pas à tirer profit de ses personnages féminins.
La scène (voir ci-dessus) entre Jenny et Hannah est symptomatique de la série, un dialogue qui tente de faire rire en proposant deux visions du refus de l'instinct maternel : l'une est matérialiste et l'autre encore immature. Seulement, les deux personnages ne parviennent pas à aller au-delà de ce concept de départ, même si voir Jenny parler de sa peur de perdre son physique tout en mangeant un gâteau est assez drôle. Trop cliché pour fonctionner vraiment, ces deux personnages manquent d'épaisseur et s'avèrent trop prévisibles.
Incapable de trouver un ton original, TPBE joue à se moquer de la maternité sans parvenir à dépasser le stade de la simple blague potache. De ce point de vue, la scène finale devient révélatrice d'une frustration devant l'esprit féminin que les créateurs ne parviennent pas à percer, point faible d'une série qui se heurte à ses propres limites.
Un final discutable
Si l'idée du bébé géant se révèle assez bonne, l'épisode semble peiner à conclure son histoire avant d'opter pour une solution gore plus que regrettable. En éliminant les utilisateurs du livre, la série poursuit une routine qui désigne clairement les coupables qui doivent donc trépasser pour payer le prix de l'invocation. Seulement, ce concept montre ici ses limites, rendant la dernière scène un peu trop prévisible, laissant une impression de voir une formule répétée à l'infini par des auteurs en panne d'inspiration.
En conclusion, un épisode qui parvient à traiter de la paternité avec sensibilité, tout en offrant quelques scènes avec Atticus particulièrement allumés. Seulement, l'absence d'activité des filles du groupe et l'aspect routinier de l'épisode donne au final une histoire trop prévisible proposant une approche de la maternité décalée, mais aussi superficielle avec un manque d'idée flagrant dans le second acte. La portion de l'épisode sur la paternité est par contre intéressante, tout comme l'aspect plus mythologique tournant autour de la relation entre Todd et le livre.
J'aime :
- un épisode intéressant du point de vue de Todd
- Atticus qui hérite de bonnes scènes
- le principe de départ amusant ...
Je n'aime pas :
- ... finalement assez mal exploité
- le manque d'idée dans la seconde moitié de l'épisode
- les personnages féminins peu exploitées
Note : 11 / 20
Un épisode correct qui oscille entre le bon dans la première moitié avec une approche originale de la relation entre Todd et le livre, mais aussi le mauvais avec des personnages féminins particulièrement pauvres et un manque d'originalité inquiétant.