The Big bang theory
Le générique de The Big bang theory est simple, compréhensible et est réductible à une seule idée. Ici le fil conducteur est « évolution », constamment nous sommes dépassés par le langage et le comportement des personnages, dans le premier cas le langage est exagérément pompeux pour rendre un effet comique, l’érudition des personnages n’est pas naturelle, on force le trait volontairement. Le comportement des personnages contraste avec leurs agissements, ils se disputent pour des simplicités alors qu’ils sont des génies savants (Ca me rappelle la photo d’Einstein tirant la langue qui joue sur le même effet). Bref, concernant le générique en lui-même, les personnages n’y sont pas représentés, le générique (techniquement, artistiquement, …) renvoie au terme « évolution » :
1/ Image de gauche : Musique douce, mouvement lent, peu d’années représentées sur la barre historique. Pour résumé, nous sommes presque dans l’évolution nulle.
2/ Image au centre (les dinosaures) : Musique s’accélère, défilement d’images plus rapide mais lisible (on les distingue toujours), il y a de plus en plus d’années représentées sur la barre historique mais toujours des fossés entre les dates, l’évolution s’accélère.
3/ Image à droite (Renaissance artistique, David de Michel-Ange) : Musique extrêmement rythmée (paroles inaudibles ou presque), défilement d’images illisible et fonctionne quasi de manière subliminale (on perçoit des symboles qui renvoient tous à ce concept d’évolution), la barre historique est désormais peuplées de dates très proches (moins de 50 ans entre chacune). L’évolution est sans précédent avant la parole « Bang » qui fait transition vers nos lascars mangeant leurs plats asiatiques (ce seul plan témoigne du contraste pseudo génie / primate (leur manière de manger).
How I met your mother
Toujours le même critère de simplicité, ici c’est le mot « souvenirs » qui définit la série. Le premier élément est propre au contenu de la série et la voix off du personnage qui explique comment il a rencontré la mère de son fils. Les couleurs des images sont édulcorées, l’image est peu naturelle, on est dans une vision vitriolée de l’existence. Comme dans Big bang theory, la technique permet une nouvelle fois de distinguer HIMYM des autres séries. Ici, le procédé est de faire défiler des photos dans lesquelles le spectateur pénètre, il y a l’idée d’immersion dans l’intimité des personnages (le procédé est désormais désuet mais pas à l’époque), on pénètre dans les photos qui révèlent à chaque fois un nouveau personnage. On véhicule de souvenirs en souvenirs. Pour preuve que le thème de HIMYM est le souvenir, le premier plan montre la rousse (edit CAD : Lilly elle s'appelle :D) prenant une photo. Une grande qualité que j’ai trouvé à HIMYM, c’est la facilité avec laquelle les scénaristes placent les personnages dans une situation donnée et le but est de savoir comment ils en sont arrivés là, le coup classique est celui du personnage qui veut à tout prix savoir ce qu’il a fait lorsqu’il était saoul, le coup du personnage qui veut détruire une vidéo qui provoque un questionnement sur son attitude. Ici, le générique montre le final, voici une situation joyeuse et définitive mais … comment en sommes-nous arrivés là ? Ou plutôt, How I met your mother ? Le générique crée encore plus de sens lorsqu’on fait attention à ce point.
Desperate Housewives
Le thème de Desperate Housewives est « le dépassement de sa condition », on pourrait d’ailleurs croire que la série est par moment une vitrine pro féministe (Le plombier qui a une psychologie aussi étoffée que le Ken de Barbie, le père tueur, le noir tueur, le mari avocat cocu mais content, où sont les hommes, j’ai envie de dire … Jack, come back !).Enfin, ce petit écart ne nous éloigne guère de la réduction d’une série en un générique, car c’est ça le générique au final. Si je devais résumer ma série en un mot, ce serait quoi ? Ici, « le dépassement de sa condition » (la grille de lecture n’est pas univoque, chacun y voit ce qu’il veut mais c’est une approche …). Bref, le générique résume cette idée, il y a aussi une idée d’évolution mais elle sert à enrichir l’idée de dépassement de soi. Bref, premier plan sur Eve saisissant la pomme, l’aspect comique représentatif atténue le côté tragique de la scène biblique, cette représentation fait davantage ressortir l’aspect « courage » de la femme plutôt que l’aspect dramatique (Se croire supérieur à Dieu en ne suivant pas sa volonté etc … tout le blabla de Saint-Augustin). Ensuite, on voit cette peinture du style primitif flamand (du Vermeer si je ne m’abuse), dans laquelle l’homme jette sa pelure de banane et la femme nettoie derrière lui. La condition féminine est au niveau zéro, ensuite on a cette peinture de style warholien où la femme porte les courses et les renversent (deux idées en une, femme soumise et société de consommation mais toutefois, la femme a désormais des responsabilités (évolution !!!)). Et enfin, la dernière image montrant la femme giflant l’homme (pour l’info, c’est du Lichtenstein). Et enfin, comme BBT, on veut montrer à travers le générique que ce qui se déroule dans l’épisode n’est que la continuation logique de cette évolution (ici féminine et BBT de l’intelligence).
Criminal Minds
Criminal Minds, prédominance de la logique, aspect cartésien, peu de développement psychologique des personnages, restriction du monde à une dimension (le monde criminel). Bref, ici les personnages atteignent un capital charismatique strictement par leurs capacités de déduction, du coup on évite de souligner quoi que ce soit sur leur vie privée (sauf … si ça alimente par la suite le scénario de l’épisode). Du coup, on est dans une logique manichéenne, le villain et le héros. Evidemment (comme toujours), tout est canalisé dans le générique. C’est fou comme un générique sait vous donner autant d’informations sur le ton et l’ambiance d’une série, je crois pour ma part que c’est probablement l’une des choses les plus difficiles à faire pour une série. Bref, l’aspect cartésien de Criminal Minds apparaît à travers le choix de cadrage des photos (tout est carré et rectiligne), l’aspect manichéen apparaît aussi dans le générique (le bon et le villain dans un petit cadre à côté), la dynamique univoque du monde décrit (les criminels et c’est tout), la méthode employée mais c’est subtile (pas de fusil, on montre des lampes de poches et des éléments qui renvoient à cette idée de police sans que les symboles éveillent de manière unilatérale l’idée de police. En gros, on montre que c’est la police de manière inconsciente, vous déduisez cela vous-même en faisant des liens entre les images.). Autre chose intéressante, les petits cadres évoquent un trait de personnalité du personnage, les mathématiques pour Read, les articles de presse pour le pseudo playboy de CM, Gaidon entouré de photos de criminels (Il les a tous eu, quel homme !).
Dexter
Je voulais finir par Dexter car je trouve sans trop m’avancer que c’est le générique le plus réussi (Du peu que je connaisse). Dans Dexter, tout fonctionne par la métaphore, c’est tellement plus percutant et fort ! Dexter, c’est le « criminel au quotidien », Dexter est le punisher, le dernier recours des innocents dans un monde qui épargne les mauvais. Le générique est très épuré et la métaphore est progressive, on voit Dexter qui se rase (le quotidien), il se coupe et on voit une goutte de sang tomber. C’est là que le générique de Dexter est remarquable, il y a toujours cette symbolique de la goutte de sang qui revient mais pas de manière représentative, comme dans Criminal Minds, c’est nous-même qui construisons le message du générique : Il verse du Ketchup ! Tiens, c’est représenté de la même manière que sa coupure de sorte à ce que ça induise chez le spectateur une assimilation des deux images. C’est un effet classique au cinéma de Pay In/ Pay Off, on crée un message à travers représentation de sorte à ce que quand le spectateur voit une représentation similaire, il fait lui-même le rapprochement et anticipe ce qui suit. Un exemple au cinéma si vous avez vu Gran Torino, Clint fait mine de tuer des jeunes avec ses doigts puis sort un révolver. A la fin, il fait de nouveau le même geste, le spectateur anticipe la suite et Clint nous sort un twist ending inattendu … Dans Dexter, il coupe sa viande, la représentation est presque poétique par moments (Mélange de jaune et de blanc avec les œufs et le Ketchup qui est versé dessus). En fait, ce générique me rappelle un film de Franju (« Sang des bêtes ») dans lequel le réalisateur fait une métaphore du génocide juif dans les camps en montrant le quotidien d’un abattoir, si vous avez l’occasion de voir le film, c’est un chef d’œuvre.
Pour terminer, j’aimerais que vous notiez votre générique de série préféré et ce qui vous motive à l’aimer à ce point !