White Christmas est le dernier épisode diffusé par Channel 4 avant que Netflix ne rachète (et sauve - on ne le dit pas assez) la série.

Et c’est aussi le premier épisode constitué de plusieurs histoires, donc anthologique dans une série elle-même anthologique.

Sur bien des points il s'agit donc probablement de l'épisode ultime de la série, un bilan à ce stade.

C'est l'amalgame de tous les thèmes que Black Mirror a jamais abordé : l’innovation, la manipulation, une simulation, le deuil, de l’isolement, l’identité et la copie numérique… Il y a un peu de tous les précédents épisodes dans ce special qui agit comme un best-of, ou plutôt comme un “worst-of”.

Le tout, toujours avec ce regard très actuel sur notre vie qui pourrait basculer à tout moment.

J’adore la série et je ne peut donc que mettre une très bonne note à cet épisode aussi représentatif. J’adore donc cet épisode aussi !

Mais étant un bilan, il contient inévitablement plus de recyclé et de limites qu’idéalement.

Les intrigues sont en effet assez déconnectées de prime abord, malgré la présence d’un rebondissement qui, à défaut de se voir venir, se sent arriver. Ce qui est à la fois tout le but, mais qui peut aussi être vu comme quelque chose de prévisible malgré tout.

Les très bons acteurs, notamment John Hamm qui a un charisme de fou et qui mène habilement la danse, permettent de s’immerger plus rapidement dans l’histoire et de se détourner de la question évidente qu’on se pose au début (que font-ils là ?) et qu’on oublie, trop absorbé par ce qu’on voit à l’écran…

Il y a en plus une idée géniale dans le fait de combiner trois histoires en une unique qui relie l’ensemble. C’est ce que la série fait plus ou moins avec ses propres histoires : même si elle n’a pas encore fait d’épisode véritablement crossover, et qu’elle repose entièrement pour l’instant sur des univers et des idées uniques et indépendantes à chaque fois, on sent bien que le but est aussi de construire un propos général.

La façon dont tout le second acte (assez long au demeurant) finit par poser le contexte de la sentence du protagoniste (avec un côté très “White Bear”) est assez brillante, notamment. De plus, je suis ultra fan de cette idée d’exploiter toute la nostalgie et la tristesse inhérente à la célébration de Noël, pour donner quelque chose de tragique à la fin. Même s’il s’agit ici de simulation et de jugement, un peu à la manière de White Bear, le protagoniste est plus attachant et il est moins question de débats moraux que d’événements factuellement glauques.

Le titre, “White Christmas”, fait à la fois référence à cette fin cynique, à l’épisode “White Bear” avec lequel il a le plus de similitude, et est également un miroir du titre de la série “Black Mirror”, donnant un épisode compilation où certes, aucune intrigue n’est forcément autant développée ou ahurissante que les meilleurs épisodes de la série, mais où l’ensemble est un mix unique et assez renversant.

C’est une très belle pseudo-conclusion à la série pour qui souhaite s’arrêter sur cette première phase originale Channel 4.

Tout a été dit. Une claque, vraiment. Il n'y a que Black Mirror qui peut critiquer la société, la technologie, voire même l'humanité au final, aussi subtilement et finement.

Surement un des meilleurs épisodes de la série, le premier à poser de manière claire la technologie comme une prison insurmontable de l'esprit, du moment où celle-ci appuie sur le point faible de l'homme : son besoin de vie sociale, son désir de famille et surtout son incapacité à défaire ses propres erreurs.

Il est question ici de culpabilité, celle de Jon Hamm d'abord, merveilleux de naturel, cassant avec l'esthétique froide de l'ensemble. L'exposition de l'histoire est d'ailleurs un modèle du genre, posant clairement le thème de la culpabilité tout en laissant paraitre une technologie fondée sur l'oeil qui n'est pas sans rappeler le 1x03. Black Mirror n'a pas changé, elle a muri et gagné en force, assumant un format de récit exigeant et troublant, tout en intégrant le récit dans le cadre des fables de Noel : une table, une ambiance chaleureuse, un besoin de convivialité et de famille et cette peur de la solitude, cette souffrance que l'auteur va exploiter à merveille.

Les monstres n'existent pas, mais chacun peut le devenir, par l'égoisme d'une seule personne peut générer l'enfer d'un millier d'autres. Lorsqu'on coupe la communication, qu'on impose le silence, on génère la frustration, l'impossibilité de comprendre, la peur panique et on devient sans le vouloir un monstre par notre propre lacheté, ou notre indifférence.

Il y a beaucoup de bonnes idées dans cet épisode, mais la scène du blocage dans l'acte quatre est juste une merveille, largement au-dessus du lot de ce que 2014 nous as offert. En 80 minutes, Black Mirror revient fort et nous offre un voyage dans un vrai cauchemar, celui d'un monde digne de Kobo Abe (avec des poches) où l'être humain se révèle par son incapacité à maîtriser sa peur et son besoin d'exorciser ses démons.

Et quand la porte se ferme et que les démons refusent de disparaitre, il reste les larmes, les cris, la perte de notre humanité, de notre espoir dans des lendemains meilleurs. Reste la mort comme dirait Hamlet... l'ultime porte qu'un simple gizmo technologique peut vous voler avec un cynisme d'une obsenité totale.

Jamais Black Mirror n'a été aussi proche de The Twilight Zone, recoupant le thème de la solitude, de la culpabilité. Brilliant.