Sur la forme l'épisode est perfectible à plein d'endroits, mais j'ai adoré le fait qu'en un épisode, ils parviennent à expliquer toute l'histoire de la série et tout le canon de façon claire et fascinante... le tout sans aucun mot, comme le fait remarquer Nick, dans une série tellement bruyante qu'elle en était devenue parfois agaçante.

Les idées sont ouf (cette spirale d'une partie infinie d'univers infinis), Evil Morty est génial, et les personnages/scénaristes semblent juste faire un point d'arrêt honnête et donner une morale simple à cette série qui m'avait souvent l'air de brasser du vent. C'est pile ce qu'il fallait pour recentrer la série sur une note finale émotionnelle réussie. La scène post-générique reprend cette idée de façon super frontale avec le perso méta par excellence, histoire d'enfoncer le clou.

Je suis un peu frustré que le canon mette autant de temps à démarrer (même si j'ai beaucoup aimé l'arc anime corbeau au départ), ce qui donne une légère impression de "déballage forcé" du lore ensuite. Mais en même temps, ça permet aussi de ne pas laisser place à un doute sur la véracité de ce qu'on voit, et dans une série comme R&M, c'est quand même nécessaire. D'ailleurs, rien ne dit que tout ça ne sera pas effacé d'une pirouette en saison 6, 7, 8, 9, 10. Mais j'en doute.

Alors oui on pourra se dire cyniquement que les aventures reprendront et que ce pseudo-final de série aurait dû tout conclure, mais en tant que tel je l'ai trouvé génial.

Par contre, c'est clair que j'ai l'impression tenace, surtout après ces saisons 4 et 5 majoritairement horribles, que Rick & Morty avait juste gardé au chaud précieusement son bouquet final, et a enfin décidé d'ouvrir la boîte de Pandore. Mais maintenant qu'on a la révélation du One Piece, que reste-t-il à dire ? Et contrairement à l'oeuvre d'Oda - ou toute autre oeuvre qui se garde un point de chute ultime bien au chaud, de Better Call Saul au Doctor Who de Chibnall, R&M ne construisait pas vraiment ses aventures standalonesques avec comme idée de préparer sa fin, et on aurait pu avoir littéralement cet épisode à tout moment. Ce timing est si random !

L'impression tenace qu'une unique saison 4 de conclusion avec ce final aurait suffi à élever la série à jamais, est vraiment triste. Ou même une autre alternative : celle de faire une ou deux saisons "poussives" comme la 4 ou la 5, pour construire vraiment la 6 comme un feuilleton final en donnant aussi une fin satisfaisante aux persos secondaires (Summer notamment), ce que ce final n'a malheureusement pas le temps de faire, why not également ! Mais puisque R&M a succombé au capitalisme de partir sur une voie Simpsonesque avec ce fameux "renouvellement de 80 épisodes", et qu'il fallait quand même lâcher du lore à un moment, c'est maintenant qu'on a tout.

Cela me rend anti-hypé au plus haut point pour la suite de la série.

Mais à nouveau, l'épisode en soi est juste un vrai tour de force je trouve, et lire les interprétations et détails à son sujet m'a donné envie de me rematter toute la série juste pour repérer vraiment les éléments importants aléatoirement disséminés dans les aventures. C'était inévitable que suite au "final" je n'ai plus vraiment envie de voir la suite, alors je n'en veux pas du tout à cet épisode pour cela, et je suis heureux qu'ils aient osé faire, 1) quelque chose d'aussi cohérent donnant envie de reconsidérer toute l'oeuvre, 2) dans un épisode aussi "sincère", qui ne se veut pas trop malin ni subversif. En effet, des éléments comme les aveux des sentiments de Rick pour Morty, le caméo de Stan-Rick voire même la reprise le thème d'Evil Morty sont juste "posés là", avec un premier degré rare pour la série (accompagnés au pire d'une ou deux blagues annonçant le truc), ce qui fait vachement du bien. On respire et on admire juste les idées "mises à nues", ce qui était un assez gros risque en soi.

Je ne pensais pas que R&M était capable de se racheter, alors peut-être que ce n'est pas si mal d'avoir conclu la série à ce moment-là, quand assez de gens sont encore suffisamment à l'écoute pour avoir cet effet "wow", surtout les spectateurs un peu noobs comme moi.

La curiosité me fera inévitablement regarder la suite, en espérant qu'ils ne "cassent pas tout" pour un autre tour de manche méta. Car bien loin de "jump the shark" comme l'épisode le mentionne, je trouve qu'avec ce final, ils ont trouvé une glue à tout l'ensemble. J'ai peur que les persos in-universe (Rick surtout) et les scénaristes ne considèrent tous ces événements que comme un petit instant de faiblesse où tout le monde est un peu sous l'euphorie de sincérité et déballe à coeur ouvert, la vérité et les sentiments. 

La saison 6 sera une vraie gueule de bois pour R&M, le show devra se réveiller en assumant ce qu'il s'est passé la veille, et les voir nier ou faire des blagues méta suggérant une remise en cause des révélations, serait le truc le plus tragique. Malheureusement, je doute que le show aie assez de courage pour prendre l'autre option, à savoir se transformer radicalement.

Mais on n'en est pas là. Peut-être qu'il y a une troisième issue que je ne vois pas encore. Et même si on en arrive aux pires choix, tout mon headcanon pourra toujours resté intact grâce à cette très belle porte de sortie, autant sur le lore, les personnages, la scène de fin qui rouvre le champ des possibles tout en concluant tout sereinement, ou encore le superbe choc entre la complexité des idées et la simplicité des messages finaux.

Et pour ça, je dis, sur le même ton que Mr. Poopybutthole à la fin : Ooowee.

Le délire exploité de Rick et les Deux Corbeaux est très plaisant, tout comme l'idée du Morty de 40 ans. Après on retourne sur la Citadelle, il y a Evil Morty, bref cet épisode fait avancer le lore de la série de manière appliquée, mais sans vraiment de passion (on dirait qu'il s'agit de clore définitivement un chapitre pour mieux passer à autre chose) et d’une façon un peu vaine car tout va surement repartir sur les mêmes rails pour la prochaine saison (les Aventures Toxiques de Rick et Morty) sauf qu'il n'y aura même plus un arc de fond, juste le plaisir de raconter n'importe quoi et de faire voler le sang. Néanmoins, les deux tunnels sans paroles font un bien fous dans cette tempête de bruits, de fracas, de dialogues speedés, de cris (d'agonie souvent d'ailleurs) et de rots. 

Tiens, pour une fois, le post-générique était vraiment nul, du fan-service pour le geste. 

C'est la fin de la route tracée depuis la saison 1. Probablement l'endroit où les deux co-créateurs voulaient aller depuis le début. Maintenant, qu'ils ne sont plus vraiment là, ils ont laissé le travail à d'autres, qui ouvrent cette nouvelle voie, faite d'infinités infinies et de portails oranges.

Au final, tous les éléments canon posés depuis le début de la série sont exposés là : la mort de Diane, la création du portal gun, Birdman, Rick qui fabrique des Morty, Rick trouve une autre Beth et qui va vivre des aventures avec son petit fils. La saison, bien qu'elle ait été la plus faible de la série, a quand même pris le temps de montrer la co-dépendance entre les deux. J'ai un peu pris cela comme une excuse facile : "Oh désolé, les gars on est obligé de continuer le show". Jeff Lovenes le scénariste sur cet épisode explique dans les bonus de fin, qu'il voit vraiment la série comme étant profondement anti-capitaliste. En soi, ce n'est pas inexacte, mais franchement, c'est vraiment du discours politique de CM2 que porte la série. Et deuxièment, avoir un discours anti-capitaliste dans une série qui est devenue une des franchises les plus rentables du monde, comment dire ? Cela me semble compliqué d'avoir un discours révolutionnaire quand ton premier mouv' est de prolonger indéfinement la recette. Le discours même de Rick ("Rick and Morty for ever hahaha") va dans ce sens. Dans un sens sans vraiment de sens au final. Car si il peut toujours y avoir des mystères infinies derrière des portails oranges, la série semble avoir abandonnée toute véritable réflexion thématique et politique.

J'ai vraiment de plus en plus l'impression d'avoir un type qui parle beaucoup, qui brasse beaucoup d'air en promettant toujours plus d'histoires et de mystères, mais qui au bout du compte, n'est pas capable de développer autre chose que tout le discours que tient Poopybutthole dans la scène post-générique "Avoir quelqu'un a ses côtés est important" et "Communiquer ses problèmes est important". C'est quand même beaucoup de bruit pour un discours aussi creux. Rick and Mo(rty)ffat.