Assez impressionnant comment Westworld réussit à tenir la distance alors même qu'elle refuse encore de dévoiler ses cartes et qu'émotionnellement mon investissement est proche de zéro. Sûrement grâce à une exécution toujours solide et une ambiance perturbante de western cauchemardesque, au passé et futur proche suintant l'hubris et la tragédie. Accessoirement parce que l'aspect mystèrieux invitant à la spéculation est finalement bien intégré au récit. J'ai globalement été aspiré par l'épisode. Et puis Hopkins et Harris sont fascinants, le dialogue de fin était un régal (et méta à souhait).

Côté révélations, on apprend surtout que Dolores a un lien direct avec la mort d'Arnold (son créateur) et qu'elle a sûrement été une source de conflit entre Ford et Arnold (Ford méfiant ou jaloux de ce qu'Arnold essayait de faire avec Dolores ?). C'est aussi la pièce maîtresse du plan final d'Arnold, qui est capable de communiquer avec elle.

Autrement, l'homme en noir semble avoir sauvé le parc lors de sa dernière crise. C'est une des choses qui tend à renforcer la théorie William=Men in black dans cet épisode, même si j'ai encore du mal avec elle (notamment parce que ça veut dire que les écrivains ont été manipulateur dans l'ép 4 quand le control board demande de sortir Dolores et que William l'empêche dans une scène peu après). Cela dit c'est vrai que l'histoire de williams et son beau-frère a l'air de se dérouler dans le passé, d'autant que Dolores a l'air d'avoir déjà suivi cette trajectoire et que son périple avec Williams serait le moins récentt).

L'enfant je pense vraiment que c'est une version enfant de Ford, créé par lui même il y a longtemps. Dans cet épisode il sert juste à permettre au MiB de collecter le sang de Lawrence en utilisant le sac de flotte.

Dommage qu'il y ait quelques maladresses à mon goût (le dialogue d'exposition d'intro ni bien amené, ni intéressant ; la ligne beaucoup trop méta et consensuelle de Dolores-badass ; les scènes avec les réparateurs) et une sur-utilisation des flashbacks/jump cuts/symbole du labyrinthe, car c'était à peu près au niveau du pilote.

Un épisode qui alimente l'eau du moulin à théories, ou plutôt de la grosse méga usine de spéculation qu'est en train de devenir Westworld...

Si l'on excepte la première scène avec Ford très lourde (je déteste le procédé "on fait dire à un personnage une métaphore super imagée") et la gratuité lourde des scènes du bordel, c'est impeccable.

Les intrigues/mystères manquent peut-être un peu de liant entre eux. La résurrection du piaf + Dolores qui se la joue Johnny Ringo + l'employée du Comportement qui découvre le mouchard, ça fait pas mal de nouvelles questions qui semblent n'avoir aucun lien entre elles. Ajoutons à cela que tous les autres "mystères" de la série - le gosse en noir et blanc, le labyrinthe et ce qu'il y a derrière, l'homme en noir, Bernard et surtout le fameux Arnold - qui obtiennent de nouvelles données à travers au moins une scène clé... Tout cela donne donc probablement l'épisode le plus chargé depuis le début.

Si certaines théories sont donc plutôt éludées, que d'autres théories sont plutôt renforcées (Bernard = Arnold, Dolores = robot surintelligente...), globalement cet épisode est un joli mindfuck qui rajoute plein de choses et qui m'a laissé plusieurs fois sans aucune idée derrière. La scène finale avec Maeve par exemple, mais aussi l'excellente scène dans la taverne entre Ford et le man in black. Que je ne sais pas comment interpréter.

Notamment les petites notes d'éléments limite absurdes (l'enfant...) où je n'ai absolument aucune idée. Ou tout le délire des timelines avec les personnages qui se dédoublent. Dolores a cette expérience, même si ça fait plus hallucination dans son cas. Mais on a surtout El Lazo qui meurt dans la storyline du MIB et est capital dans la storyline William/Dolores... Cela, pile dans l'épisode où Dolores se confie comme quoi elle ressent une vie façonnée selon des choix avec des vies alternatives. C'est très malin de la voir décrire la vie cyclique que les robots vivent. C'est d'ailleurs un gros morceau/thème de l'épisode, concernant Dolores en tout cas (Ford lui en parle et veut bien insister qu'elle reste dans les règles, même si elle finit par se révolter au final).

Et tout ce thème est joliment utilisé avec le caractère de William et avec sa propre "vie alternative" qu'il a abandonné en allant dans ce parc. Il "s'intègre" à la vie de Westworld dans cet épisode, rentre dans le jeu, abandonne (définitivement ?) sa vie d'avant.

Bref, je sens qu'on va en avoir des choses à dire dans le podcast ! (peut-être qu'à ce stade on pourrait même reprocher à la série d'être TROP dans le théorique et le teasing et pas assez dans le concret, même si je trouve que pour n'en être qu'à sa moitié de saison c'est déjà génial et on sait déjà plein de choses - tout en en ignorant deux fois plus, certes, c'est le principe ^^)

Sinon, des choses en vrac :

- à chaque épisode je trouve qu'on a toujours un super renouvellement de la façon dont on présente toutes les énigmes... Genre Dolores qui délire ça aurait pu très vite devenir redondant, ou Ford qui fait des mimiques mystérieuses et des phrases cryptiques aussi, pourtant ils arrivent toujours à réussir à le présenter sous d'autres facettes, à le tourner de tel ou tel manière en utilisant de nouvelles idées, de sorte qu'on soit toujours captivé. Au lieu de me dire "oui bon on a compris que Dolores elle comprend des choses qu'elle n'est pas censée comprendre", la série le sait (et William le lui fait remarqué d'ailleurs) et relance plus sur d'autres aspects (ses conversations privées dans l'institut, etc.). Il faut un certain talent pour arriver à jongler aussi bien entre toutes les facettes d'un même mystère (car au fond nous ne bougeons pas d'un épisode à un autre : en faisant un pas en avant et un en arrière, le spectateur est toujours aussi paumé)(enfin moi en tout cas je le suis pas mal sur quasiment tous les éléments du script)

- le niveau des dialogues fait toujours plaisir à voir, il y a des dizaines de petits détails anodins au milieu d'une phrase qui peuvent soit apporter des précisions vraiment intéressantes sur l'univers de Westworld, soit suggérer des choses immenses avec toute la partie théorie.

- enfin, à noter que William, Logan et Dolores sont un peu approfondis, au même titre que Ford et le MIB d'ailleurs, donc ça fait plaisir de voir le show prendre plus soin de ses personnages.

Mon préféré depuis l'épisode 2 !