Et puis, le retour du Maître, c'est quand même une très bonne surprise !

(par contre, peut-on arrêter de transformer tout le monde en Cybermen, s'il vous plait ?)

Ça fait peur, mais en plus avec la plume très engagée de Moffat, des monstres sans visages deviennent les victimes tragiques des pires choix politiques.

Bon épisode malheureusement spoilé par la BBC. Probablement le plus horrifique de la série et une ambiance effroyable !

Bon allez, parce qu'il faut aussi le dire quand Moffat réussit quelque chose :

https://www.youtube.com/watch?v=WhDCcdPVV_s

Et ici ça l'est à tous les niveaux.

J'ai toujours adoré les Mondasians Cybermen que je trouve beaucoup plus dérangeants et réussis que les Cybus Cybermen et cet épisode ne déroge pas à la règle, c'est sans doute l'épisode où ils sont le plus creepy et glauque de toute la série. L'hôpital est juste tétanisant et les opérations provoquent un vrai malaise comme je n'en ai pas ressenti vis à vis des Cybermens depuis leur double épisode d'introduction de la saison 2, seul épisode où je les aient trouvés totalement réussis dans le New Who d'ailleurs avant celui-ci.

Pour la première fois depuis fort longtemps, Moffat ne part pas dans une farandole d'idées mais prend le temps d'exploiter les quelques unes qu'il introduit au fil de son épisode et d'en faire quelque chose. La différence de temps qui passe entre les parties du vaisseau, c'est exploité. Le malaise et le désespoir qui a conduit à la cyber-conversion aussi. La "mort" de Bill également tout comme le test de Missy. On est quand même loin d'un Extremis qui empilait les gimmicks style Vatican, Pentagone, CERN, Pape, Religion, Science, Simulation pour au final ne rien en faire du tout.

La mort de Bill arrive à être choquante parce que l'actrice à su tout au long de la saison rendre son personnage sympathique et très attachant bien qu'elle n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent, et parce qu'au contraire de celle de Clara sa mise en scène est brutale, soudaine, pas surlignée à mort à l'avance dans la saison où avant qu'elle ne survienne, visuellement assez gore et sans grande musique forte et solennelle. Un choix judicieux car ce qui marchait pour la fille impossible n'aurait pas fonctionné sur un personnage tel que Bill. Et cette exécution arrive à créer une vraie émotion qui parviens à compenser les lacunes de la saison vis à vis du développement des personnages. Même si quelque part on regrettera le fait que si cette dernière avait fait son boulot, la scène n'en aurait été que plus forte encore.

Concernant Missy, son petit numéro au début on y adhère ou pas (perso ça a marché sur moi, d'autant que je m'attendais à ce qu'elle joue la comédie puis trahisse le Docteur ensuite) mais ça a le mérite de ne pas trop bouffer de temps sur l'épisode.

Et je suis assez satisfait du fait que Moffat ne s'est pour l'instant pas laissé allé à la facilité de Missy qui trahit le Doc (ce qui aurait été la solution évidente) et que si jamais ce soit le cas dans la seconde partie, ce soit ici au moins justifié par une idée de génie, un vrai twist de génie réussi et totalement inattendu pour le coup pour une fois (tel qu'on en avait pas eu depuis la saison 6) via la confrontation avec le retour du Maître de John Simm, offrant ainsi à Doctor Who la toute première Multi Master story.

Honte à la BBC d'avoir osé dévoiler cette information. Et un grand merci à Galax et aux autres de m'avoir aidé à m'en préservé, la scène de la révélation était juste superbe.

D'autant que ça soulève ici un autre point appréciable : contrairement à tout ce qu'il fait depuis au moins Hell Bent dans son showrunning, Moffat ici abandonne sa lâcheté en osant cette rencontre et également en inscrivant le Maître comme créateur des Cybermens, faisant subtilement écho à l'opener de la saison 9 à ce niveau là : le Docteur aura donc été responsable de la création de ses deux pires races d'ennemis en trahissant leur créateurs. Ce qui est quand même autrement plus audacieux que la résolution lolesque de l'hybride digne d'un jeu télévisé où le candidat choisi la fin qui l'arrange le plus car Monsieur ne veut pas assumer derrière.

Rachel Talalay confirme sinon son talent de mise en scène avec quelques beaux plans et on sait enfin où est passé le budget effets spéciaux de la saison.

Mis à part le twist sur Simm (et encore, il devait l'être quand on avait l'info), l'épisode a un déroulé pourtant assez prévisible. On s'attend à la mort de Bill, vu que c'est la seule manière qu'à Moffat de concevoir le départ d'une compagne, on s'attend à sa conversion vu que l'épisode parle des Cybermen et surgit dans ce contexte, et je pense que si on savait pour Simm on devait s'attendre à voir le Maître derrière la création des Cybermens.

Mais ça ne donne pourtant pas ici l'effet pétard mouillé de la plupart des derniers épisodes de Moffat tout simplement parce que ça a été parfaitement construit et exécuté, et que ça marche. Le tout est cohérent avec des enjeux forts et crédibles en restant pour une fois chez Moffat à hauteur de personnages plutôt que d'univers pour une fois (même s'il y a Mondas en arrière plan, certes).

Ah oui, et Murray Gold se réveille dans cet épisode pour la 3ème fois de la saison, et ça fait plaisir.

Episodes à concept tels Heaven Sent et Listen mis à part, il doit s'agir là du meilleur épisode de Moffat depuis la trilogie du Docteur de la fin de saison 7, ni plus ni moins.

Donc une première partie géniale. Ce qui m'inquiète d'autant plus pour la suite, car so far, les finaux de Capaldi ça aura toujours été une première partie réussie pour une seconde catastrophique qui détruit tout ce que la première avait proposé d'intéressant jusque là, et il est évident que World Enough and Time laisse de belles promesses pour sa seconde partie.

Je suis cela dit bizarrement assez confiant pour The Doctor Falls et ceux pour trois raisons :

- World Enough and Time me semble, comme Heaven Sent, suffisamment indépendant de sa seconde partie pour ne pas être totalement impacté par son éventuel ratage.

- J'ai l'impression que ce final est en fait la seule et unique histoire qu'il souhaitait vraiment raconter cette année, et qu'il a donc mis le paquet dessus (Du coup, il aurait sans doute été préférable qu'on ait une saison spéciale comme la dernière de Tennant plutôt que cette saison 10 volontairement sacrifiée en faveur de ce final, mais bon ...)

- La scène d'intro présentant le Docteur seul et avec des cheveux beaucoup plus longs me laisse penser qu'il s'agit en fait d'un final en 3 parties et que la partie chute du Docteur se poursuivra à Noël, donc ce dernier pourrait être là en cas de ratage de la seconde partie pour limiter les dégâts.

Allez, j'ai envie d'y croire. Au pire un échec ne m'étonnera nullement à la vue de l'ère Capaldi et des démons de Moffat, mais si par miracle c'est réussi, ça me fera bien plaisir. Et à défaut de sauver cette saison du titre de pire du New Who, un final entièrement réussi, ce sera déjà ça de pris.