Arf ... Là je suis embêté.
Parce que je ne sais pas trop quoi penser de l'épisode. Il propose en effet plein de choses sympas sur de nombreux plans, mais est aussi vraiment pas top sur pas mal d'autres points.
C'est généralement l'un des épisodes les moins appréciés de la série, arrivant souvent bien positionné dans les flop 10, et si je trouve cela pas complètement mérité (rien que vis à vis de The Forgotten, pourtant souvent situé bien au-dessus (ce qui est assez incompréhensible pour moi d'ailleurs tant à part Alfred en sidekick comic relief je ne vois pas ce qui peut à se point plaire aux fans dans ce très médiocre épisode) et de certains autres qui arriverons plus tard dans la série et dans les autres du DCAU, cet épisode mériterait d'être un peu mieux classé)) force est de constater que sur bien des aspects c'est toutefois pas ça ...
En premier lieu, je pense que ce qui cause le plus de problème c'est le personnage du Pingouin. C'est ici en effet son premier épisode, et alors paie ta bien piteuse manière de l'introduire quoi. Cette première mise en scène du personnage, fort non seulement de ne pas présenter ses origines (qui de mémoire n'auront jamais été, et c'est bien dommage, abordées au cours des séries du DCAU (peut être dû à la trop grande proximité temporelle avec le Batman Returns de Tim Burton, mais en attendant, ça fait de lui l'un des seuls ennemis phares de la chauve souris à ne pas avoir d'origin story, épisodes pourtant souvent très réussis) , ni même vraiment le personnage en fait, le met dans des positions ridicules les 9/10ème du temps qui annihilent complètement le danger qu'il représente. Mouais. Dans la série comme dans d'autres adaptations du personnages, on a eu bien mieux et plus marquant que cela (et d'ailleurs, de mémoire, il s'agit du moins bon épisode du Pingouin, qui malgré quelques fulgurances dans certains épisodes, n'aura malheureusement globalement pas eu la même qualité de traitement que certains autres ennemis phares de la série).
Pas vraiment la manière la plus judicieuse d'introduire l'un des plus grands ennemis de Batman dans la série donc, d'autant que le contexte de base (le vol d'un objet précieux en forme d'oeuf et la présence d'un vautour qui aurait pu faire jouer le rapport du personnage aux oiseaux) était sur le papier très bon pour l'introduire, et aurait aussi permis d'expliquer la bien facile manière dont Batman se fait avoir face à lui si ça avait été un premier affrontement. Hors là, les deux n'en sont clairement pas à leur première rencontre (et le Pingouin a déjà sa réputation de criminel notoire). De là découle le second grand point faible de l'épisode : pour les besoins du scénario, Batman se fait bien trop facilement avoir et de manière pas crédible pour un second (voir plus) affrontement d'ennemi qu'il connait déjà (c'est pourtant un aspect que la série réussit à la perfection lors de ses réemplois de méchants). L'absence de Robin en cet épisode peut sous entendre que c'est plus de l'ordre du début de carrière du chevalier noir, mais quand même, ça reste trop gros (d'autant que le plan du Pingouin ne prend ici pas une seconde en compte la possibilité que Batman puisse les trouver, il aurait donc du se faire avoir comme un bleu).
D'autant que la thématique qu'elle soulève vis à vis de l'impuissance de Batman n'est que moyennement traitée. En effet, s'il était sur le papier intéressant de voir notre héros en position de faiblesse et de dépendance de l'aide d'autrui, c'est un peu gâché ici par le fait qu'il ne se serait jamais retrouvé dans cette posture si ces dits secoureurs n'avaient pas bien chié dans la colle juste avant et donc mis dans cette position, mais aussi parce qu'au final, ça reste Batman qui résout la situation, et non les personnages secondaires sur lesquels est centré l'épisode, montrant aussi que l'aspect "épisode du point de vue d'un personnage autre que Batman" n'est qu'à moitié réussi. Le sel de ce genre d'épisodes qu'on reverra par la suite, c'est que le concerné ait une action concrète et marquante dans la résolution de l'intrigue. Hors là, à part faire gagner du temps à la guérison du chevalier noir qui n'aurait jamais eu lieu s'il n'avait pas joué au petit con en début d'épisode, concrètement bah ... voilà quoi. A un moment sur la fin un plan laisse suggérer qu'il va porter le coup fatal qui permettra à Batman de reprendre le dessus de son affrontement contre le Pingouin, mais il n'en est au final rien ... Et faudra m'expliquer pourquoi il a un poster du Joker aussi (ça va pas totalement à l'encontre de sa personnalité, juste ?).
Et enfin dernier point pour lequel cet épisode est assez peu apprécié, c'est qu'il est peut être bien le seul dans lequel l'aspect sombre de la série est complètement absent. En effet, la série a malgré sa cible de base toujours tenu à maintenir la part sombre de l'univers de Batman, et pourtant force est de constater que dans cet épisode il n'y a rien de tout cela ne serait-ce qu'une seconde. C'est vrai que du coup, ça jure un peu avec le reste quand même ...
Et pourtant ...
Et pourtant, j'ai tout de même une certaine affection pour cet épisode.
Déjà, car il s'agit du premier épisode narré quasi exclusivement du point de vue d'un personnage autre que Batman (seuls P.O.V. et dans une moindre mesure la partie 1 de Two Face l'avaient fait quelque chose de semblable mais tout de même de sensiblement différent dans leurs démarches comme intentions). Ca offre donc à l'épisode une structure sortant de l'ordinaire et ça c'est toujours un plus.
Mais surtout en fait probablement par son absence de noirceur justement, qui, s'il entre en contradiction avec le reste de la série, collait en revanche parfaitement avec l'aspect enfantin de ces personnages principaux et restait probablement la meilleure solution les concernant.
Car cet épisode, c'est juste l'incarnation du rêve des gosses qui regardaient la série à l'époque. Voir sa vie chamboulée pour aider son héros à venir à bout d'un de ses ennemis. N'importe quel gosse aurait voulu être à la place de Sherman pour conduire la Batmobile, utiliser les gadgets de Batman pour le protéger et le sauver, et mettre hors d'état de nuire le Pingouin et ses sbires. J'aime d'ailleurs beaucoup les aspects Home Alone et apprenti détectives de l'épisode qui pour le coup étaient bien réussis bien que pas assez poussées, ainsi que le ton enfantin lui aussi bien mis en oeuvre.
En partant de là, c'est bien dommage que l'épisode n'ait pas poussé à fond son délire sur ces aspects de l'épisode quitte à être très gros à avaler, car ça aurait pleinement excusé toutes ces scènes improbables et le ton léger et non sombre de l'ensemble.
Bref, beaucoup de défaut, mais un ton, une ambiance et une construction inhabituels qui me plaisent beaucoup, malgré le fait que l'épisode n'ose paradoxalement jamais vraiment les assumer à fond. Ca reste un épisode très moyen de la série et clairement en dessous de son niveau lambda, mais ça reste pour moi un épisode sous-estimé qui a le mérite d'être vraiment unique dans l'histoire de la série. Le seul truc vraiment pénible le concernant, c'est qu'il introduit piteusement un grand adversaire de Batman, ce qui doit être en partie la cause du fait qu'ils n'assument pas leurs concepts à fond. Je suis bizarrement certain que si ça n'avait pas été le cas, l'épisode aurait été beaucoup plus apprécié (et aurait été tout simplement meilleur).
Mais bon, après les 3 excellents qui ont précédés et le chef d'oeuvre suprême qui va suivre, on peut bien pardonner à la série une petite baisse de régime ...
Quand j'étais petit (et même encore maintenant en fait), mon méchant préféré de Batman, c'était Mister Freeze.
La raison ?
Cet épisode.
Bruce Timm, Paul Dini (cet Heart of Ice est d'ailleurs le premier épisode où les deux hommes ont travaillé ensemble, le premier à la réalisation et l'autre au scénario) et les autres ont fait un travail remarquable dans cet animé puis leur DCAU pour redorer le blason de personnages perdus où oubliés au point d'en faire parfois l'égal des plus connus qu'ils avaient encore sublimés eux-même d'un cran. Du Clock King à Clayface en passant par Double Face, L'Homme Mystère où même leurs créations comme Baby Doll où Harley Quinn, ils en auront fait un putain de boulot et laissé leur emprunte dans l'univers de Batman.
Cependant je crois que leur plus belle et grande réussite à ce niveau là reste Mr. Freeze.
D'un ennemi de base kitchissime et unidimensionnel au possible, ils ont réussi à en faire un antagoniste imposant, intimidant, puissant, totalement en phase avec son élément (le mec de base n'était qu'un énième criminel de plus avec un pistolet à glace. C'est quand même beaucoup plus raccord, à tous les niveaux (visuel comme thématique) ici), extrêmement intéressant et incroyablement poignant, et surtout, attachant (je crois que c'est l'ennemi de Batman pour lequel on peut éprouver le plus de compassion). Ca en a d'ailleurs atteint un tel point qu'à l'image d'Harley Quinn qui sera officiellement intégrée à l'univers des comics par la suite, cette version du personnage sera dès lors quasi systématiquement reprise et adoptée sur tous les médias Batman par la suite (même le Batman & Robin de Schumacher, pourtant bien plus axé sur ce qu'était les comics dans les années 60 à son époque très colorée (et donc en théorie au Freeze grossier et unidimensionnel), à repris pour Freeze ce qui était développé dans cet épisode, c'est pour dire).
Et Freeze fut d'ailleurs un des rares adversaires du DCAU à faire un perfect dans les séries de ces derniers. Tous ses épisodes (plus le film qui lui est consacré) sont au moins très bon (et ça oscille le plus souvent entre l'excellent et le chef d'oeuvre), et le personnage n'est jamais réapparu gratuitement comme d'autres (le Joker, Clayface dans TNBA, ...) mais que quand il s'agissait de faire évoluer le personnage, qui ne se retrouve jamais deux fois dans la même situation ni avec les mêmes objectifs et plans.
Mais l'épisode du jour est sans doute mon préféré de ce dernier voire de la série. C'est simple et ça va être très court, il est juste parfait sur tous les plans. Tout, de la réalisation, du scénario, de la caractérisation des personnages et de leurs univers ainsi que de celui de la série, à la musique qui est sublime et notamment le thème de Freeze, l'un des plus beaux thèmes composés pour la série, ainsi que les deux clins d'oeil sympa à l'Empire Contre Attaque ... Il n'y a rien à redire, c'est un régal de chaque seconde à tous les niveaux (et ça pour l'avoir revu, je l'ai revu celui là. Oh que oui je l'ai revu, et pas qu'un peu. Et c'était toujours aussi sublime. A chaque fois.).
A un point où je n'ai absolument rien à y redire tant tout m'y plait au plus haut point. Même celui de Double Face, j'aurais au moins un point à y redire (mais qu'est-il advenu de ce putain de dossier ?). Là non.
Car à chaque fois que j'entends Freeze déployer ses poèmes pleins de mélancolie et de tristesse à la mémoire de sa défunte épouse (et à chaque fois qu'il parle si magnifiquement avec sa voix si particulière), je sens mon coeur se déchirer en deux.
A chaque fois que je le vois prendre part au combat, je frissonne pour Batman et je suis tétanisé par sa froideur et sa puissance.
A chaque fois que je revois le flashback de ses origines, j'ai envie de tout casser, de hurler à l'injustice et à quel point la vie et les hommes sont des monstres.
A chaque fois que je revois cette excellente scène de confrontation Frezze / Batman au milieu de l'épisode, tout en comprenant ce dernier, je prie intérieurement pour qu'il ne puisse pas se libérer de la glace et l'arrêter.
A chaque fois que je vois l'autre connard suffisant respirer tranquille après ce qu'il a fait, j'ai envie de flinguer mon écran pour faire le travail à la place de Freeze (d'ailleurs, pas impossible que j'en ai cassé un où deux sous le coup de l'émotion).
Et à chaque fois qu'une fois cette intrigue résolue, j'entends, dans une scène finale de toute beauté, "Je n'ai pas réussi à te sauver. Ce ne sont pas ces mots-là que j'aurais voulu te dire, mais hélas, je peux juste te demander de me pardonner et prier pour que tu m'entendes d'une manière ou d'une autre là où tu es, quelque part où une main douce et tiède attend la mienne." de la bouche d'un Freeze pleins de larmes, lui qui pensais que ses pauvres yeux ne pouvait plus en produire ... Bah je pleure avec lui.
Probablement LE chef d'oeuvre de la série.
Retour à une ambiance plus chaleureuse avec un diptyque de très bonne facture servant d'introduction notable à l'un des adversaires les plus complexes et ambigus de la série : Catwoman, mais aussi de celle du bien moins connu mais tout aussi (sinon plus) redoutable terroriste international Griffe Rouge, ennemi crée spécialement pour la série.
La tâche est donc rude et l'épisode s'y prend comme un chef pour réussir ces deux missions.
Tout d'abord par une introduction magistrale de la Femme Chat dans une scène d'ouverture parfaite marquant sa première rencontre avec l'Homme Chauve-Souris peu après avoir brièvement montré les hobbies douteux de cette dernière. S'en suit un jeu du chat et de la souris qui est un pur régal à regarder, tant elle définit à la perfection ses deux êtres phares de l'univers de Gotham City ainsi que leur relation. C'est d'ailleurs précisément pour cette séquence que j'ai une légère préférence pour cette première partie par rapport à la seconde (et aussi pour leur deuxième affrontement qui, sans en atteindre la perfection, complète le premier segment à merveille).
Il est sans cela intéressant de noter que le découpage en deux parties est parfait pour démontrer toute l'ambiguïté du personnage de Catwoman. Si dans la seconde partie elle sera plus du côté de Batman afin d'arrêter Griffe Rouge, dans cette première partie en revanche elle est constamment en opposition avec lui, consciemment lors du rôle de son costume, comme non lorsqu'elle est avec Bruce Wayne en tant que Seline Kyle. Leur relation est d'ailleurs très bien écrite et on se prend au jeu de leur rapprochement progressif sans le moindre problème.
A tout cela, la menace Griffe Rouge se prépare en arrière plan d'excellente manière, afin de pouvoir offrir suffisamment d'éléments à la seconde partie à se mettre sous la dent sans pour autant parasiter ce qui nous intéresse vraiment dans la première.
Ce dyptique est d'ailleurs aussi sympa dans la critique qu'il fait du sexisme (à travers les deux antagonistes), provenant d'ailleurs ironiquement bien plus souvent des protagonistes que des antagonistes (Gordon qui ne pense même pas une seconde que Griffe Rouge puisse être une femme parce que jamais une femme ne pourrais être leader d'une organisation terroriste, la manière d'appâter les donatrices lors de la soirée organisée pour la défense des animaux en début d'épisode, ...).
Bref, un épisode pêchu et malin sublimé par une séquence d'introduction mythique et qui promet une deuxième partie du même acabit.
Suite et fin des premières mésaventures de Batman avec Catwoman, cette seconde partie nous offre une conclusion à la hauteur de son ainé, même si j'ai légèrement préféré ce dernier pour sa séquence d'intro parfaite dont on ne retrouve pas vraiment d'équivalent ici.
De plus, cette seconde partie se concentre essentiellement sur Griffe Rouge, étant la menace principale de l'épisode et Catwoman ayant été presque pleinement introduite dans la partie précédente, et si le personnage n'est pas dénué d'intérêt (et continue à mettre en lumière d'excellente manière le sous-texte sur le sexisme développé au cours de ce double épisode) est toutefois moins complexe et charismatique que notre chat cambrioleur préféré.
Griffe Rouge reste toutefois un bien solide et ambitieux adversaire qui va donner énormément de fil à retordre à Batman, qui ne serait surement pas parvenu à la vaincre sans l'aide de Catwoman.
Car cette seconde partie, après l'avoir opposé à Batman, met la Femme Chat dans le rôle qu'elle occupe occasionnellement selon son gré de celui d'allié de Batman, parachevant ainsi parfaitement la présentation du personnage sous toutes ses coutures. J'aime également beaucoup la tournure que prend la relation Selina / Bruce dans cet épisode et le dilemme moral que cela impose à ce dernier dans une dernière scène de grande beauté. Et l'alliance Bat / Cat donne un résultat qui marche du tonnerre, avec une alchimie parfaite entre les deux et des dialogues tout autant savoureux que lors de leurs affrontements et romances ambigües.
Bref, une belle conclusion à un très bon double épisode qui donne fort envie de revoir ses deux personnages marquants plus tard dans la série. Fort heureusement, cela sera le cas pour le deux, même si leurs apparitions suivantes ne dépasserons jamais le niveau de cette première rencontre (bien que pour Catwoman, il y ait une exception très particulière à cela. Mais patience, c'est pas pour tout de suite ...).