7 à l'hôtel.
Cet article se veut pratique: pour vous éviter trop de blabla, je vais commencer par faire simple pour vous lecteur, oui vous, qui savez que vous pouvez nous faire confiance aveuglément: Si vous n'avez pas encore commencé à regarder Persons unknown, vous pouvez vous éviter cette peine sauf si:
- Vous n'avez vraiment rien d'autre à regarder.
- Un rien vous amuse.
- Vous trouvez que Julie Lescaut c'est pas mal quand même.
- Voir la vie à travers un filtre vert vous plait.
Attention, si toutefois vous faites partie de l'une de ces catégories, je vais devoir vous expliquer les faits tels que je les ai vécus pendant 13 épisodes éprouvants. Si a la fin de cet article vous persistez malgré tout à vouloir regarder cette série, ma conscience sera tranquille.
Tout commença un soir de Juin 2010. J'avais entendu parler de ces étrangers perdus dans une ville d'où ils ne pouvaient pas s'échapper. J'avais même vu quelques images qui m'avaient donné envie d'en savoir plus, de suivre leur histoire. Ce soir-là c'est donc avec une certaine excitation que je lançais le premier épisode de Persons Unknown, d'autant que je m'étais proposé pour en faire la critique. Je m'attends toujours au pire avec les épisodes pilotes et ce dernier me laissa quand même songeur. On pouvait y percevoir un certain manque de moyen, un mauvais goût photographique étrange et même une petite pointe d'amateurisme. Qu'à cela ne tienne, me disais-je à moi même ce fameux soir de Juin, ce n'est qu'un pilote et la série a tout de même du potentiel... Tiens, parlons-en, de ce potentiel...
C'eût pu être bien.
Voici l'histoire telle que la laissait entendre la bande annonce:
Sept étrangers sont bloqués dans une ville et ne savent rien de leurs ravisseurs. Ils sont filmés en permanence, et l'une d'entre eux reçoit même un papier sur lequel est écrit: « tues ton voisin et tu seras libre » ce qui laisse supposer que chaque personne du groupe s'est vue confier une mission.
Dit comme ça, ça donne quand même envie d'en savoir plus, d'autant que la communication était soignée autour de la série.
On peut également ajouter au potentiel de Persons Unkown un scénariste oscarisé aux commandes, j'ai nommé Christopher McQuarrie, récompensé pour avoir engendré le scénario de Usual Suspects, oui môssieur! (ou madame)
Avant ce fameux soir de juin, absolument rien ne laissait supposer que Persons Unknown pourrait devenir une torture hebdomadaire pour le quidam en charge de le critiquer sur Serie-All. Et pourtant...
Pourtant...
Quelle déception! Sept étrangers se réveillent dans une ville dans laquelle ils sont emprisonnés et filmés en permanence. Jusque-là, ça colle au pitch annoncé. Ce que vous ne savez pas, c'est que le directeur de photographie est éperdument amoureux de la couleur verte. Et vas-y que je te colle un filtre vert et que je m'en fous que ça plaise ou non. Après Persons Unknown, le but est que vous ne voyiez plus jamais les vertes prairies de la même manière. Outre cela le manque de budget transpire du casting. Pas un seul acteur convaincant. J'ai cherché à m'attacher à Joe-le-mystérieux ou à Janet-dont-tout-le-monde-tombe-amoureux-alors-que-bon, mais rien n'y fit. Vous me direz: pour la couleur, chacun ses goûts, et pour le casting, qui suis-je, moi, pour juger de la performance d'un acteur, moi qui ne me rappelle même pas avoir déjà joué dans un film en super 8 de ma famille étant petit ? Ce à quoi je répondrais: ok ! Parlons alors de la psychologie des personnages et des rebondissements.
Il faut savoir que derrière l'histoire des sept étrangers, le fil rouge de l'intrigue suit également deux reporters amants aussi charismatiques que mon genou. Ces journalistes poursuivent l'organisation ultra puissante, omnipotente et omniprésente responsable de l'enlèvement des mauvais acteurs parce que l'ex femme de l'un deux (le mec, donc) fait partie des prisonniers. Deux journalistes qui n'ont vraiment rien de l'agent secret de base contre une organisation tellement puissante qu'elle peut retenir des gens prisonniers dans des villes sans que personne ne s'en rende compte. Combat inégal ? Que Nenni ! Grâce à leurs jambes supères... normales, les journalistes arrivent toujours à courir assez vite pour échapper aux mystérieux hommes en bleu de travail employés par l'organisation pour les arrêter.
Je sais que faire de l'ironie c'est facile. D'ailleurs, je n'aime pas ça. Ce que je voulais simplement illustrer, c'est le fait que Persons Unknown part dès la première seconde sur des bases soit branlantes, soit incohérentes, soit tout simplement inexistantes. A partir de là, quelle qu'est pu être la qualité d'un épisode, l'ensemble de la série ne pouvait pas être convaincant.
C'est pas terrible.
Il y a trois catégories de séries (et je suis arbitraire si je veux) :
Les séries cultes, qui n'ont plus rien à prouver, qui frôlent le génie régulièrement et qui n'ont rien à envier à leur grand frère le cinéma. Un exemple: Breaking Bad
Les séries sympa, sur lesquelles on enrage parfois, car on sait que certains épisodes sont géniaux, mais on se coltine souvent des stand alone tout juste bon à distraire le public. Dans ces séries l'histoire est prenante ou les personnages sont attachants, mais le niveau est inégal d'un épisode à l'autre. Dr House se classe selon moi dans cette catégorie.
Enfin, il y a les mauvaises séries, celles dont on sent que le réalisateur, s'il a voulu bien faire, s'est clairement trompé de voie en choisissant sa mise en scène ou son orientation scolaire.
Persons Unknown fait malheureusement partie de cette dernière catégorie et se retrouve morte après une longue agonie avant même d'avoir pu commencer une vraie vie, à l'instar de son aînée de cette année: Flash Forward.
J'ai voulu croire qu'il allait arriver, cet épisode qui relancerait l'intrigue et mon goût pour le vert. Cela ne fut jamais le cas. Jusqu'à la dernière seconde, je n'ai pas saisi où le réalisateur voulait en venir. J'enterre Persons Unknown avec le goût amer de la déception mais le cœur léger : dorénavant, je choisirai mieux les séries que je critiquerai.
Une dernière question me turlupine pourtant :
La directrice était-elle un homme? (cf photo)