Sérum de vérité
Charlie découvre après un séjour chez ses parents avec sa fille et son ex-femme que le manque de sommeil agit comme un désinhibiteur et pousse Jennifer à lui avouer certains de ses mensonges. Il choisit alors de tirer profit de cette découverte pour réaliser une expérience sur son groupe de gestion de la colère, leur proposant de rester trente-six heures debout sans dormir.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un point de départ intéressant, mais mal exploité
- un groupe de thérapie plutôt plaisant
- une série trop sage par rapport à la concurrence
- Selma Blair totalement hors du coup
Torture à la caféine
Après deux épisodes autour de Charlie et ses femmes, les scénaristes se penchent sur le cas de son groupe de thérapie, Goodson leur proposant une session spéciale chez lui dans le but de les priver de sommeil. L'idée lui vient après un voyage chez ses parents, scène d'ouverture étrange où il découvre que l'excès de nuit blanche est un bon moyen pour soutirer de nombreux secrets à son sujet. Son idée consiste à prolonger cette expérience à son groupe de thérapie, donnant l'occasion aux auteurs d'approfondir le quatuor du groupe de gestion de la colère.
Hélas, la suite ne va faire que confirmer les impressions de la semaine dernière sur Angry Management avec une intrigue assez inégale, la faute à l'absence de crédibilité du personnage de Goodson comme psychologue. Pourtant, Sheen se donne du mal pour entrer dans son personnage, mais revient périodiquement à ses démons avec des répliques comiques à la fois graveleuse et cynique. Un humour qui permet au héros d'offrir ce que le public attend de lui, ne mettant que trop rarement en valeur des seconds rôles assez inégaux.
Au lieu de surprendre et de proposer une séance qui vire au chaos, Anger Management reste une série de grands enfants immatures où les personnages se réfugient dans la cuisine dès qu'ils se retrouvent en difficulté. Un comportement puéril assez étrange, surtout pour des patients qui souffrent logiquement d'un goût pour la confrontation, donnant lieu à un contre-sens assez gênant. Heureusement, quelques bonnes répliques viennent rattraper les mauvaises inspirations d'un scénario moyen, gâchant son potentiel de départ par un scénario trop sage.
Thérapie à cinq
Seul bon point des deux premiers épisodes, le groupe de thérapie de Charlie est formé de quatre personnages censés représenter les différentes pulsions destructives de l'être humain. Durant l'épisode, celle qui s'en sort le mieux est Lacey, jouée par Noureen De Wulf, seul personnage à perdre lentement pied durant cette session exceptionnelle et à révéler son incapacité à contrôler ses émotions. Sa séquence de séduction de Charlie reste le seul moment un rien transgressif de l'épisode, même si on préférera assez vite ces scènes en duo avec Derek Richardson plus amusantes.
Adulte soumis en quête d'une figure d'autorité, Nolan est le touriste du groupe, tant il paraît difficile de croire qu'un individu aussi lisse puisse avoir des problèmes liés à la colère. Si son duo avec sa plantureuse voisine fonctionne bien, le personnage pris à part devient vite lassant, simple masochiste venu assouvir ses propres fantasmes. L'inverse de Patrick, patient narcissique à l'identité homosexuel affirmée, cliché excessif sauvé par la bonne performance de Michael Harden qui parvient à mettre en valeur ses quelques répliques par une expressivité étonnante.
Déception de cet épisode, Ed est le seul à ne pas servir à grand-chose, ses bonnes interventions s'arrêtant à une bataille pour le sofa avec Patrick qui s'achève un peu trop rapidement à mon goût. Surtout que les scénaristes n'ont pas grand-chose à raconter à son sujet, peinant à compléter cette réunion qui aurait pu oser beaucoup plus, Charlie ne perdant que trop tard le contrôle de la situation. Sans crescendo comique, la série n'a pas la dose de folie qu'on attend d'une comédie, la faute à une écriture trop lisse et un format mal choisi.
Sitcom d'un autre temps
A la fin de cet épisode, un problème majeur se pose, à savoir le manque d'enthousiasme des auteurs par rapport au groupe et à ces membres, incapable de dépasser le cadre du cliché qu'ils représentent. Tout l'épisode se passe alors à regretter le côté trop lisse et policé d'un show qui pourrait oser beaucoup plus, surtout que le public de FX est beaucoup plus ouvert que celui des grands Network. Sans surprise, les chiffres d'audiences glissent d'ailleurs dangereusement vers le bas après un démarrage pourtant réussi, Sheen ratant l'occasion de suivre l'exemple de la résurrection de David Duchovny avec Californication.
Pourtant, quelques idées intéressantes apparaissent par instant, comme le début de la scène autour d'une pizza entre Lacey et Nolan, mais la vulgarité des gags viennent tuer la bonne alchimie de ce couple improbable et attachant. Le choix du format de la série paraît contestable, peinant à mettre en valeur une histoire de thérapie qui manque d'enjeu et ne parvient pas à construire un climax digne de ce nom. Le choix du single camera aurait été plus judicieux, permettant à Sheen de sortir de ses habitudes et de détruire tout lien avec son ancien show.
De plus, le format à plusieurs objectifs ne permet pas de donner l'espace aux comédiens pour faire preuve de nuance et de créer une ambiance plus intimiste propice à une thérapie. Doté d'un potentiel trop réduit, Anger Management souffre de plusieurs handicaps flagrants, en particulier le manque de profondeur d'un personnage principal qui ne parvient pas à se démarquer réellement des précédents rôles de Charlie.
Le problème Selma Blair
Si Anger Management se limitait à raconter le quotidien de Charlie, son boulot et sa famille, la série fonctionnerait correctement, offrant des épisodes convenables et plaisants. Mais voilà, les auteurs ont voulu rajouter dans le casting Selma Blair dans le rôle de la confidente, position où la comédienne paraît particulièrement mal à l'aise, offrant une performance étonnamment médiocre. La scène des gifles manque de punch, signe d'une interprète qui n'arrive plus à croire à son personnage, réduite pour l'instant au rôle de simple faire valoir.
En conclusion, un second épisode agréable, mais qui laisse voir le gâchis que représente Anger Management, le scénario trop sage ne tirant pas profit du potentiel de départ. Certes, les comédiens sont assez bons et le groupe de thérapie amène de bonnes répliques, mais l'ensemble manque de subtilité et ne parvient presque jamais à surprendre. Loin de l'humour provocateur attendu, Anger Management fournit un ensemble plaisant et laisse une seule certitude : il serait irréaliste de demander plus à cette série.
J'aime :
- Michael Harden est plutôt bon
- le duo Lacey – Nolan au début de l'épisode
- quelques répliques amusantes …
Je n'aime pas :
- … mais cela reste très timide
- quelques gags vulgaires et ratés
- le manque de colère, de tension
Note : 12 / 20
Se concentrant sur le groupe de thérapie de Charlie, cet épisode d'Anger Management s'avère plutôt inégal, avec seulement quelques répliques bien senties et des seconds rôles assez amusants. Mais le manque de colère chez les personnages, de courage chez les scénaristes et de surprise dans le déroulement confirment le manque d'ambition de cette comédie encore trop frileuse.