Dans l’épisode précédent, le Commodore faisait une attaque qui le laissait à l’état de légume, privant d’un coup son clan de son leader. Et l’entrepôt d’alcool sautait grâce aux connaissances en explosif de la toute nouvelle recrue de Nucky.
Bref, rien ne va plus du côté de la coalition. Tout s’effondre, même. Et les premiers touchés sont Eli et Jimmy, qui sont mouillés jusqu’au cou. Nucky, quant à lui, continue de corrompre du politique pour essayer d’arranger ses soucis de fraude électorale…
Jimmy fait son premier discours
L’âme des guerriers
L’épisode s’ouvre sur le discours de Nucky le jour de la fête nationale américaine. Autant dire que l’épisode s’ouvre sous les meilleurs auspices : vous n’avez jamais remarqué ? Les meilleurs épisodes de BE contiennent quasiment toujours un discours de Nucky.
Où en étais-je ? Ah, oui, le discours de Nucky : il s’agit d’un discours sur les anciens combattants. Celui-ci en profite pour essayer de piéger Jimmy en l’invitant à l'improviste sur l’estrade – et si ce dernier s’en sort plutôt pas mal en improvisant un discours légèrement démagogue sur « la défense de la patrie et de la démocratie » et de « nos mères, nos enfants, nos femmes » (ordre très révélateur dans les priorités m’est avis !), en revanche son émotion est réelle et palpable à l’énumération de ses frères d’armes morts au combat.
Ses frères d’armes… il en reste un dans l'entourage de Jimmy : Richard Harrow. On savait depuis toujours que Richard était une âme en peine. Depuis l’épisode précédent on sait surtout qu’il ne supporte plus ce qu’il est devenu : un homme insensible incapable de s’attacher à qui que ce soit. Ce n’est donc pas surprenant qu’il ait des pensées suicidaires – ce qui l’est plus, en revanche, c’est le cadre qu’il choisit pour disparaître : dans un endroit paisible, en pleine nature. Pour trouver le repos éternel ?
Quoi, ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a, ma gueule ?
Mais finalement, la morale de l’épisode est que la guerre a pris aux soldats une partie de leur humanité, mais elle a lié les survivants par un lien invisible, mais très fort. Richard n’est plus capable de vivre normalement, mais il peut partir en guerre pour quelqu’un qui est prêt à se battre pour lui : en l'occurence, Jimmy.
Il se trouve que je regarde Downton Abbey en parallèle de BE en ce moment, et il est frappant de constater à quel point les deux séries ont choisi des approches radicalement différentes pour traiter le sujet des vétérans de la 1ère guerre mondiale : là où la première sort les violons et aligne sans finesse une collection de blessés et de traumatisés, les scénaristes de BE ont choisi a contrario de taire l’indicible, de n’en montrer que les conséquences, par petites touches. Le résultat est à mon avis poignant et saisissant. Et la relation entre Richard et Jimmy un des aspects les plus passionnants de cette série.
Oooh oui il a fait une erreur et m'est avis qu'il n'a pas fini de s'en mordre les doigts...
Le retour du frère prodigue
Si Jimmy préfère affronter les coups du sort en soldat, Eli quant à lui a choisi de rentrer au bercail la queue entre les jambes.
Eli est je trouve un personnage particulièrement bien écrit, et c’est un plaisir que de le voir pour une fois sur le devant de la scène. Eli est lâche, Eli est médiocre mais ce qui le rend particulièrement humain et attachant, c’est qu’il le sait. Il a voulu se prouver qu’il pouvait voler de ses propres ailes en trahissant Nucky, pour finalement arriver au constat accablant qu’il n’est rien sans son frère, qu’il jalouse et envie depuis toujours.
Nucky cependant n’est pas prêt de lui pardonner sa trahison, et la rixe qui s’ensuit entre les deux frères n’a rien d’une manifestation primesautière de camaraderie virile : désormais, entre eux, c’est un combat à mort. Chapeau bas au passage aux acteurs qui apparemment se sont gentiment tabassés pendant tout une journée, pour fournir cette scène extrêmement forte en émotion, où les coups ne sont pas retenus.
La "boulette" sanglante qui s’ensuit est finalement assez logique. Eli est de plus en plus un loser, et je vois désormais assez mal comment tout cela pourrait bien se finir pour lui – j’espère juste qu’il n’entrainera pas sa famille nombreuse dans sa chute…
Au niveau de la réalisation, le dernier plan de sa storyline, qui se trouve être celui de l’épisode, est absolument magnifique !
La beauté des images de BE n'est plus à démontrer...
Comment corrompre un fonctionnaire
De son côté, Nucky n’est pas non plus tiré d’affaire, et doit encore corrompre son lot de fonctionnaires à coup de parties fines dans l’espoir de se faire acquitter de son accusation de fraude électorale. Cette storyline ne gagne ni en subtilité ni en originalité dans cet épisode (on peut par contre se distraire en imaginant DSK à la place de certains hommes politiques… mais je m’égare). Globalement, Nucky est très en retrait depuis le début de la saison, et j’ai un peu de mal à me passionner pour ses différents revers de fortune. Quant à Margaret, elle est devenue transparente.
Ce qui est plus intéressant en revanche, c’est de voir l’évolution de ses sentiments envers Jimmy et Eli. Il est assez amusant de le voir outré de l’hypocrisie du discours de Jimmy, lui qui est un maître démagogue. Je peux me tromper, mais j’ai l’impression que Nucky ressent toujours de l’attachement pour Jimmy, et que s’il souhaite lui donner une leçon c’est dans l’espoir de le voir revenir dans son giron. Au contraire d’Eli, qui me semble décidément bien mal parti…
Pour conclure, un épisode magnifiquement réalisé, à la structure plus simple que les deux épisodes précédents, mais très intéressant au niveau du développement psychologique des personnages de Jimmy, Richard et Eli. L’intrigue avance doucement mais surement, et la tension monte petit à petit…
J’ai aimé :
- L’intrigue centrée sur Richard et Eli, deux personnages passionnants
- La réalisation, très cinématographique, de Tim van Patten
- La montée progressive de la tension, les pétages de plomb surprise
J’ai moins aimé
- Décidément Margaret est destinée à jouer les potiches pendant cette saison
- La partie corruption de politiques, assez banale.
Note : 16/20
Altaïr
