L’épisode de la semaine dernière m’avait laissée quelque peu circonspecte… nous offrir un épisode aussi bancal à 3 épisodes de la fin de la saison m’avait fait craindre le pire : que tout ceci ne soit qu’un soufflé au fromage qui retombe à 5 minutes de la fin de cuisson, alors qu’il était si doré et si appétissant peu de temps auparavant... (oui, j'ai faim, et alors ?)
Eh bien non. Ouf, même, dirais-je. Cet épisode est jusqu’à présent le meilleur d’une saison pourtant excellente… et laisse augurer d’un final dantesque !
***Attention attention ***
A partir d’ici les GROS spoilers risquent d’affluer… Vous voici prévenu, et donc…
... Résumons
Dans cet épisode, Jimmy se prend pour Œdipe, Margaret culpabilise, Nucky retrouve l'espoir de se sortir d'affaires, et le passé de l’agent Van Alden le rattrape…
J’ai tué mon père, j’ai couché avec ma mère, je suis… je suis… ?
Depuis les tout débuts de Boardwalk Empire le personnage de Jimmy est construit comme une énigme. Personnage peu bavard qui se livre peu, il agit cependant de façon suffisamment intrigante pour qu’on comprenne que quelque chose cloche chez ce jeune homme. Et pas qu’un peu.
Déjà, dans la saison 1, on n’apprenait l’identité de son père et l’origine de ses liens avec Nucky que dans l’épisode 11. Deux éléments pourtant indispensables pour comprendre la psychologie du personnage et les relations ambivalentes qu’il entretient avec son père biologique, le Commodore, son père spirituel, Nucky, et sa mère, Gillian.
Mais jusqu’à présent, on ignorait tout de la raison réelle de l’abandon de ses études à Princeton et de son engagement volontaire sur le front de la guerre 14-18, alors qu’il n’allait pas tarder à devenir père... une décision qui semblait pour le moins inexplicable, tant le personnage est peu patriote et semble peu enclin à fuir ses responsabilités familiales.
Eh bien maintenant, on sait. Pour la deuxième fois, l’épisode 11 est celui des révélations fracassantes sur Jimmy. Et, comment dire… un coup de poing dans l’estomac m’aurait moins marqué que « ça ».
Une mère et un fils très proches
Oh, bien sûr, on s’en doutait. Il y a depuis toujours un côté un peu incestueux dans les rapports fusionnels qu’entretien Jimmy avec sa mère. Une mère qui pourrait être sa sœur et qui a l’air d’avoir son âge (les acteurs ont pourtant 9 ans de différence, et les personnages 12)… mais le choc vient de ce que ce qui était implicite devient explicite.
Du point de vue de la construction dramatique, la trame de l’épisode dédiée au passé de Jimmy est exemplaire… et implacable. Pendant tout l’épisode on pressent ce qui va arriver sans y croire, et la pression monte, monte, monte… Je ne sais pas vous, mais moi j’étais scotchée à ma chaise. C’était noir et intense, les autres intrigues de l’épisode venant à point nommé relâcher un petit peu de vapeur quand l’épisode aurait pu sombrer dans le sordide.
Le jeu des acteurs est incroyablement juste, la réalisation sobre, parfaite… tout est parfaitement dosé. En même temps, c’est du HBO, on finirait presque par s’habituer… et puis on regarde un épisode issu d'une série d'NBC, et on re-réalise à quel point BE est une série d’une exceptionnelle qualité… mais je digresse.
Ange et démon
Jimmy n’est pas seul au coeur de cette intrigue magistrale qui rend l’épisode si fort : il y a aussi les deux femmes de sa vie : sa femme, Angela, et sa mère, donc, la magnifique Gillian.
Car oui, il faut le savoir : Jimmy, qui a déjà des relations pour le moins complexes avec ses deux pères, traine également un lourd passif avec ses deux femmes. En plus il va bientôt devenir héroïnomane… Si dans la suite de la série les scénaristes arrivent à trouver une occasion de mettre Jimmy sur le divan de Sigmund Freud, je veux voir le résultat, ce serait pas banal (et ce serait d’ailleurs tout à fait la bonne époque pour ça) !
Euh... reprenons.
J’avoue avoir été plus que satisfaite de voir à quel point l’épisode faisait honneur à cette pauvre Angela. Son assassinat dans l’épisode précédent m’avait fait l’effet d’un mauvais coup de théâtre, du genre de ceux que les scénaristes inventent quand ils veulent se débarrasser d’un personnage dont ils ne savent plus quoi faire. Mais on est dans Boardwalk Empire, que diable, pas dans True Blood, ce procédé est indigne de BE !!!
Heureusement cet épisode rattrape le coup et nous permet de faire dignement nos adieux au personnage. Dans le flashback, il m’a semblé qu’Angela apparaissait plus que jamais comme la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Jimmy. Jimmy qui manifestement l’aimait sincèrement, ce dont on a pu douter par moments… Douce, calme, et frêle, on peut imaginer qu’elle aurait pu amener bonheur et équilibre à son âme tourmentée… La peine visible que sa mort provoque chez Richard Harrow est non moins émouvante. Ces deux là avaient su nouer une belle relation, très touchante.
Mais Angela était trop effacée pour faire face à sa belle-mère, Gillian. Bon, on sait depuis toujours que les relations avec les belles-mères ne sont jamais simples, mais là tout particulièrement !
Angela et Gillian, la brune effacée et la rousse flamboyante
Gillian a toujours été un personnage ambigu. Même s’il est évident qu’elle aime (beaucoup beaucoup beaucoup trop !) son fils et ne veut que son bonheur, c’est elle qui le pousse toujours à faire les mauvais choix et qui précipite sa descente aux enfers : c’est à cause d’elle qu’il doit arrêter ses études à Princeton. A cause d’elle qu’il part sur le front. C’est encore elle qui l’incite à se rebeller contre Nucky et à devenir gangster, à faire une carrière politique qui ne le tente au fond pas tant que ça.
Mais à la fin de l’épisode : elle dissimule à peine la joie que lui procure la mort d’Angela, cherche immédiatement à prendre sa place dans le cœur de son fils et de son petit-fils, et a un mépris total pour la peine que ressent Jimmy… elle est même probablement persuadée qu’il n’aime qu’elle.
Bref, le masque est tombé : Gillian est bel et bien un monstre.
Et le reste de l’épisode dans tout ça ?
Face à l’intrigue incroyablement forte de Jimmy, les autres trames semblent vraiment en retrait, mais pas inintéressantes pour autant.
La crise de culpabilité chrétienne de Margaret n’est qu’une redite pour un personnage qui a décidément bien peu de relief cette saison (hormis l’inoubliable épisode 7)… même si j’avoue avoir complètement fondu devant la déclaration à peine voilée d’Owen. La dispute avec Nucky débouchera probablement sur quelque chose d’important dans le prochain épisode.
L’agent Van Alden quant à lui se fait rattraper par son passé. C’est prometteur pour la suite, il est sur une très très mauvaise pente notre puritain préféré. Un châtiment divin l'attend, à n’en point douter.
Le nouvel avocat de Nucky semble diablement efficace (bon personnage au passage, l’acteur a le charisme qui sied à la profession qu’il incarne !), la jeune génération des gangsters de New York et Chicago lâche Jimmy, on ne sait pas encore si Eli témoignera contre Nucky, et Margaret semble être sur le point de faire une grosse bêtise.
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour faire un cocktail explosif lors du grand final !
Oooooh yes Owen I think about you ! <3
En résumé, un épisode encore une fois excellent, particulièrement noir et intense (non ce n’est pas une pub pour du café), riche en révélations, à l’issue duquel on imagine mal Jimmy se relever. Mon épisode préféré de la saison, pour le moment du moins… jusqu’au prochain (le season finale) ?
J’ai hâte !
Note : 18/20
J’ai aimé :
- L’intrigue centrée sur Jimmy, extrêmement noire sans pour autant être sordide
- Michael Pitt (Jimmy) et Gretchen Mol (Gillian), particulièrement justes et subtils dans des rôles assez casse-gueule
- Etre encore sous le choc 24h après
J’ai moins aimé
- Le reste de l’épisode, un petit peu terne en comparaison.