La dernière fois que nous avions vu Lucy, elle affichait une circonférence respectable. Elle est désormais sur le point d’accoucher. Ça et le fait d’avoir un collègue à moitié brûlé provoquent chez notre bigot préféré, l’agent Van Alden, une crise de foi. De son côté, Margaret doit se préparer à aller à confesse et est troublée par Owen Sleater. Quant aux affaires de Nucky, elles se compliquent, et celles de Jimmy prennent un tour très intéressant...
Qu'ils sont beaux les baisers spontannés de Jimmy !
Crise de foi
Un des thèmes sous-jacent à Boardwalk Empire est l’hypocrisie des discours. Hypocrisie des discours politiques, qui ne sont généralement que démagogie destinée à s’assurer les bonnes faveurs de son électorat ; Hypocrisie du discours sur la prohibition, avec ses agents corrompus et l’alcool qui de toute façon coule à flot ; et enfin, hypocrisie du discours religieux. Cet épisode appuie particulièrement sur ce dernier point, à travers l’agent Van Alden, bien sûr, mais aussi Margaret (qui y gagne au passage sa première intrigue un peu intéressante depuis le début de la saison).
L’agent Van Alden est bigot au dernier degré, ça on le sait depuis le début. Mais il a pêché, et en bon chrétien extrémiste, il se flagelle régulièrement pour expier. Aussi, quand il voit son collègue revenir brulé, il y voit un châtiment divin. Et quand ce dernier l’accuse de cacher des choses, il suffit d’une lumière un peu tremblotante pour qu’il entre carrément dans un délire mystique… mais dès qu'il apprend que les accusations du grand brûlé ne lui étaient pas destinées, il se dégonfle comme un soufflé. Et il ment éhontément à sa femme, qui n’est pas dupe, ce qui donne lieu à une scène particulièrement jouissive ! Il y a un fauve qui dort sous cette carapace de grenouille de bénitier, j’adore !
Rose découvre le pot aux roses
S’il y a une morale à retenir, c’est que finalement, l’agent Van Alden, sous ses grands airs rigides et moralisateurs de bon chrétien, n’est ni plus droit, ni meilleur que les autres hommes. En revanche, il est plus prompt à juger… et à culpabiliser.
Une autre figure de chrétien ambivalent dans cet épisode est celle du prêtre qui exige que Margaret se confesse pour préparer la profession de foi de son fils. Agit-il vraiment avec de bonnes intentions ? Quelle est la part de foi et quelle est la part de voyeurisme qui motive sa démarche ? Et, nous rappelle Nucky, le secret de la confession est-il si bien gardé que ça ? Tous ces doutes font que, finalement, la confession de Margaret est bien futile par rapport aux pêchés qui pèsent sur sa conscience : avouer seulement être attirée par un « jeune homme dangereux » quand on est complice d’un homme politique corrompu chef de gang qui se trouve être l’assassin de son mari, et, pire, qu’on couche avec, cela paraît bien véniel !
Ledit « jeune homme dangereux » a d’ailleurs un sourire vraiment ravageur et une sacrée présence à l’écran. La scène où il drague subtilement Margaret est troublante et très finement jouée ! J'aime !
Oh oui soit à mon service, Owen !
Nucky et Jimmy sont dans un bateau…
Du côté des intrigues « fil rouge » de la série, on quitte la thématique religieuse pour parler de la corruption des classes politiques et de l’arrivée annoncée de la nouvelle génération de gangsters.
Au début de l’épisode, tout semble aller comme sur des roulettes pour Nucky, le plan fumeux pour faire passer son cas au niveau fédéral ayant abouti. Mais l’ennui quand on traite avec des politiciens véreux, c’est qu’il sont plus sujets au chantage et aux pressions diverses que les autres… Nucky est en train de l’apprendre à ses dépends. Il est intéressant de noter que ledit politicien corrompu, à savoir le ministre de la justice Harry Daugherty, est une figure historique qui fut éclaboussée par plusieurs scandales (dont celui sur le bureau des vétérans dont il est question dans cet épisode). Il tomba pour une affaire liée à la contrebande d’alcool… nul doute que nous verrons comment dans la suite de la série.
Tuer un homme blessé, c'est pas kasher, mon fils.
Du côté de Jimmy, ça bouge, et pour de vrai ! J’ai éprouvé une satisfaction certaine à suivre sa storyline dans cet épisode, qui lorgne clairement du côté des films de gangster classiques (j’aime !). Sa visite au boucher kasher de Philadelphia est homérique, et la scène de fusillade qui s’ensuit redistribue bien les cartes. On le sentait depuis le début, mais ça y est enfin : la jeune garde est appelée à s’unir pour faire face aux anciens. Exit les Arnold Rothstein, les Nucky Thompson ! Place à Lucky Luciano, Franck Costello et Jimmy Darmody ! Il ne manque plus qu’Al Capone à l’appel pour que la fine équipe soit au complet ?
Pour conclure, encore une fois un très bon épisode. Peut-être moins marquant que le précédent au niveau de la réalisation, il bénéficie en revanche d’un certain nombre de scènes fortes et rythmées qui rendent l’épisode très distrayant, qui passe très vite malgré ses 10 minutes suplémentaires. Et, comme toujours, le fond de l’histoire et sa réflexion sur la société des années 20 (et la société tout court) sont passionnants.
On ne pourra juger qu’à la fin de la saison si toute cette mise en place soigneuse était justifiée ou non, mais je suis optimiste car pour le moment elle semble être maîtrisée de bout en bout.
J’ai aimé :
- Une fusillade, enfin !
- Le pétage de plomb de l’agent Van Alden et de son inénarrable épouse
- Enfin une intrigue qui tient à peu près la route pour Margaret !
- Charlie Cox <3
J’ai moins aimé :
- Paz de la huerta… décidément plus ça va moins je la supporte ! La scène de l’accouchement était vraiment pas crédible.
Ma note : 16/20