Critique : Breaking Bad 4.11

Le 01 octobre 2011 à 19:07  |  ~ 11 minutes de lecture
C’est le début de la fin pour Breaking Bad avec un onzième épisode qui une fois de plus nous force à nous interroger sur les suites éventuelles qui pourraient résulter d’une telle situation…
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 4.11

~ 11 minutes de lecture
C’est le début de la fin pour Breaking Bad avec un onzième épisode qui une fois de plus nous force à nous interroger sur les suites éventuelles qui pourraient résulter d’une telle situation…
Par Scarch

Avant toute chose, laissez-moi vous présenter mes excuses pour le manque de rigueur dont j’ai fait preuve ces dernières semaines à propos des critiques de Breaking Bad. Un mois sans possibilité de me connecter à internet m’ont privé d’accès au site et je n’ai donc pu continuer à écrire chaque semaine. En guise de pénitence, je vous promets de rattraper mon retard en publiant malgré tout les critiques manquantes dans les prochaines semaines. La situation étant désormais rétablie, je ferme cette parenthèse pour entre dans le vif du sujet.

 

Breaking Bad

 

Il aura fallut trois saisons et onze épisodes pour que ce qui devait arriver arrive enfin. Remarquez, je dis ça sans en être totalement sûr, car ce n’est pas le premier épisode qui nous donne l’impression d’avoir réellement touché le fond. Vince Gilligan aurait pu nous proposer un programme sur la descente aux enfers d’un seul homme, ce père de famille quinquagénaire désespéré qui décide de fabriquer de la métemphétamine pour laisser un petit pécule à sa famille avant de mourir. Le concept aurait été intéressant, même sans avoir le souci du détail dont fait preuve la série, et nous autres spectateurs aurions été content de suivre une série faisant preuve d’autant de gout dans la mise en scène, le cadrage et la photographie. Nous aurions pu nous dire que cet homme aurait touché le fond à son premier meurtre avec baignade dans une baignoire d’acide, Son ex élève dealer de bas étage ayant déjà l’air trop paumé pour nous soutirer la moindre émotion.

Mais non, Breaking Bad ne s’en est pas tenu là. Il fallait avoir par-dessus tout un scénario non seulement passionnant, mais surtout surprenant. Et surpris, je suppose que nous sommes tous d’accord pour dire que nous le sommes. Parce que cette série nous a montré que ce n’est pas seulement le pitch de base qui est important, mais aussi la manière de l’approfondir, de le travailler et ce, sans jamais laisser de place aux fioritures. Je suppose que des hommes comme Walter White existent dans la vraie vie, et qu’ils ne sont pas passés d’une vie bien rangée au fond du gouffre en une semaine. Un malheur en entraine souvent un autre et nous, téléspectateur habitué à nous nourrir de soupe télévisuelle, ne pouvons qu’être admiratif devant une série qui se raconte sans cesse sans s’essouffler.

Cela ne suffisait pas, le simple diagnostique d’un cancer suivi de cette décision de mettre un pied dans l’univers de la drogue. De même pour le premier meurtre, puis le second, les mensonges qui amènent à une double vie, le blanchiment d’argent, l’éclatement d’une famille, le beau-frère qui frôle la mort et le junkie à qui l’on donne de l’espoir pour finalement le lui reprendre. Je suppose que vous vous êtes souvent dit, tout comme moi, que la série allait s’essouffler à trop vouloir en faire, et chaque début de saison nous ramène à la même rengaine : Breaking Bad, c’est fini.

Eh bien non, parce que par-dessus tout, cette série sait utiliser son support pour amener de la consistance à l’intrigue. Il fallait développer le cartel, Gus Fring, Hank, Walt, Jesse, Mike. Ces personnages ont tous une histoire et une raison d’être, simplement pour nous montrer que Walter White n’est pas un héros : C’est un homme qui a pris une mauvaise décision et qui se retrouve dans un monde qu’il ne maitrise pas. Et ce n’est pas son double Heisenberg qui fera le poids face à la somme colossale de facteur à prendre en compte. Désormais, Walter est un fabriquant de drogue à moitié ruiné, qui n’a plus d’autre échappatoire que sa mort et celle de toute sa famille, l’ironie du sort voulant que ce soit cette même famille qu’il voulait préserver au point de sacrifier sa dignité pour lui laisser de quoi vivre et partir en paix. Au fond de moi, même si je suis très attaché aux personnages, j’espère que tout cela se terminera comme cela doit se finir : mal. La boucle serait bouclée et Breaking Bad entrerait définitivement au panthéon des séries légendaires.

Cela fait quelques épisodes que je me pose des questions. Pourquoi faire en sorte que le téléspectateur s’attache à Gus ou Mike ? Est-ce que les manigances de Gus n’ont pour seul but que d’humilier Walter ? J’ai désormais mes réponses. Tout va de soi. Gus n’est pas le méchant et Walter n’est pas le gentil. Il n’y a aucun manichéisme dans cette série et tout se déroule avec tant de subtilité que nous ne nous rendons même pas compte que les scénaristes arrivent à nous faire penser ce qu’ils veulent de l’histoire quand ils le désirent.

En deux épisodes, Gus s’est humanisé et Walter est devenu misérable et pitoyable. A tel point même que je ne sais plus trop quoi penser de Walt, parce qu’au final, qu’a-t-il fait de bien ?

 

Vito Fring contre Tony White


 

Gus et Walter ne sont pas si éloignés l’un de l’autre que ça. Ce qui les différencie vient du fait que le premier est réfléchit et le second impulsif. L’un maitrise et l’autre subit. Cet épisode nous en donne la preuve dés les premières images du pré-générique. Gus prévoit avec plusieurs coups d’avance chacune de ses actions. La première séquence avec Walter, celle qui suit directement le générique donc, nous montre un Walter surveillé à qui l’on rappelle sans arrêt que quoi qu’il fasse on l’anticipe et qu’il n’a donc pas à tenter le moindre chantage. Je me souviens avoir lu et avoir moi-même dit que Walter se transformait en Heisenberg. Ce n’est pas le but de la série selon moi. Si Walter voulait devenir Heisenberg, il faudrait qu’il se libère de ses chaines, à savoir sa famille, sa vie, sa maison et tout ce qui fait de lui Walter White. Je suppose que c’est un peu cela que les scénaristes ont voulut nous montrer en nous permettant d’en savoir plus sur le passé de Gus. Il n’a pas à se battre sur plusieurs front, il a déjà perdu son Jesse à lui pendant la scène de la piscine, et il n’a apparemment désormais plus son vrai nom, ni famille, et n’est même pas dans son pays.

Ce onzième épisode nous montre un Gus débraillé, souffrant, affaiblit et qui dévoile son jeu, simplement parce que la partie est déjà gagnée de prime abord. Selon moi, la suite ne pourra que nous montrer la destruction de Walter white d’une manière ou d’une autre. Au fond du gouffre, il devra soit décider de lui-même se séparer de sa famille pour devenir Heisenberg, soit continuer de subir pour disparaitre lui et sa famille. Je ne vois aucune orientation particulière pour le moment, mais l’histoire de Skyler avec Ted représente la première vraie erreur de la dame, et c’est une erreur de taille vu qu’elle est non seulement responsable d’un meurtre indirectement, mais également de la ruine de Walter. Hank étant vraiment prés du but également, Walter n’a plus vraiment d’autre choix que de prendre lui-même les choses en main. De toute façon, tout cela ne peut finir que dans un bain de sang.

 

Jesse


Jesse se positionne comme digne héritier de Gus et ça ne m’étonne pas. Tant qu’il était sous le couvert de Walt, Jesse faisait avec les moyens du bord. Cette décision de couper les ponts avec Walter ne peut que lui être bénéfique et ouvrir de nombreuses portes dans le scénario. Au dilemme : Walter est un boulet mais Walter fabrique, la réponse fut de faire en sorte que quelqu’un fabrique à sa place. Ceci étant fait, le problème est maintenant de faire en sorte que le « cooking » et Walt soient désolidarisés et c’est désormais Jesse qui tient les rennes dans l’histoire A tel point que Gus l’a fait participer à l’exécution du cartel et l’a présenté à Hector qui semble représenter une sorte de moteur de volonté pour Gus.

Ceci étant dit, tout tend à nous montrer depuis le début que Jesse est le seul qui semble réellement posséder une conscience dans l’histoire, ou plutôt une conscience qui fonctionne. Il lui faut plusieurs épisodes pour se remettre de chaque problème et sa haine de Gus n’a pas du disparaitre du jour au lendemain. J’ai donc tendance à me demander ce qu’il nous prépare.

 

Hank


Si Breaking Bad était une série normale, c'est-à-dire qui nous montre de manière politiquement correcte la déchéance d’un homme prit par le monde de la drogue à travers un prisme démago et bien pensant, je pense que Hank serait le héros. Attention, il n’y a rien de péjoratif dans ce que je dis, j’admire énormément Hank qui est passé de gros beauf en début de série, à « Sherlock Holmes cool » désormais. Si j’ai introduit cette partie consacrée à Hank de cette manière, c’est justement pour revenir sur le fait que Breaking n’est pas une série qui se cantonne à nous montrer ce qu’elle veut nous montrer, mais plutôt qui démolit les barrières entre les camps. Ainsi, Hank à beau être un fin limier, il représente le héros mis de coté dans une série ou il n’y aura pas de gagnant.

Personnellement, je ne donne pas cher de sa peau et je me demande même si ce n’est pas lui qui va disparaitre le premier, ce qui constituerait une bonne raison pour Heisenberg de se réveiller. Ca me ferait mal quand même, parce que Hank est quand même à l’origine de la scène qui m’a fait le plus vibrer de toute la série, à savoir son affrontement dans le parking avec les jumeaux mexicains.

 

?


La suite de la série n’a jamais été aussi floue. Je ne vois pas ce que vont bien pouvoir nous raconter les deux prochains épisodes de cette saison, ni comment nous allons pouvoir tenir encore une longue saison. Mais après un épisode comme celui-là, comment ne pas avoir confiance.

 

Ce que j’ai aimé :

  • Toutes les qualités techniques de la série.
  • Skyler commence à être faillible
  • Gus est humain
  • Jesse en successeur de Gus ?
  • Des plans fixes sublimes (la scène dans le désert avec le contraste que font les nuages…)
  • La dernière scène affolante

 

Ce que j’ai… euh… non rien

 

Note : 16/20

L'auteur

Commentaires

Avatar OSS
OSS
Eh ben voila. C'est quand même bien mieux de pouvoir lire tes excellentes critiques. Bonne chance pour ton internet. Je suis complètement d'accord à propos de Hank. Je me suis rendu compte cette saison que je souhaitais qu'il soit le dernier debout. Parce que c'est lui le héros. Et parce que les chemises Charlie Sheen, c'est plus fort que le cartel et Gus réunis. Par contre, j'espère qu'on aura droit à la découverte par Hank de la véritable identité de Heisenberg. Parce qu'on l'attend depuis le tout début de la série. Donc même si Hank devait partir dans le final, j'espère qu'on y aura droit (ça me parait limite niveau temps...). "Tout va de soi. Gus n’est pas le méchant et Walter n’est pas le gentil. Il n’y a aucun manichéisme dans cette série et tout se déroule avec tant de subtilité que nous ne nous rendons même pas compte que les scénaristes arrivent à nous faire penser ce qu’ils veulent de l’histoire quand ils le désirent." Oui, enfin j'ai quand même eu l'impression de bien m'en rendre compte quand ils voulaient nous montrer que Walter était vilain vilain vilain. Mais ils ont nuancé le tout depuis deux épisodes, je suis rassuré. Breaking Bad est plus subtil que ça.

Image Breaking Bad
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