Permis de tuer du monstre
L'agent Rinaldi, l'agent Stubeck et toute l'équipe de l'Undead Task Force sous les ordres de Dashell ont la difficile mission de chasser toutes les créatures surnaturelles qui viennent se nourrir la nuit. Zombies, vampires et loups-garous sont les ennemis qu'ils doivent affronter au quotidien. Heureusement, ils ont l'autorisation de faire usage de la force pour maîtriser, voire éliminer ces créatures.
Résumé de la critique
Un pilote maladroit que l'on peut détailler ainsi :
- un sale esprit jouissif et gore inspiré des films de série B pour un format court assez délirant
- des vampires et des zombies entre humour sale gosse et violence saisissante
- le choix du faux documentaire pas vraiment judicieux dans un récit sans vraie structure
- un côté frimeur assez désagréable et des comédiens qui surjouent
Faire régner l'ordre quoi qu'il en coûte
Les zombies et autres vampires sont parmi nous et les agents de la Undead Task Force sont heureusement ici pour nous protéger, provoquant la curiosité d'une équipe de télévision qui vient tourner un reportage sur leur quotidien. De ce principe de départ, la série va proposer un délire assumé sur fond de scènes gores et d'humour franchement décalé. Du commissariat aux bas-fonds de la ville, les caméras suivent le quotidien de ces policiers dotés du permis de tuer et qui ne se privent pas de l'exercer sur les monstres en tout genre.
Evidemment, le premier argument à opposer à cette série serait d'ordre moral, mais ce serait hors de propos vu que les créateurs font preuve d'un second degré totalement assumé. Les zombies servent de punching ball, les vampires offrent du sexe contre du sang et les loups-garous ont des problèmes de connexions internet, le tout dans un spectacle assez original qui évoquent les films gores de Sam Raimi. Le format court fait que la série ne laisse pas vraiment le temps de la réflexion, misant avant tout sur une approche totalement décalé et assez violente de la lutte contre la délinquance pour retenir notre attention.
Un show entre humour et angoisse
La principale qualité de Death Valley va venir de son ambiance particulière, un univers qui oscille fréquemment entre séquences comiques et plongées horrifiantes dans un univers violent où la civilisation côtoie la pire des barbaries. Si la série peut être drôle, elle possède aussi une vraie capacité à faire peur en intégrant des créatures angoissantes dans un milieu au réalisme troublant. Les vampires comme les zombies se défendent et la menace qu'ils représentent pour les membres de l'unité restent particulièrement crédibles.
Pour son pilote, Death Valley parvient à poser un univers avec des codes assez précis et une galerie de personnages décrits avec un trait volontairement grossier et excessif. Stubeck et Billy sont les deux frimeurs, chargés de veiller sur les cas de prostitution vampire et qui vont se retrouver au prise d'un monde étrange avec des règles complexes et une hiérarchie de nature mafieuse. Inspirés par les clichés véhiculés par la télévision sur les sheriffs de banlieues, ces deux personnages auraient tout pour être sympathiques si les comédiens ne surjouaient pas fréquemment, empêchant l'immersion du spectateur dans cet univers troublant.
Plus convaincant, Carla et John-John file à la chasse aux zombies pour donner sa meilleure scène à cet épisode, mélange intéressant d'humour gore et de fantastique à la John Carpenter tendance "Jack Burton". L'intrigue reste assez mince, ce pilote essayant avant tout de poser un climat avec une certaine réussite, sans pour autant réussir à convaincre totalement.
Un mécanisme de narration qui ne marche pas
Délire potache et assez sombre, Death Valley aurait tout pour proposer un show délicieusement régressif si les créateurs n'avaient pas commis la grave erreur de vouloir présenter tout ceci sous la forme d'un documentaire. Contrairement à des shows qui, comme Angry Boys, parviennent à tirer parfaitement profit du format télévisé, la série change trop souvent de format entre documentaire et fiction, caméra à l'épaule et plans travaillés, le scénario ne tirant aucun bénéfice de la présence de l'équipe de télévision. Le côté réaliste devient alors dérangeant, impliquant une forme de voyeurisme déplaisant dans ce qui aurait pu être un simple show comique à voir au second degré.
En fait, l'aspect documentaire ne sert finalement qu'à justifier un scénario inexistant, la seule tentative de construire une histoire autour de l'enlèvement de Billy aboutissant à une scène d'échange vraiment médiocre. Trop concentré sur une volonté forte de choquer le spectateur, Death Valley ne produit aucune intrigue et se cherche encore un héros dans un scénario sans véritable enjeu. Passif, le spectateur assiste à ces spectacles de massacres certes divertissants, mais finalement particulièrement vains, la série ne proposant qu'un seul point de vue dans un récit semblable par moment à une grosse bande annonce.
Au programme, sang, cannibalisme, sexe et ... c'est tout.
Au final, si Death Valley ne déçoit pas par son côté brutal et sanglant, il commet certaines fautes de constructions en optant pour un format qui limite totalement toute possibilité d'évolution. De plus, la présence d'une équipe de tournage sert essentiellement d'excuses aux comédiens pour cabotiner un peu trop, donnant à la série un côté parfois drôle, mais par moment franchement pathétique. Trop prétentieuse, la série fait étalage de toutes ses qualités et semble condamnée à la surenchère pour pouvoir éviter de se répéter, le format de vingt minutes ne laissant que peu d'espoir sur la profondeur des intrigues à venir.
En conclusion, un pilote assez excitant au premier abord, fournissant une bonne dose de gore et d'adrénaline avec un esprit sale gosse assumé. Dommage que l'absence d'intrigue et l'argument peu convaincant du documentaire donnent au final une série assez linéaire, parvenant malgré tout à poser son univers furieusement décalé sans parvenir à dépasser le cadre de la bonne blague potache. Il ne reste plus qu'à espérer que les épisodes suivants fassent l'effort d'un minimum de construction pour tirer profit de cette bonne idée de départ.
J'aime :
- un ton vraiment décalé et un visuel gore intéressant
- certaines séquences froides et horrifiantes malheureusement trop rares
- les personnages plutôt intéressants
Je n'aime pas :
- pas de héros, pas d'histoire et aucun enjeu
- un potentiel franchement limité pour l'instant
- la scène avec les vampires franchement ratée et peu crédible
Note : 10 / 20
Un show à prendre au second degré et qui profite d'un certain effet de surprise tout en ne laissant voir qu'un potentiel limité pour l'avenir. Dommage tant les personnages ont un vrai potentiel, mais certains comédiens surjouent et détruisent la crédibilité du concept du documentaire. Défoulant, mais assez pauvre en contenu.