Critique : Endgame 1.12

Le 20 juin 2011 à 07:32  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode délicieux où je retrouve tout ce que j'apprécie dans la série Endgame, soit un mélange harmonieux entre la comédie et le cop show. Au programme, une star du rock et un ours polaire qui a le droit de manger les décideurs de Showcase Canada.
Par sephja

Critique : Endgame 1.12

~ 6 minutes de lecture
Episode délicieux où je retrouve tout ce que j'apprécie dans la série Endgame, soit un mélange harmonieux entre la comédie et le cop show. Au programme, une star du rock et un ours polaire qui a le droit de manger les décideurs de Showcase Canada.
Par sephja

Pitch nounours polaire

Un groupe de Hard Rock et sa star Deacon se sont installés dans l'étage du Huxley où dort Arkady le temps de quelques concerts. Alors que Balagan vient se plaindre, un des hommes de confiance de Deacon s'effondre dans le salon, victime d'un coup de batte de base-ball pris alors qu'il échangeait 200 000 dollars contre un ours polaire. En acceptant l'affaire, le Chessmaster ignore que cette affaire va le mener bien plus loin qu'il ne l'imagine. 

 

Un épisode qui réunit toutes les qualités de Endgame 

Si la première impression n'est pas particulièrement bonne, l'épisode va vite se racheter des quelques errements du début en proposant un récit très rythmé et étonnamment drôle, ou la question de la nature réelle d'Arkady va être posée. On regrettera que l'implication dans l'affaire du Chessmaster soit aussi peu subtile, les auteurs ressortant l'argument financier toujours aussi maladroit qui va heureusement trouver une justification finale assez juste. La vraie motivation du héros va apparaître peu à peu et donner une nouvelle orientation au jeu toujours aussi extraordinaire de Shawn Doyle.

Parfait dans le rôle de la Rock Star déjantée, Michaël Eklund en fait des tonnes et oblige Balagan à se taire devant cet ego qui tend à surpasser le sien. Dès lors, la relation entre les deux hommes va se fonder sur une défiance mutuelle, Arkady n'hésitant pas à jouer double-jeu dans une histoire qui va l'obliger à faire preuve d'humilité. Très original, le scénario avance par une succession de rencontres toutes plus étonnantes les unes que les autres, révélant au passage des secrets concernant Danni, la serveuse du Huxley.

Porté par une folie contagieuse, le récit ne s'embrouille jamais, gardant le cap d'une histoire relativement simple, mais que les auteurs s'amusent à aborder de la mauvaise manière en s'amusant visiblement à nous égarer. Les flash du héros, encore plus loufoques que d'habitude, permettent à Shawn Doyle de se lâcher complètement, proposant un délire à la force comique indéniable. A la fois tragique et comique, Endgame épate une fois de plus par sa capacité à créer un climat particulièrement jouissif et farfelu, porté par une Katharine Isabelle délicieusement cabotine.

 

Danni  et le coeur d'Arkady 

Personnage ayant connu une évolution indiscutable tout le long de la saison, Danni sort enfin de son rôle de serveuse pour composer le portrait d'une jeune femme qui fuit son passé et trouve avec Arkady l'occasion de se reconstruire. Tous les deux sont des blessés, se cachant dans un recoin de l'hôtel pour mieux fuir les souvenirs d'un passé qu'ils n'arrivent pas encore à assumer. Le duo de Katharine Isabelle et Teach Grant fonctionne pour le mieux et apporte un plus à l'épisode, retrouvant cet équilibre parfait entre drame et comédie qui réussit si bien à la série. 

Après l'épisode précédent centré sur Sam, Danni va se retrouver au centre de nombreuses révélations qui, à défaut d'être vraiment crédibles, apportent une dimension supplémentaire et très réussie au personnage. Si une seconde saison avait vu le jour, elle aurait désormais pu prendre une nouvelle place au sein de la série, reconnaissant chez Balagan les mêmes blessures qu'elle porte en elle. Le show prouve encore une fois que les auteurs sont encore loin d'être à court d'idée, proposant différentes évolutions plutôt malignes.

Très juste et touchante, la dernière scène entre Balagan et Danni prouve qu'un sentiment fort s'est crée entre eux deux, une attachement tout particulier que peu de séries parviennent à exprimer. Le numéro formidable de Patrick Gallagher en boucher sanguinaire prouve que la gestion des séquences comiques est indéniablement l'un des points forts du show, preuve qu'en plus d'être préméditée, cette annulation n'a clairement aucun sens... mais je m'égare.

 

Arkady Balagan, entre ours et star du rock

Après une saison, le personnage du Chessmaster aura beaucoup évolué, tempérant son caractère de diva par une capacité à se montrer particulièrement chaleureux. Balagan n'est pas une rock star car ces groupies sont avant tout ses amis, le champion d'échec n'acceptant de s'entourer que de personnes de confiance. La Chess Team est avant tout une grande famille, partageant avec lui un plaisir ou un malheur : Alcina en témoin du meurtre de sa femme, Danni et ses blessures du passé, Sam et son amour du jeu d'échec. 

Sa vie renfermée au sein de l'hôtel et son caractère agressif envers Pippa pourraient permettre de définir Arkady comme un ours polaire, si ce n'est que son emprisonnement est un choix plus qu'une fatalité. Alors que la saison s'achève, l'évidence apparaît qu'il a baissé les bras concernant Rosemary et cherche essentiellement à se divertir en chassant ce drame de son esprit. Et c'est ici que la vérité sur Arkady Balagan se trouve, sur ce besoin de résoudre des énigmes pour guérir les blessures des autres et par effet retour, les siennes. 

Le Chessmaster n'est ni un ours Sibérien, ni une star du rock, juste un homme qui tente de retrouver le bonheur et de se reconstruire une famille afin de se renforcer pour pouvoir affronter la mort de Rosemary. Ma principale tristesse vient du fait qu'à cause de mauvais choix de Showcase Canada, ce jour n'arrivera jamais. Merci monsieur les producteurs de télévision, vous êtes la preuve qu'un jugement fondé sur les seuls éléments financiers ne peut être que misérable. 

Pardon pour cet aparté. 

 

J'aime : 

  •  la personnalité complexe d'Arkady Balagan 
  •  Katharine Isabelle vraiment formidable 
  •  un mélange investigation - humour absolument parfait 
  •  une intrigue très originale

 

Je n'aime pas : 

  •  Showcase Canada si vous ne revenez pas sur votre décision. 
  •  une introduction un peu maladroite 
  •  quelques invraisemblances qui ne nuisent pas à l'ensemble 

 

Note : 14 / 20 

Un bel épisode en signe d'adieu (peut-être, la lutte continue, je vais écrire mon 82 ème mail de protestation) qui condense tout ce que j'ai toujours apprécié chez Endgame. Un épisode drôle, rythmé, intelligent... un petit moment de bonheur, léger et sympathique. 

L'auteur

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13.18
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