Romance et politique
Justin amène Kate au concert de Claudia Alves, une chanteuse brésilienne qui donne un spectacle privé dans un bar appartenant à un de ses amis. La soirée se prolonge dans une limousine appartenant à la chanteuse jusqu'à ce qu'un autre véhicule les percute violemment, amenant la police sur les lieux. La découverte dans le sac à main de la chanteuse de sachets de cocaïne oblige Kate à prendre en main l'affaire pour sauver cette jeune chanteuse du piège qu'on lui a tendu ainsi que la carrière de Justin qui se retrouve sous le feu des médias.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un problème de contexte important et assez étrange
- le combat délicat entre le coeur et la raison
- une bonne dynamique de groupe insuffisamment exploitée
- une mythologie pas à la hauteur
L'acte d'exposition et son importance
Pour son retour à l'écriture, Peter Ocko était très attendu, surtout que les Fairly Legal manquent d'une vraie mythologie qui apporte une dimension tragique à cette fin de saison. Seulement, au lieu de développer un épisode somme, il va offrir un stand-alone certes ambitieux du point de vue des intentions, mais vite alourdi par un démarrage assez poussif. Entre Claudia Valdez et Robin Archer, ce sont deux personnages secondaires importants que la série se doit d'introduire en huit minutes, privilégiant dans un premier temps la storyline de Kate qui est la seule à profiter de quelques enjeux.
Ainsi, l'histoire de cette chanteuse brésilienne jouée par la soprane argentine Josepha Scaglione est intéressante, mais possède un contexte politique trop complexe pour Fairly Legal. Les intentions sont bonnes, l'intégration de Justin permet de donner un enjeu important, mais le déroulement est vite limité par la nécessité pour les scénaristes de rester dans le cadre de l'anecdote. Pas assez préparée en amont, cette intrigue repose sur des preuves un peu trop évidentes, offrant une conclusion sans panache, laissant une sensation d'inachevée regrettable tant l'atmosphère de l'épisode était convaincante.
Si l'intrigue s'avère assez décevante, la thématique de l'épisode est beaucoup plus intéressante, reposant sur la romance et sa complexité, incarnée par le couple formé par Virginia Williams et Lloyd Awens. Mais, là aussi, le manque de mise en valeur du personnage de Robin Archer ne permet pas d'apporter un enjeu fort à une storyline clairement décorative. Pourtant, grâce à la qualité des comédiens, des dialogues et de la mise en scène, le charme de cette histoire simple fonctionne, Peter Ocko exprimant sa passion pour les intrigues romantiques et le conflit qu'elles entraînent.
L'être humain est toujours en conflit avec lui-même
Série racontant l'histoire d'une médiatrice, Fairly Legal se concentre fréquemment sur la gestion de conflit, avec deux partis qui s'opposent et une héroïne en quête de l'accord parfait. Pour comprendre Peter Ocko et son travail, il faut alors reporter ce pitch au comportement sentimentale de Kate Reed et la façon dont les personnages sont partagés entre les sentiments qui nous poussent à l'aventure et la logique qui nous pousse à préférer la sécurité. Cette dualité de l'être humain apparaît comme le coeur d'une saison qui n'aura eu de cesse de mettre en avant le conflit perpétuel vécu par l'héroïne du show.
Avec Lauren, les auteurs se retrouvaient avec un personnage ouvert, peu employé par Michael Sardo que la nouvelle équipe créative pouvait donc modifier en profondeur. Le problème est que son intégration au sein des autres personnages aura été difficile, trouvant la place idéale en devenant le conseiller de Justin, permettant de fournir une mythologie autour de la carrière politique de celui-ci. Partagé la raison avec Lauren et la passion avec Kate, le jeune procureur subit l'influence des deux, cherchant son chemin entre l'énergie de l'une et le calme maîtrisé de l'autre.
Point très intéressant de cet épisode, la situation de Justin est celle de tout être humain, pris entre la fidélité d'une femme de bon conseil, mais qui demeurera inaccessible à ses yeux et l'enthousiasme de l'élu de son coeur, source de son bonheur comme de son malheur. Un point particulier très bien exploité qui vient justifier l'intérêt apporté par les scénaristes à Justin, donnant une dynamique de groupe très intéressante, mais pas suffisamment exploitée, point particulier qui va constituer le défaut majeur de cet épisode.
L'importance du travail d'équipe
Au début de l'épisode, alors que la dimension tragique de l'affaire Alves apparaît clairement, les auteurs font travailler ensemble tous les personnages du show, laissant apparaître tout le potentiel de la série. En optant pour une atmosphère de collaboration au sein de Reed and Reed, Peter Ocko laisse entrevoir la possibilité d'une affaire vraiment ambitieuse, avant d'écarter finalement Lauren pour développer à part son histoire romantique. Une intrigue qui doit beaucoup à la performance de Virginia Williams, toujours sous-employée malgré l'évidence de son leadership et une scène avec Kate particulièrement réussie.
En scindant fréquemment les équipes en plusieurs morceaux, les scénaristes n'ont pas su mettre en valeur les personnages de Lauren ou Leo, se focalisant un peu trop sur la connexion entre Sarah Shahi et Ryan Johnson. Une faute qui se retrouve dans cette courte séquence du début d'épisode où Lauren prend les commandes, accélérateur efficace pour lancer une contre-offensive cohérente et efficace. Sous ses commandes, l'équipe fonctionne de nouveau parfaitement, mais le problème de Fairly Legal va venir du fait que l'héroïne n'est pas vraiment une adepte du travail collectif.
Ainsi, le caractère particulier de Kate est presque un handicap pour l'équipe créative, empêchant ceux-ci de développer les personnages secondaires par son refus de déléguer ou de partager sa tâche. Peu concernée par la vie des autres, la jeune médiatrice est une tornade qui emporte tout sur son passage, plaçant les intérêts de sa cliente avant ceux de ses collègues. Un comportement qui lui donne tout son charme, à savoir une énergie positive indéniable, mais empêche les auteurs de profiter d'une dynamique de groupe pourtant assez séduisante.
Une intrigue trop anecdotique
A deux épisodes de la fin, Fairly Legal laisse apparaître le manque de fil directeur d'envergure de cette saison qui se sera beaucoup concentré sur la romance au détriment de la dramatique de l'ensemble. Ainsi, la situation périlleuse du début de saison de Reed and Reed n'aura été que peu évoquée, les scénaristes privilégiant des médiations anecdotiques et une continuité fondée sur les intrigues romantiques de Kate Reed. Un épisode dans l'ensemble assez plaisant, mais loin d'avoir l'ampleur attendue avec l'arrivée de Peter Ocko à l'écriture, privilégiant les intrigues romantiques avec succès.
Au final, l'ensemble paraît trop timide sans être désagréable pour autant, ne tirant pas assez profit de la situation périlleuse de Justin en privilégiant l'histoire de la chanteuse qui peine à être crédible. En quête d'une cause à défendre, Kate hérite d'une intrigue assez facile, ne tirant pas vraiment parti d'un contexte politique intéressant, mais particulièrement peu développé. Peu à l'aise avec son héroïne, Peter Ocko construit avec Lauren une storyline séduisante par sa forme, mais assez vaine en définitive.
J'aime :
- ambitieux du point de vue des thèmes abordés
- les dialogues efficaces
- les comédiens très bons, Virginia Williams en tête
Je n'aime pas :
- un contexte politique peu crédible et assez creux
- une mythologie assez décevante
- le manque d'enjeu du personnage de Lauren
- le démarrage poussif
Note : 11 / 20
Malgré la présence au scénario de Peter Ocko et la voix séduisante de Josefina Scaglione, Fairly Legal nous propose un épisode avorté, l'ambition des premiers instants aboutissants à une conclusion assez fade. Malgré tout, le charme des comédiens et des dialogues bien ciselés donnent au final un épisode plaisant, mais en dessous de ce que l'on était en droit d'espérer.