Le bonheur se joue à de petits détails
Kate Reed obtient une médiation concernant une présentatrice télévisée et sa maîtresse, toutes les deux licenciées par une chaîne de télévision sous un prétexte douteux. Seulement, la négociation avorte immédiatement, les deux femmes choisissant de rompre leurs engagements contre leur retour à leur travail respectif. Pendant ce temps, Justin semble très mal parti contre Davidson, les sondages le donnant perdant quasiment à coup sûr dans l'election qui approche.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une mise en place intéressante, mais pas assez percutante
- la décision de Lauren assez mal mise en valeur
- une héroïne en quête du bonheur sans compromis
- un bilan de la saison 2
Une mythologie au rabais
Si Michael Sardo avait offert une saison en demi-teinte l'année dernière, son final avait eu le mérite de posséder un vrai enthousiasme, plaçant Kate en première ligne dans une situation périlleuse. Et après avoir pris les rênes du show avec adresse, le spectateur était en droit d'attendre de Peter Ocko la même énergie avec une médiation du jour qui sorte la série de sa routine. Mais l'absence d'une vraie mythologie digne de ce nom va clairement jouer en défaveur de cette intrigue au démarrage certes adroit, mais qui ne possède pas la force que l'on est en droit d'attendre d'une fin de saison.
Ainsi, Kate doit gérer la médiation concernant deux lesbiennes licenciées d'après elle pour des motifs homophobes de leur chaîne de télévision. Le but du showrunner est ici de se placer sur une thématique se concentrant sur l'opposition entre les sentiments d'un côté et la réussite professionnelle de l'autre. Une première scène qui fait écho au choix de Kate de se remettre avec Justin, mêlant ainsi son besoin d'un soutien au bureau de procureur à sa stabilité personnelle, le postulant au poste de procureur représentant un pari moins risqué que Grogan.
Une fois la thématique posée, Peter Ocko revient à l'intrigue du jour, avec la découverte par Kate du vrai motif derrière le licenciement des deux jeunes femmes. En effet, l'une d'entre elle a découvert une magouille financière et immobilière qui relie un mystérieux Kaplan à Davidson, poussant la médiatrice à forcer Lauren à reprendre contact avec Archer. L'intrigue devient alors dynamique et plaisante, mais oublie de mettre suffisamment son héroïne en danger, laissant l'impression au final d'un cas un peu trop facile à résoudre pour un season finale.
La passion de Lauren
La principale raison pour laquelle Kate se trouve préservée est que les auteurs misent sur le personnage de Lauren et sa relation incertaine avec Archer, un homme d'affaires trouble pour donner une dimension dramatique à cette histoire. Si l'intrigue en tant que telle est intéressante et fait parfaitement écho au thème de départ, la mise en place poussive du personnage joué par Lloyd Owens dans l'épisode précédent empêche d'apprécier pleinement la dimension tragique de cette histoire. Prise entre son attirance pour cet homme et sa conscience de sa nature dangereuse, Lauren doit choisir entre son passé à Reed and Reed et un avenir incertain.
Sur le papier, cette storyline serait impeccable si seulement l'histoire avait été intégrée petit à petit dans les épisodes précédents, créant un arc qui aurait permis de mettre en valeur la personnalité séduisante et trouble de Archer. Trop parachutée, ce nouveau personnage ne parvient pas à convaincre, tuant dans l'oeuf l'aspect tragique de son choix final en n'exposant pas assez les implications pour Reed and Reed. Misant clairement sur une éventuelle saison trois, Peter Ocko offre un final qui parait maladroit, mais réussit le tour de force de clore une bonne partie des arcs du début de saison, même si la fin de Davidson manque clairement de panache.
Avec une telle histoire, il y avait matière à faire mieux, à sortir du cadre du simple divertissement pour offrir une conclusion plus tragique, en évoquant auparavant le sentiment de solitude de Lauren. Loin d'être maîtrisée, une fin de saison qui paye une mythologie un peu trop centrée sur la romance entre Kate et Grogan, confirmant la nature légèrement superficielle de Fairly Legal. Sans éclat, une conclusion qui montre de réelles intentions, mais échoue à leur donner une envergure à la hauteur des ambitions des scénaristes.
Le bonheur selon Kate Reed
L'autre partie du scénario va se centrer sur les tentatives de Kate pour se trouver un appartement avec Justin, manière indirecte d'officialiser leur nouvelle vie commune. Evidemment, cette quête va vite devenir une métaphore concernant la fragilité du couple, l'ombre de Grogan obligeant l'héroïne de Fairly Legal à se remettre en question. Consciente de la nécessité de se stabiliser à nouveau, le personnage de Sarah Shahi se retrouve à devoir choisir entre ses aspirations et les désirs divergents d'un Justin en pleine déroute électorale.
Plus qu'une histoire d'amour, sa relation avec l'assistant procureur reposait en grande partie sur sa passion pour les idéalistes, point singulier qui définit totalement le caractère de la médiatrice. Une impulsivité et un enthousiasme qui ne peut pas s'épanouir dans la stabilité d'un quotidien, son refus de prendre une voiture soulignant son besoin d'échapper à la moindre routine. Imprévisible et enthousiaste, la jeune femme reste fidèle à elle-même après une saison délicate où elle aura été un peu trop utilisée pour donner de l'enjeu à l'affrontement Patrick - Davidson.
En conclusion, un épisode divertissant qui fournit une intrigue du jour dynamique et plaisante, mais ne parvient pas à prendre l'intensité attendue d'un season final. Malgré tout, il serait injuste de faire la fine bouche, Peter Ocko proposant une histoire ambitieuse sur le papier, mais mal mise en valeur par une saison un peu trop centrée sur les intrigues romantiques au détriment de la situation de Lauren. Moins réjouissant que la saison dernière, une conclusion qui parvient au moins à parler avec adresse des hésitations entre la passion et la raison, entre le besoin de stabilité et la soif d'aventure.
Le quotidien d'une capricieuse
Après une saison qui avait laissé un fort sentiment de déception, la prise en main de Peter Ocko avait parfaitement réussi son démarrage avec l'ajout d'un excellent Ryan Johnson venant perturber une héroïne obligée de se remettre au travail. C'est de leur opposition que vint le principal intérêt de ce début de saison, entre idéalisme et cynisme, Grogan incarnant tout ce que Kate Reed déteste chez les avocats. Les cinq premiers épisodes furent ainsi de jolies réussites dans leur registre, la série restant un divertissement léger, offrant des cas amusants et bien pensés.
Seulement, l'absence de mythologie va vite peser sur les scénaristes, incapable de relancer un show qui devait tout construire à partir de zéro à chaque épisode. Premières victimes, Lauren et Leo vont occuper une place décroissante, ne jouant qu'un rôle limité dans les choix sentimentaux et professionnels de Kate, les scénaristes délaissant une storyline sur les difficultés de Reed and Reed pourtant prometteuse. Dans le même mouvement, le juge Nicastro va aussi s'effacer, la nouvelle équipe créative abandonnant toute la partie autour du deuil du père pour se centrer sur un triangle amoureux qui va entraîner de nombreux problèmes.
Le départ de Kate avec Justin va causer un certain agacement chez les fans, les auteurs peinant à donner du sens à sa décision et à mettre en valeur correctement le duel Patrick - Davidson. Au lieu d'une femme décidée et volontaire, le personnage de Sarah Shahi est devenu une capricieuse, un peu moins pétillante et sympathique, modifiant lentement notre relation avec cette héroïne parfois agaçante. Les épisodes ont perdus alors de leur énergie, préparant maladroitement un season final qui va profiter d'une rampe de lancement assez médiocre avec une seconde moitié de saison passable.
Pourtant, la saison laisse une impression globalement positive par rapport à l'ère Sardo, grâce à des comédiens impeccables et sept premiers épisodes particulièrement réussis. La preuve que la série gagne à miser sur un ton plus léger, l'atmosphère plus tendue à l'approche du final ayant entamée la bonne dynamique du show. Plus omniprésente, Kate finit par agacer, prenant le pas sur chacun des personnages, même un Ben Grogan qui devient presque secondaire pendant que rien ne parait pouvoir résister à la tornade Reed.
A ce point de la saison, l'héroïne de Fairly Legal est devenu une super-héroïne, remportant tous ses combats sans jamais être en péril, quitte à perdre petit à petit une bonne part de sa crédibilité. Une orientation assez regrettable, celle du quotidien d'une capricieuse qui se veut meilleure que la justice, trouvant toujours le bon argument pour dévoiler la vérité cachée derrière les mensonges. Un changement assez dommageable par rapport au début de saison, en espérant que, l'année prochaine, les scénaristes sauront revenir à plus de simplicité.
J'aime :
- la thématique bien exploitée
- énergique et plaisant
- les interprètes convaincants
Je n'aime pas :
- la dramatique de l'épisode assez faible
- le personnage d'Archer
- le démarrage très alambiqué
Note : 12 / 20
Sympathique, un season final ambitieux sur le papier, mais qui échoue à se donner la force dramatique espérée par Peter Ocko, la faute à une mauvaise exploitation du personnage de Archer. Malgré tout, l'enthousiasme des comédiens et le duo Grogan - Reed donne son charme à une conclusion certes sans panache, mais cohérente avec le reste de la saison.