Andrew / Henry
Bridget se sert de Solomon pour revenir sur les traces de sa soeur, découvrant les nombreux secrets dont un bureau caché et une clef étrange dont elle ignore pour l'instant l'utilité. Après avoir été mis dans la confidence par Siobhan concernant les raisons de son départ, Henry reçoit la visite d'Olivia qui veut toujours gagner comme client le père de Gemma. Pendant ce temps, le procès concernant le viol de Juliet va prendre une direction totalement inattendue.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une storyline Henry particulièrement convaincante
- Bridget qui apparaît de plus en plus comme le dindon de la farce
- l'histoire de Juliet qui se conclut par une pirouette spectaculaire
- une série qui joue un peu trop avec la patience du spectateur
Le besoin de se confier
Après un épisode assez convaincant la semaine dernière, Ringer retombe dans ses travers en proposant une histoire assez inégale entre une section Siobhan réussie et une sur Bridget plus poussive. Pour parler d'abord des choses positives, je m'attarderais sur la "mauvaise" jumelle et en particulier sur Henry qui se retrouve au centre de deux intrigues différentes. D'un côté, la volonté de son amante de faire tomber Andrew et sa compagnie à son profit, de l'autre le retour d'Olivia qui cherche par le chantage à entrer dans les bonnes grâces du père de Gemma.
Entre chantage et trahison, les femmes de Ringer sont des personnages complexes et manipulateurs, montrant leurs sentiments uniquement dans le but de s'assurer leur bénéfice personnel. Des personnages cruels et séducteurs qui font le charme du show, mais souligne aussi un de ses principaux défauts à savoir la sensation du spectateur d'être fréquemment mené en bateau par des scénaristes qui abusent des effets de manche. Malgré tout, cette partie de l'intrigue se révèle assez dynamique, proposant une scène particulièrement troublante lors du face-à-face entre Andrew et sa véritable épouse.
L'ensemble est moins inspiré que la semaine dernière, mais l'arrivée de Siobhan aura indéniablement fait avancer l'intrigue, laissant apparaître un début d'explication sans convaincre pour autant. Série feuilletonnante qui a les défauts de son ambition, Ringer a la bonne idée d'offrir à la jumelle de Bridget un vrai confident avec Henry dont la loyauté reste sujette à caution. Dommage par contre que l'astuce du portable soit à ce point grossière, moment de faiblesse des scénaristes qui jouent clairement en défaveur de la crédibilité de l'épisode.
Bridget ne sait pas mentir
Si la plupart des femmes dans la série sont des expertes en manipulation, une seule semble ignorer la définition de ce mot, découvrant petit à petit l'étendue de sa naïveté. Le voyage de Bridget avec Solomon est convenable, mais l'excuse qu'elle donne au chauffeur pour la faire pénétrer dans l'intimité de Siobhan est loin d'être vraiment convaincante. L'ensemble est plaisant, offrant dès la première scène l'exemple parfait de ce qui pose problème dans ce show, à savoir une tendance à créer des situations artificielles avec pour seul objectif de créer une tension afin de conserver un maximum de spectateurs.
Incapable de mentir, Bridget est le personnage positif de la série ce qui la rend d'abord attachante, jusqu'à ce que son angélisme n'entraine un certain agacement devant son incapacité à comprendre que sa soeur est encore vivante. Sur ce point, la série joue la montre d'une manière assez insupportable, l'héroïne refusant d'utiliser les nombreuses preuves dont elle dispose pour faire avancer l'intrigue. De même, la proposition de Bridget à Solomon est assez singulière, faisant du jeune chauffeur un personnage à la loyauté difficile à cerner.
Au final, à force de croire tout le monde naïvement, Bridget apparaît comme incapable de trouver la vérité, laissant l'impression que les auteurs avancent à tâtons sur ce point de l'intrigue. La scène de la librairie est un instant de remplissage assez pathétique, gagnant du temps de façon trop visible pour être vraiment crédible sur un scénario qui veut avant tout régler l'intrigue de Juliet. Une partie de l'intrigue qui va marquer le plus les esprits, conclusion risquée d'une affaire de viol qui va s'avérer à la fois brillante et regrettable.
Le plaisir et la frustration du pigeon
Evidemment, il ne sera pas question d'ornithologie ici, mais bien du problème lié à l'intrigue de Juliet, histoire de viol totalement absurde dont la conclusion semblait particulièrement périlleuse. Sans révéler le twist inattendu de l'épisode, le tour de force est réussi, moment d'une créativité extrême que l'on ne peut que saluer dans un premier temps, comme le pigeon victime d'une arnaque menée de main de maître. Cohérente, justifiant tout, cette explication vaut à elle seule le visionnage de cet épisode, réaction admirative dans un premier temps avant qu'un sentiment plus mitigé ne s'installe.
En effet, avec du recul, il apparaît que ce twist monumental est surtout une sortie de secours peu convaincante pour une storyline désastreuse qui a entrainé une désertion d'une partie du public. A force de manipulations et de complots, Ringer dresse le portrait d'un univers composé de menteurs et d'égoïstes utilisant les complots les plus cruels pour arriver à leurs fins. Que Juliet et Tessa en soit à l'origine ne dérange pas, mais qu'un enseignant fasse preuve d'un tel matérialisme parait assez gênant et génère un malaise quant à l'absence de morale de cet univers.
Les ficelles sont grosses, mais ce serait mentir que de nier l'efficacité de ce retournement de situation imprévu qui donne l'impression d'avoir été le pigeon des scénaristes. Le plaisir dans un soap réside dans le fait d'avoir les clés pour anticiper les rebondissements afin de pouvoir ensuite se saluer l'imagination des auteurs dans la gestion du déroulement de l'intrigue. Ici, le twist n'est à aucun moment prévisible, les auteurs s'amusant juste à piper les dés en adaptant la réalité au gré de leurs changements brutaux d'opinions.
Une série qui épuise à force de jouer les équilibristes
Pas assez maîtrisée, écrite dans une certaine urgence, l'intrigue de Ringer déçoit par son abus des renversements de situation, ne les mettant pas assez en valeur. Le personnage de Tessa, central dans cette storyline, n'est qu'à peine exploité et la révélation fait l'effet d'un simple gadget narratif, n'entraînant pas de conséquences particulières pour la suite. Epuisant à force de courir dans toutes les directions, le scénario manque cruellement de stabilité, d'une base solide qui permette d'éviter certains errements du récit comme le retour d'Olivia motivé seulement par la nécessité.
En conclusion, un épisode inégal, avec une Siobhan active qui sert toujours de moteur à la série, semant le trouble derrière elle et une Bridget toujours lisse et prévisible, refusant de voir ce qui lui saute aux yeux. Lentement, le spectateur devient indifférent aux aventures de son héroïne, surtout que le scénario prend un malin plaisir à jouer avec la vérité quand cela lui est nécessaire. Si le twist concernant Juliet est élégant et efficace, sa mise en valeur et la participation volontaire de Carpenter sont deux points qui le rendent beaucoup plus discutable.
J'aime :
- les scènes de Siobhan
- la façon dont elle jongle entre Henry et Tyler
- la résolution de la storyline de Juliet au début...
Je n'aime pas :
- ... mais pas après mûre réflexion
- le caractère passif et naïf de Bridget
- certaines justifications assez bancales
Note : 12 / 20
Si l'épisode se limitait à Siobhan, la note aurait été largement supérieure tant son personnage fait progresser l'intrigue, nous éloignant d'une histoire avec Juliet toujours aussi énervante. Sa résolution, particulièrement osée, va diviser les opinions, entre enthousiasme et réserve devant ce qui ressemble à mes yeux à une pirouette improvisée et élégante, mais assez désespérée.