Briser la glace pour montrer la vérité
Bridget décide d'annoncer à Andrew et Juliet sa véritable identité, mais reçoit la visite de Jimmy Kemper qui vient de s'évader de prison et compte bien la faire chanter contre une forte somme. Celle-ci se trouve à la maternité avec Henry et commence à faire des plans pour l'avenir lorsqu'elle découvre qu'il a demandé un test de paternité concernant ses deux filles. Pendant ce temps, Tim Arbogast rachète Martin / Charles, mais hésite sur le fait d'avouer les infidélités de son épouse à Andrew en apprenant qu'ils s'apprêtent à renouveler leurs voeux.
Résumé de la critique
Un épisode assez moyen que l'on peut détailler ainsi :
- des révélations totalement éventés
- un méchant qui prête finalement à sourire
- des acteurs qui sauvent l'affaire
- un bilan de la saison un
Une conclusion en forme de confirmation
Après une année inégale, Ringer arrive à sa conclusion, offrant dès le début une séquence onirique qui tente de réinstaller le personnage de Bodawai Macawi au sein de l'histoire. Disparu après le pilot et ne servant qu'à des intervalles réguliers pour justifier les apparitions de Machado ou pour torturer Malcolm, ce personnage est le symbole d'un season finale qui joue la carte de la vérité pour mieux laisser apparaître son incapacité à nous surprendre. Inutile de guetter la moindre révélation, le show ne faisant que répéter des twists déjà connus, surtout concernant Siobhan ou le meurtre de Shaylene.
Le premier acte reste assez plaisant, l'intervention de Jimmy Kemper faisant monter efficacement la pression sur Bridget, même si son flash-back est inutilement long tant il n'apporte rien de bien intéressant. Tout est déjà connu du spectateur et les quelques coups de théâtre apparaissent vite comme des redondances, se chargeant d'essayer de donner l'illusion d'une cohérence à un plan de Siobhan finalement assez hasardeux. Certaines scènes fonctionnent malgré tout plutôt bien, en particulier les aveux de Bridget à Andrew, grâce à la qualité des comédiens, Ioan Gruffudd en tête.
Loin de gagner en intensité, ce season finale ne sert qu'à clôturer une histoire d'échange qui n'aura finalement pas mené à grand-chose, mais reste plaisante à regarder durant le premier acte. Le rythme est rapide, les évènements se succèdent avec une certaine logique, confirmant la capacité de Ringer à rebondir, mais aussi son impuissance à se construire sur le long terme. Seulement, la fin de saison va pousser les scénaristes à clore l'intrigue autour de Macawi, virage désastreux pour une dernière partie qui va s'avérer particulièrement mal inspirée.
Le problème Bodawai
Alfred Hitchcock expliquait souvent que réussir à construire un vrai méchant est l'assurance d'une histoire réussie, le final reposant dans la capacité du héros à l'affronter et à vaincre celui qui apparaissait comme invincible. Personnages complexes et ambiguës, les vilains font la popularité d'une série, marquant une série bien plus que le héros, comme Arvin Sloane dans Alias, le président Logan dans 24 ou Gatehouse dans The Shadow Line. Un thriller ne peut se construire sans un antagoniste de poids, donnant encore de charisme à l'homme qui ose le défier, leur confrontation servant de climax final à la série.
Seulement, le petit vilain incarné ici par Zack Mc Clarnon prête plutôt à sourire, non pas à cause du comédien qui fait de son mieux, mais plutôt par l'absence total de contenu de son personnage. Inexistant durant toute la saison, il débarque brutalement et apparaît comme un dindon supplémentaire dans une farce qui se révèle au dernier acte, ignorant tout de l'existence des deux jumelles et de leurs manigances. Personnage totalement raté, son irruption scelle un épisode où la vérité laisse apparaître toute la maigreur d'une intrigue de base qui se réduit finalement à un concept bancal.
Heureusement, quelques scènes montrent ce que Ringer aurait pu être avec plus de cran au travers de quelques bonnes idées comme l'affaire Shaylene Briggs. Le seul affrontement qui valait la peine était celui de Machado et Macawi, une confrontation qui n'aura jamais lieu et n'existera que dans l'imaginaire des amateurs de thriller dont je fais partie. Une occasion ratée qui confirme l'immensité de mon erreur : Ringer n'est pas un thriller, ne l'a jamais été, s'amusant dans sa conclusion de la naïveté de ceux comme moi qui se sont laissés berner par la storyline de Machado.
Les bonnes choses à souligner
Difficile de cacher que cet épisode m'a déçu, clôturant toute cette première saison par une pirouette très discutable, soulignant la volonté des scénaristes de passer à autre chose. Trop inégale, Ringer aura manqué de structure et le show n'aurait pas tenu sans son casting remarquable pour tenir les scènes clés de l'épisode. Ainsi, la séquence de l'aveu de Bridget est une réelle réussite grâce à un Ioan Gruffudd épatant, montrant une subtilité dans son jeu qui lui donne toute sa crédibilité, son couple avec Sarah Michelle Gellar restant un des points forts de la série.
La réalisation d'Eriq La Salle est plaisante, offrant une séquence de mariage plutôt bien construite, mais se heurtant vite aux lacunes d'un scénario assez peu inspiré. Sans être une catastrophe, Ringer aura perdu tout son souffle durant cette seconde moitié de saison, avec pour exemple le personnage d'Henry qui devient brutalement l'ordure de l'année sans aucune vraie explication, juste sous l'inspiration du moment. Tout laisse un sentiment d'improvisation où seul le charisme d'un très bon Gregory Harrison permet de donner une vraie ligne directrice à cette fin de saison.
En conclusion, un final qui se partage en deux avec une première partie plutôt bien écrite, portée par des comédiens convaincants, donnant une vraie force aux aveux de Bridget. Malheureusement, la conclusion laisse l'impression d'une volonté des auteurs de faire table rase du passé, incapable de se sortir d'une histoire de départ brutalement atomisée lors de dix dernières minutes. Abandonnant définitivement son identité de thriller, Ringer fait définitivement le choix du soap, ce qui en réjouira certains sûrement, mais pas moi malheureusement.
L'histoire d'un conflit entre deux soeurs que tout oppose
Lors d'une conversation, un membre de SerieAll m'a dit qu'il serait de bon ton d'exprimer plus mon ressenti, quitte à délaisser le désir de me montrer le plus objectif possible. Je vais donc m'exécuter en exprimant toute ma colère contre Ringer, non pas pour ses défauts que j'ai déjà énuméré, mais pour le gâchis qu'elle représente. Construit sur une somme de mensonges, la série nous proposait de suivre Siobhan et Bridget, deux jumelles incarnant une face différente de l'identité d'un show entre thriller et soap, opposant une manipulatrice un rien garce à une naïve en quête de rédemption.
C'est dans cet équilibre entre le cynisme mystérieux de l'une et l'honnêteté fragile de l'autre que Ringer a trouvé sa force, les mises en péril de Bridget amenant des séquences très troublantes où la série devenait brutalement immersive et captivante. De même, les manipulations de Siobhan, ces tentatives pour détruire l'univers d'Andrew étaient souvent réjouissantes, avant que le personnage ne perde lentement de son poids à force d'aller-retour sans intérêt. La mi-saison marqua le début d'un essoufflement dans une série qui peinait à se renouveler, s'égarant dans une histoire de viol désastreuse.
Petit à petit, le show perdait de sa crédibilité, reposant de plus en plus sur la qualité des comédiens comme Nelson Carbonell ou Ioan Gruffudd, donnant toute leur force de conviction à un scénario de moins en moins maîtrisé. L'équilibre basculait brutalement, emportant avec elle une Zoe Deutch totalement perdue, incapable de faire exister un personnage changeant d'opinion plusieurs fois par épisode. Moins maîtrisé, le scénario multipliait les pistes en vain, s'acharnant à développer des histoires peu crédibles en espérant qu'une bonne idée finisse par en surgir.
Mais, plus qu'un season final, cet ultime épisode de Ringer ressemble à une entreprise d'autodestruction, réduisant en miettes tout un pan de la mythologie qui n'a jamais été exploité. La saison prochaine, Siobhan va concevoir un nouveau plan machiavélique, pendant que Bridget s'efforcera de déjouer ses plans et de régler ses comptes avec elle. Ringer, l'histoire d'un conflit entre deux soeurs que plus rien ne rapproche et qui s'achève sur un sentiment de gâchis tant il paraissait possible de faire bien mieux.
J'aime :
- la première moitié de l'épisode
- Ioan Gruffudd et Gregory Harrison très bons
- La scène de l'aveu de Bridget
Je n'aime pas :
- La conclusion assez incohérente
- Le personnage de Macawi
- Les revirements perpétuels du personnage d'Henry
- La mort de la part thriller de l'intrigue
Note : 11 / 20
Un épisode dynamique et plaisant dans sa première moitié, tenu par des comédiens vraiment convaincants, mais qui se révèle mal inspiré et agaçant dans sa conclusion. Un season final qui s'efforce de faire table rase du passé pour lancer Ringer dans une nouvelle direction, confirmant l'absence de vision à long terme des auteurs.
Merci à SerieAll de m'avoir laissé faire les critiques de cette saison une de Ringer, aux correcteurs pour leur super travail, à tous ceux qui ont mis des commentaires sympathiques et intéressants et, plus personnellement, à Samy et Matthieu pour les coups de main à la mi-saison. A bientôt en septembre pour la saison deux, je l'espère.