L'art de l'arnaque
Andrew et Bridget prépare la cérémonie pour renouveler leurs voeux pendant que Juliet hésite sur la nécessité d'avouer son mensonge à son père. De son côté, Malcolm découvre que Martin/Charles cache quelque chose de louche à ses clients, le poussant à fouiller illégalement l'ordinateur d'Olivia. Pendant ce temps, Siobhan découvre à Paris qu'elle attend des jumeaux et que le père n'est peut-être pas celui qu'elle espérait.
Résumé de la critique
Un épisode très faible que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode en manque de continuité
- un arc sur Andrew assez prometteur
- une histoire d'arnaque qui peine à prendre
- une intrigue qui s'égare dans une direction discutable
L'art délicat du feuilleton
Toujours à la limite de la crédibilité, les scénaristes de Ringer semblent manquer de maîtrise depuis quelques épisodes, sautant sur la moindre idée pour l'exploiter totalement jusqu'à épuisement. Plutôt que d'inscrire le scénario dans une évolution continue, les scénaristes cherchent à trouver une forme qui donne à chaque épisode une unité avec ici le renouvellement des voeux entre les époux Martin. L'occasion était bonne de profiter d'une pause dans l'intrigue principale pour développer les intrigues secondaires autour d'Henri et de Malcolm.
Seulement, au lieu de nous préparer aux différentes évolutions présentes dans cet épisode, Ringer opte pour le pas de charge, entrainant un sentiment de rupture assez fort avec l'arc sur Siobhan et son arrivée New-York. Son retour en France marque une coupure importante, sans qu'aucun véritable climax soit venu marquer la fin de cette seconde partie de saison. Centré sur Martin/Charles et Andrew, ce troisième arc entraine un changement de ton important dans la progression du récit qui génère un certain malaise tant le reste de l'intrigue s'inscrit dans une certaine continuité.
Ainsi, la storyline de Juliet connait un prolongement direct, les scénaristes devant clore ce point de l'intrigue pour le ramener à Andrew par le biais de son ex-femme qui donne du sens à sa présence dans cet épisode. Un choix discutable pour une intrigue qui multiplie les rebondissements sans parvenir à retrouver une crédibilité suffisante, laissant l'impression d'assister à un grand manège désordonné, manquant de cette sensation de maîtrise qui faisait le charme du début de saison.
Andrew pris au piège de son passé
Après l'arc autour des deux jumelles Kelly, c'est Andrew qui devient le centre de tous les intérêts, les auteurs cherchant à construire différentes intrigues autour de lui. Pour cela, ils vont s'appuyer sur son ex-femme qui continue de tenir Juliet au travers du mensonge la reliant à Carpenter et Tessa, point noir des derniers épisodes. Si le cliff de la semaine dernière faisant de Catherine l'instigatrice de toute cette histoire paraissait maladroit et peu inspiré, cet épisode parvient à donner du sens à cette révélation, tout en lavant en partie la réputation de la fille d'Andrew.
Attiré par les femmes manipulatrices et ambiguës, l'ex-mari de Catherine apparaît depuis le début de saison comme l'incarnation de nombreuses vertus, à la fois honnête, sincère et particulièrement droit. Le fait de transformer une histoire de viol à une simple tentative de vol confirme son statut de victime naïve, loin de l'image du requin de la finance que l'on serait en droit de se faire. C'est sur ce point que les scénaristes vont appuyer, tant son apparence inoffensive constitue la meilleure des couvertures pour cacher un secret suffisamment grand pour justifier le désir de fuite de Siobhan.
Si le passé d'Andrew possède un certain potentiel, offrant l'occasion à Ioan Gruffudd de confirmer ses talents de comédien, le virage est un peu trop brutal, reposant intégralement sur le personnage de Malcolm. Une storyline moyennement crédible manquant cruellement de finesse, laissant un sentiment mitigé entre un potentiel particulièrement important et une mise en oeuvre assez poussive.
L'art de ne pas faire dans la finesse
En se concentrant sur Martin/Charles, les auteurs se retrouvent confrontés à un problème de taille, à savoir l'absence d'un personnage cadre qui puisse servir de narrateur au sein du cabinet. L'installation forcée de Malcolm quelques épisodes auparavant prend alors tout son sens, son poste de spécialiste IT lui permettant d'accéder aux ordinateurs des associés de la compagnie. L'occasion parfaite de faire d'Olivia le suspect idéal, Jaime Murray campant à merveille les personnages ambiguës, même si la facilité avec laquelle il parvient à découvrir ses secrets paraît peu crédible, ce point de l'intrigue n'ayant été que peu développé jusqu'ici.
Certes, cacher sa clé USB dans sa chaussure est judicieux, mais l'astuce parait pour le moins énorme et difficile à avaler, laissant l'impression d'une série qui veut avancer au pas de charge pour mieux masquer les invraisemblances du scénario. Peu crédible et mal mise en valeur, cette part de l'intrigue est un mal nécessaire, seul moyen de passer de l'arc de Siobhan à celui d'Andrew en esquivant les épisodes descriptifs permettant de procéder à un tel virage. Avec maladresse, mais pour la bonne cause vu le manque d'inspiration de la série actuellement, Ringer se permet un épisode mal fichu, dont le seul but est de redonner des bases claires à une histoire qui s'est malheureusement égarée.
Le risque est grand pour la série, à savoir que le spectateur n'acceptera de pardonner les errements de cette histoire de viol grotesque que si elle aboutit à quelque chose de différent et d'inattendu. En choisissant de placer le projecteur sur Andrew, le show risque gros, la série peinant un peu à décrire correctement la nature des étrangetés au sein de son cabinet, le langage technique de la finance obligeant les auteurs à recourir à des analogies simplistes, mais suffisamment explicites pour l'instant.
La situation est grave, mais pas désespérée
La crédibilité, voilà l'élément indispensable qui permet à Ringer de fonctionner correctement, sa construction reposant sur des révélations qui perdent leur impact dès que le spectateur ne parvient plus à y croire. Avec cette histoire de viol, la série m'a placé dans une situation délicate, tandis que je commençais à questionner chaque élément du scénario, sortant lentement de l'intrigue générale. De plus en plus indifférent au destin de Bridget, la série me paraît de moins en moins immersive, à la frontière entre l'affection des premiers temps et la lassitude devant le manque de cohérence de cette saison.
En conclusion, un épisode désordonné, multipliant les rebondissements pour masquer les nombreuses invraisemblances qui ponctuent l'épisode. Bien rythmé par la progression de l'enquête de Malcolm, la série marque un virage brutal d'un arc focalisé sur Siobhan à un nouveau centré sur Andrews, l'apparente honnêteté du personnage de Ioan Gruffudd donnant un vrai potentiel à la remise en cause de son honnêteté. Un épisode de rupture mal fichu certes, mais nécessaire pour réorienter l'histoire dans une nouvelle direction, en espérant que les auteurs fassent preuve d'un peu plus de maîtrise dans l'enchaînement des situations.
J'aime :
- la remise en cause d'Andrews
- la dernière partie de l'épisode
Je n'aime pas :
- le manque de continuité
- l'intrigue de Malcolm tiré par les cheveux
- les rebondissements mal mis en valeur
- les deux premiers actes décevants
Note : 10 / 20
Un épisode de rupture qui vient marquer une fin brutale à l'arc de Siobhan pour placer Andrew au centre des différentes storylines à venir. L'ensemble est peu crédible, tiré par les cheveux, mais apparaît comme un mal nécessaire tant la dernière partie de l'épisode laisse entrevoir un vrai potentiel pour la suite.