La frontière entre le bien et le mal
Bridget tente de joindre Malcolm, mais celui-ci est totalement introuvable, la poussant à demander l'aide de Solomon pour assurer sa sécurité. Machado essaie lui aussi de joindre Ward, son enquête le menant à se rendre au bureau d'Andrew, augmentant le sentiment de paranoïa au sein de Martin/Charles. Pendant ce temps, Siobhan revient à New-York pour suppléer la mort de Tyler, révélant à Henry la vraie nature de son plan.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- le cas d'Andrew qui pose problème
- des ficelles un peu trop grosses
- une intrigue Juliet totalement hors sujet
- un scénario assez mal maîtrisé
Le bon, la brute et le truand en une seule personne
Si l'épisode n'a rien de déplaisant du point de vue du rythme et des rebondissements, il m'a posé un problème de taille concernant le ressenti. Bref, il va falloir que je parle à la première personne ce que je déteste, car je suis bien incapable de proposer une critique totalement objective de cet épisode. En quarante minutes, le principal problème réside dans les trois visages d'Andrew qui nous apparaissent : l'époux du début de saison doux et avenant, le truand cynique de la révélation de la chaîne de Ponzi et le meurtrier de sang froid, prêt à tout pour sauver son secret.
Certes, Ioan Gruffudd est un très bon comédien, mais lier les trois représente une performance qui me semble totalement impossible, faisant exploser la crédibilité de son personnage. En centrant cet arc sur le "mari" de Bridget , les auteurs ont cherché à créer la confusion et ont détruit le personnage de base qui donnait sa crédibilité et sa solidité à cette histoire, élément indiscutable sur lequel l'intrigue pouvait se reposer. Les évocations de l'épisode précédent sont terriblement confuses et l'intrigue donne à plusieurs reprises l'impression d'avancer sans nous.
Bref, Ringer cherche à surprendre, à dérouter, mais cela ne fonctionne plus comme si, les auteurs avaient fini par épuiser ma capacité à accepter le manque de continuité du récit. Le pire reste la scène où Siobhan dévoile ses intentions, révélant un plan sans surprise qui repose essentiellement sur une association plus qu'étrange entre les magouilles d'Andrew et les malheurs de sa soeur. Manquant de liant, l'intrigue peine à convaincre, me laissant un goût amer par mon incapacité à me prendre encore au jeu d'une série qui m'apparaît comme de moins en moins vraisemblable.
Des ficelles énormes
C'est le principal souci de cet épisode de Ringer, à savoir certaines ficelles trop énormes qui sont à l'origine de mon malaise durant le visionnage. Ainsi, la tentative des scénaristes pour lier Machado à l'histoire des Martin/Charles est assez grossière, délaissant l'intrigue sur Macawi qui n'aura finalement servi jusqu'ici qu'à justifier le désir de Bridget de quitter son ancienne vie. Et loin d'avoir un plan vraiment concret, Siobhan apparaît comme une femme cherchant à protéger sa nouvelle famille, le meurtre de Gemma prenant une nouvelle signification assez cruelle.
La scène finale marque clairement le premier pas de la série dans le domaine du n'importe quoi, les enchaînements manquant totalement de crédibilité. Les présences de Machado et d'Andrew sont totalement tirées par les cheveux, laissant craindre une fin de saison chaotique tout en confirmant les nombreuses hésitations des auteurs. Certes, les comédiens s'efforcent de donner de l'intensité à cette histoire, mais les quelques scènes réussies comme celle de la confrontation entre Siobhan et son époux sont très mal intégrées à l'histoire principale.
Il reste heureusement Machado, dernier élément à tenir ensemble une série qui paye son choix de vouloir laisser Bridget dans le brouillard. A la recherche de Malcolm, il est le seul à créer un lien entre les différents aspects de l'intrigue et à montrer une vraie capacité de déduction là où les autres apparaissent comme tristement naïf. La palme du personnage girouette va sans hésitation Juliet, les auteurs la présentant comme une victime compatissante envers son père, en rupture totale avec le portrait de garce que la mi-saison s'était efforcée de construire.
Le danger de crier au loup
C'est l'idée étrange de cet épisode, à savoir vouloir intégrer la storyline de la fille d'Andrew à l'intérieur d'un épisode centré sur Siobhan et les raisons de sa fuite. Très mal disposé au sein de l'épisode, ces séquences viennent couper le rythme de l'ensemble, introduisant un nouveau personnage dont l'utilité paraît étonnamment faible. Très vite, il transparaît que le vrai objectif des auteurs était de construire une trame permettant de créer une continuité entre les différents arcs de la saison dans le but de donner l'illusion d'une réelle maîtrise narrative.
Ce fantasme d'un grand tout est un classique dans les séries, une tâche à première vue impossible pour Ringer qui est depuis la mi-saison à la limite de la rupture du point de vue créatif. Jouant fréquemment avec le feu, le show finit par révéler ses failles, une bonne part de l'épisode se résumant à masquer ou justifier certaines incohérences. Seulement, à trop multiplier les twists, à force de jouer sur le trouble et la confusion, les scénaristes ont perdu ma confiance de spectateur dans leur capacité à fournir une justification à certaines de ces idées tordues.
La présence de la storyline de Juliet dans cet épisode gêne, car sa mise en parallèle avec l'histoire principale ne fait que souligner le manque de maîtrise des auteurs de Ringer. Pris de vitesse par le rythme de création et empêtrés dans leurs quelques mauvaises idées, les auteurs font avancer toutes les intrigues, préparant un final sûrement imprévisible, je l'espère trépidant, mais sans véritable dimension épique. A force de crier au loup, le personnage de Juliet est devenu le symbole d'une série en quête de crédibilité qui se heurte indéfiniment à ses propres contradictions.
Bodawai Macawi, une ombre devenue fantôme
Certes, mon but n'est pas de me moquer de Zach Mc Clarnon, mais il faut avouer que pour un personnage clé de la série, point de départ de la fuite de Bridget, celui-ci n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Comptant ses apparitions sur une seule main, Macawi est totalement déconnecté du reste de l'épisode, l'intrigue de Siobhan ayant pris totalement le pas sur celle de Bridget. Une absence de mise en avant bizarre qui ne se justifie que par la volonté acharnée des auteurs de faire que l'intrigue de la jeune femme ne progresse pas, quoi qu'il en coûte.
En conclusion, un épisode rythmé, porté par de bons comédiens et qui plaira à ceux qui arriveront encore à croire à cette valse d'invraisemblances. Trop tiré par les cheveux, ce scénario est un fourre-tout maladroit, essayant d'embrasser l'intégralité de la saison sans parvenir à créer un lien entre les différentes storylines. Comme un coureur parti trop vite, Ringer semble à bout de souffle, en espérant que le prochain épisode saura ramener un peu de sérénité dans un show qui n'a plus ni queue, ni tête.
J'aime :
- les comédiens très bons
- la scène entre Siobhan et Andrew...
Je n'aime pas :
- ... hélas totalement déconnecté du reste
- le scénario qui manque de cohérence
- le final tiré par les cheveux
- la révélation de Siobhan qui tombe à l'eau
Note : 11 / 20
Si le rythme est plaisant et l'intrigue mouvementé, l'évolution désastreuse et peu inspiré du personnage d'Andrew détruit lentement la crédibilité de l'ensemble. Le final, tiré par les cheveux, est à l'image d'un épisode qui laisse apparaître les nombreuses failles au sein de l'intrigue et laisse un profond sentiment d'inquiétude pour la suite.