Voilà, c’est la dernière ligne droite… Plus qu’un épisode avant de faire nos adieux à Spartacus et toute sa clique. À ce titre, The Dead and the Dying s’impose avant tout comme étant un épisode de transition, celui où l’on place les derniers pions avant le coup final. L’occasion pour certains personnages de se retrouver et pour la série de faire un petit point avant de s’achever…
AVERTISSEMENT: Cette critique contient de nombreuses révélations sur l'épisode et la saison en cours
La colère gronde
S’il y a bien une chose dont nous sommes certains après avoir vu cet épisode, c’est que le conflit entre d’une part le clan des rebelles et d’autre part les Romains a été suffisamment amorcé. Tout a été mis en œuvre pour que la colère atteigne son point culminant et pour que l’ultime bataille ait un véritable sens (enfin presque). Cela est d’autant plus réjouissant lorsqu’on sait que c’est ce qui a beaucoup manqué à la série cette saison. Il faut dire qu’à force d’ellipses temporelles et d’intrigues secondaires sans saveur, je ne savais plus trop ce qui animé véritablement les personnages et d’où leur venait cette rage féroce envers Rome tout entière. Ce neuvième épisode, s’il n’apporte pas toutes les explications qu’on aurait voulues, a au moins le mérite de mettre en place de véritables enjeux…
Après la mise à mort de Crixus dans le précédent épisode, il fallait bien que le clan romain se trouve à son tour fragilisé. Histoire de rétablir un peu l’équilibre entre les deux camps, c’est donc au tour du jeune Tiberius de tirer sa révérence, victime de sa propre ambition et de son complexe d’infériorité. Si la perte du Gaulois fut une épreuve difficile pour les esclaves et surtout pour Naevia, le décès de Tiberius est vécu comme une véritable déclaration de guerre pour Marcus Crassus, qui semble bien décidé à mettre fin à la rébellion une bonne fois pour toutes. C’est en cela que je dis que cet épisode met en place de véritables enjeux : Les deux clans ont chacun perdu des êtres chers et désormais l’affrontement paraît inéluctable.
Oh là là, mais c'est qu'il a l'air vachement en colère Marcus Crassus !
Depuis quelques épisodes déjà, les Romains et les esclaves n’avaient de cesse de se provoquer et de se narguer les uns les autres, comme-ci qu’ils cherchaient à faire monter toujours un peu plus la tension qu’il y avait entre eux. On pourrait même dire que jusqu’à aujourd’hui, les deux clans se sont surtout livré une guerre psychologique, avec comme objectif de chercher comment déstabiliser le plus possible l’adversaire (l’infiltration de César, la mise en place d’un mur empêchant la fuite, le jeu de dupes des pirates, le retour de Naevia sans Crixus…).
Toutes ces stratégies parfois fumeuses, nous ont menés tant bien que mal à la fin de cet épisode. Crixus ayant été tué chez les rebelles et Tiberius ayant trouvé la mort chez les Romains, tous les pions sont maintenant mis en place, la colère est à son apogée dans les deux clans, la guerre est plus que jamais déclarée et le combat final promet donc d’être explosif…
Gladiateur un jour, Gladiateur toujours
En attendant ce combat final, revenons à l’épisode qui nous intéresse ici. Après la dernière scène du huitième épisode, j’attendais avec impatience de voir quelle serait la réaction de Spartacus lorsqu’il apprendrait la mort de son frère d’armes. Et comme le chef des rebelles n’est pas une gonzesse, il profite du fait d’avoir capturé des Romains (dont Tiberius) pour organiser des petits combats de gladiateurs. Autant le dire tout de suite : je suis assez partagé concernant l’intérêt de cette scène qui selon moi est surtout l’occasion de buter un peu de Romains en même temps que d’offrir aux téléspectateurs un petit retour en arrière avant la fin de la série.
J’avoue que j’ai aussi eu du mal avec ce côté « organisons-nous aussi des combats de gladiateurs», car pour le coup, ça désacralise pas mal ce pour quoi ils se battent depuis trois saisons. Le fait que l’idée de rendre la pareille vienne de Spartacus renforce encore un peu plus cet effet de désacralisation. Je ne suis pas sûr que ce soit véritablement intelligent d’inverser les rôles et devenir une nouvelle fois les oppresseurs. Quand on se rend compte que les jeux de gladiateurs sont vus comme un divertissement par les rebelles, ça donne l’impression que les Romains ne faisaient finalement rien de mal. De la même manière, je suis agacé que le public d’esclaves soit ici filmé de la même manière que les Romains qui assistaient aux combats de gladiateurs dans la saison 1. Cette façon de les mettre en scène les rendraient presque antipathiques et disons simplement que j’aurais peut-être préféré que cette scène soit filmée plus sobrement, sans exagérations et provocations inutiles, parce que je trouve que la tête envoyée dans le public, ça craint vachement quand même.
Au final, ce qui me gêne le plus dans cette scène c’est le sentiment qu’elle est un peu comme une démonstration de force où 15 minutes durant, on nous prouve une nouvelle fois que les Romains sont des quiches dès qu’ils ne sont pas avec une armée et que Spartacus et ses hommes sont les plus beaux, les plus forts et que rien ne leur résiste.
La soif de sang: Spartacus et ses amis ont ça dans la peau
Paradoxalement, j’ai aussi beaucoup aimé cette scène, car pour le coup, je suis content de voir que les rebelles s’en prennent aux bonnes personnes (des soldats romains au service de Crassus). Ce n’est donc pas de pauvres innocents qui feront les frais de leur rage assassine comme ce fut le cas au début de la saison. Le fait que les Romains se retrouvent dans la position des gladiateurs permet aussi d’aborder l’histoire de Spartacus sous un angle nouveau, étant donné qu’ils se retrouvent confrontés aux monstres enragés qu’ils ont eux-mêmes créé indirectement. On s’aperçoit d’ailleurs à ce propos et c’est là tout l’intérêt de cette séquence, que Spartacus et ses comparses n’avaient rien contre le fait d’être des gladiateurs. Leur problème, c’était qu’ils étaient des gladiateurs au service d’un maître. A les entendre, ils ont été formatés pour combattre et ils restent donc animés par cette soif de sang. Même si ce n’est pas forcément mis en scène comme je l’aurais voulu, je trouve que l’aspect formatage est plutôt intéressant, même s’il aurait gagné à être un peu plus nuancé…
Et en fait je m’aperçois en écrivant que ce que j’ai aimé dans l’épisode, c’est aussi ce qui m’a gêné parfois. Du coup, j’ai l’impression de me contredire sur certaines choses…
Le retour des héros
Naevia: seule face à son destin
En somme, s’il y a bien une chose dont je suis totalement convaincu, c’est le fait que la grande majorité des personnages retrouvent la forme. Naevia par exemple occupe une place prépondérante dans cet épisode principalement centré sur la mort de son homme. C’est l’occasion pour la jeune femme de se racheter une conduite auprès de ses alliés et il faut bien admettre qu’elle est très forte à ce jeu-là, puisqu’on ne peut qu’avoir envie de lui pardonner. Pour elle, c’est un peu comme l’épisode de « la rédemption », celui où elle se rend compte de ses erreurs passées. Il est d’ailleurs intéressant à constater que les reproches qu’elle fait à Kore à propos de son lien avec Crassus sont en réalité les reproches qu’elle se fait à elle-même de n’avoir pu empêcher la mort de Crixus. Tiens d’ailleurs à ce propos, le coup de la tête qu’elle traîne partout avec elle, je trouve ça légèrement flippant quand même… Bref, ce qui compte, c’est que la protagoniste retrouve ses lettres de noblesse et redevienne la Naevia que j’admirais tant, forte sans pour autant être sauvage. Le fait qu’elle décide d’épargner la vie de Tiberius pour le bien de tous, montre bien qu’elle a retrouvé sa sagesse d’antan et qu’elle ne pense plus seulement à sa petite vengeance personnelle. De plus et soit dit au passage, Cynthia Addaï-Robinson est beaucoup mieux dans ce rôle que dans celui de la guerrière sanguinaire. Ici, elle prend le temps de réfléchir et c’est pas plus mal comme ça. Fini le bourrinage qui la rendait si détestable au début de la saison : à croire que la mort de Crixus plutôt que de la tuer, aura eu un effet bénéfique sur la demoiselle…
Si Naevia prend à nouveau le temps de réfléchir, ce n’est pas le cas de Kore qui dans cet épisode prend sa revanche sur Tiberius. L’esclave de Crassus a mis du temps à reprendre son destin en main et quand elle décide de le faire, elle ne fait pas dans la dentelle. Sa haine envers le jeune homme est devenu tellement profonde qu’elle n’hésite pas à le tuer, et ce malgré le respect qu’elle pouvait avoir pour lui avant l’épisode du viol. Toutefois, je trouve son retour auprès de Crassus un peu trop simple : la fille s’est barrée du jour au lendemain sans prévenir pour rejoindre les rebelles et le chef de l’armée romaine l’accueille presque les bras ouverts comme-ci de rien n’était, à ceci près que pour la première fois de la saison, ce dernier la traite comme une esclave et lui rappelle qu’il est son dominus… Dès lors, on se rend bien compte que Kore est avant tout guidé par son cœur plus que par sa raison. A tel point que son amour pour son maître la pousse à revenir près de lui.
Enfin vous l’aurez compris, la mort de Tiberius est l’un des enjeux dramatiques de cet épisode. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas le personnage, il faut reconnaître que le fils de Crassus a du caractère et qu’il est toujours resté fidèle à lui-même. Ainsi, jusqu’à son dernier souffle, il aura traité les esclaves comme des esclaves et aura su faire preuve d’arrogance et de présomption. Jusqu’au bout, il aura ressenti de la haine envers César et même si on le sent frémir de temps à autre, il fait preuve d’une certaine dignité face à tous ces rebelles qui lui veulent sa peau. Ainsi et malgré le fait qu’il se retrouve dans une situation plus que critique, il est important de noter qu’à aucun moment il ne supplie les esclaves de l’épargner. Ce dernier reste campé sur ses positions et c’est ce qui l’amène logiquement à sa fin.
Dis-moi Spartacus, t'aurais pas envie de chialer là ?
Par ailleurs, je ne peux conclure cette critique sans évoquer la scène finale dans laquelle nos esclaves retrouvent toute leur grandeur. Le discours de Spartacus et l’hommage à tous ceux qui ont perdu la vie pour leur cause nous rappelle pourquoi ils se battent et quelle est la véritable raison de leur combat : recouvrer leur liberté. Pour être honnête, c’est ce genre de discours qui a beaucoup manqué à la série cette saison. Je trouve nos personnages beaucoup plus intéressants dans ce registre que dans celui des barbares assoiffés de sang, parce qu'ils ne sont pas que ça heureusement. Maintenant qu’on a réussi à me convaincre que leur combat avait encore lieu d’être, je n’ai donc plus qu’à attendre le dernier épisode. Et qui sait, peut-être que la série va réaliser un coup gagnant et réussir sa sortie… En tout cas, c’est tout ce que je lui souhaite.
J’ai aimé :
- La tension qui monte entre les deux clans
- L’idée du formatage des esclaves
- La rédemption de Naevia
- Kore, plus indépendante que jamais
- Le discours final de Spartacus, qui nous rappelle les raisons de leur combat
Je n’ai pas aimé :
- Les esclaves qui se la jouent organisateurs de combats gladiateurs
- Toujours quelques exagérations inutiles
Ma note : 14/20
Ma foi, cet épisode est vraiment pas mal fichu. J’ai quelques réserves sur la scène de l’arène, mais dans l’ensemble, je suis plutôt convaincu.