La fin d’une série est toujours quelque chose très compliquée à gérer : les scénaristes doivent à la fois sceller convenablement le destin de tous leurs personnages en même temps que de conclure les différentes intrigues. Bien entendu, tout cela doit être fait sans pour autant frustrer ou décevoir les fans de la première heure. Pour sa part, Spartacus nous offre une fin plus qu’excellente, bien au-dessus de ce que l’on aurait pu attendre d’elle au départ. La série de Steven S. DeKnight réussie brillamment sa sortie et s’en sort donc avec tous les honneurs…
Une série fidèle à elle-même... jusqu'au bout
L’une des grandes forces de cette série réside dans le fait qu’elle n’ait jamais cherché à être ce qu’elle n’était pas. Ainsi, cet épisode final nous propose de redécouvrir une dernière fois tous les ingrédients qui ont fait son succès : du sang, de la violence, de la stratégie et du sexe… Sulfureuse et volontairement provocatrice, elle aura donc assumé ses imperfections jusqu’au bout avec cette idée constante de rester fidèle à elle-même, contre vents et marées et malgré les nombreuses critiques. Esthétiquement parlant, ce series finale se révèle également très beau et les effets sont pour la plupart réussis. De plus, il nous épargne les sempiternels ralentis qui venaient souvent gâcher mon plaisir.
Des rebelles au top de la forme !
En ce qui concerne la bataille entre les Romains et les rebelles, on trouve également tout ce que l’on peut attendre d’un ultime affrontement. Les deux clans savent faire preuve de stratégie et mettent en place différentes tactiques pour embêter leurs adversaires, la médaille des plus grands tacticiens revenant très certainement à Spartacus et ses hommes qui font preuve d’une sacrée ingéniosité (une fosse avec des pics cachés, des échelles pour traverser, une attaque par l’arrière pour récupérer les catapultes ennemies). Cette dernière lutte pour la liberté est plus qu’à la hauteur et l’acharnement dont les rebelles font preuve amène bon nombre de rebondissements.
Si on ajoute à cela des morts, de l’amour et des larmes, on obtient un final épique à la hauteur de la série… Dans cette logique, le générique de fin s’impose comme une véritable réussite et permet aux fans de revoir une dernière fois ceux qui ont fait le succès de la série, parmi lesquels le très regretté Andy Withfield dont le cri continue de nous transpercer la poitrine. L’acteur restera pour toujours Spartacus et aura marqué le monde des séries de son empreinte.
Une question de respect
Tout au long de ses différentes saisons, la série nous a principalement habitués à des combats cruels et inhumains, où le plus important était de faire couler du sang à foison. Très souvent, ces combats étaient accompagnés d’effets spectaculaires qui rendaient ces affrontements encore plus sordides. Pour sa dernière bataille, Spartacus nous propose d’assister à une guerre qui se fait de manière beaucoup plus civilisée si je puis dire ainsi. Ici, pas ou peu d’excès de brutalité, seulement une lutte acharnée où deux clans défendent tant bien que mal leurs idéaux et leurs propres intérêts.
De ce fait, il est important de souligner que la rivalité entre Marcus Crassus et Spartacus est aussi teintée d’un certain respect. À plusieurs reprises dans cet épisode, le général romain se refuse d’ailleurs à considérer son adversaire comme un simple esclave. Même si le but des deux hommes est de vaincre l’autre, on sent que leur objectif principal n’est pas pour autant de faire à tout prix saigner l’autre. Ce qui les anime, c’est le fait de défendre ce en quoi ils croient : la liberté pour Spartacus et la grandeur de Rome pour Crassus.
Spartacus et Crassus: deux leaders face à leurs destins
À ce propos, j’ai beaucoup aimé le petit tête-à-tête entre les deux leaders en haut de la montagne. Durant ce petit entretien, les deux chefs posent les armes pour simplement discuter et comprendre les raisons de leur conflit. Cette discussion, calme et tempérée, nous prouve bien qu’aucun des deux n’est vraiment « méchant » et qu’ils n’ont fait que suivre leurs destins et leurs convictions.
Cet épisode final est donc l’occasion de retrouver le Crassus qu’on aime détester, celui-là même qu’on avait découvert au début de cette saison : un Crassus humble et respectueux qui sait reconnaître la force de ses adversaires, deux qualités qui manquaient cruellement à son fils Tiberius. C’est ce qui m’avait beaucoup plu avec ce personnage et c’est aussi ce qu’il avait perdu au fur et à mesure des épisodes. Son égard envers le chef des rebelles est tel qu’il n’hésite pas à lui dire que les choses auraient sans doute été très différentes s’il avait été romain.
Un combat qui a du sens
S’il y a bien une chose qui m’a carrément fait plaisir dans cet épisode, c’est le fait que le combat des rebelles reprenne véritablement tout son sens. Déjà dans le précédent épisode, Spartacus et ses alliés après plusieurs épisodes passés à se comporter comme des sauvages, avaient commencé à retrouver toute leur grandeur et donnaient alors l’impression de poursuivre à nouveau leur objectif initial, à savoir regagner leur liberté et venger leurs alliés.
Victory reprend exactement cette même logique avec un Spartacus au plus haut de sa forme. Le chef de l’armée rebelle tente de motiver ses troupes avec des discours qui n’ont jamais été aussi convaincants. L’occasion pour le thrace de rappeler à ceux qui l’auront accompagné et suivi pendant trois saisons que son véritable combat consistait avant tout à éradiquer l’esclavage plutôt qu’à tuer des Romains. Son discours est d’autant plus lourd de sens qu’il est accompagné par de petits flashes-back sur Varro, Sura et Mira, qui sont là pour nous remémorer l’injustice avec laquelle les esclaves avaient été traités par leurs maîtres.
Spartacus ne manque pas de mots pour remotiver ses troupes
Cet épisode redonne donc toutes ses lettres de noblesse aux rebelles et permet de redonner un véritable sens au combat qu’ils mènent depuis toutes ces années. D’ailleurs, il est intéressant de voir que Sura occupe à nouveau une place prépondérante dans le récit. Il était grand temps que cela arrive, car il ne faut pas oublier que la femme de Spartacus est quand même à l’origine de ce combat pour la liberté : C’est pour éviter que d’autres esclaves connaissent le même destin que son épouse que l’ancien gladiateur avait décidé de se retourner contre ses oppresseurs.
Enfin et pour finir de vraiment donner une légitimité à cette lutte utopique mais noble, ce dernier épisode nous offre une très belle scène dans laquelle les anciens esclaves viennent remercier Spartacus pour son engagement. Il s’agit d’un moment auquel nous avons rarement eu droit et même s’il est assez furtif, il a le don de redonner une véritable humanité au personnage tout en lui attribuant une espèce d’aura qui le situe à hauteur des dieux eux-mêmes. Spartacus s’il meurt, aura au moins eu le mérite de faire renaitre l’espoir.
Son combat reprend ici une valeur universelle, celle de la liberté. Son but n’était non pas d’accomplir une vengeance personnelle, mais plutôt d’offrir leur affranchissement à ceux qui en étaient privés. Après un début de saison plutôt sombre où nous ne savions plus trop quelles étaient les objectifs de nos rebelles, cette fin de saison leur donne l’occasion de se racheter une conduite en offrant une véritable signification à toute cette guerre.
Un destin tout tracé
Ma plus grande crainte lorsqu’il s’agit d’un series finale concerne les personnages. Si vous êtes habitués à mes critiques, vous devez en effet savoir que je ne supporte pas lorsqu’ils sont mal exploités ou mal développés. Sur ce point, Spartacus ne m’a presque jamais déçu et a souvent su donner de l’importance à tous ses protagonistes. Cet épisode final est largement à la hauteur de mes attentes et a le mérite d’offrir un épilogue à chacun des personnages qui ont marqué la série.
Gannicus: l'exemple type du martyr
Tout d’abord, on trouve Spartacus qui fait face à son destin et qui meurt sur le champ de bataille pour défendre ses idéaux. La mort du Thrace lui permet d’atteindre le statut de dieu et sa disparition a des répercussions directes sur les éléments et bouleverse le monde qui l’entoure. C’est ce qui permet de donner une puissance supérieure au personnage et de montrer que son combat aura une résonance et un impact qui iront bien au-delà de Rome. C’est aussi le cas de Gannicus qui meurt crucifié tel un martyr qui aura su donner toutes ses forces pour défendre ses croyances. Le faiseur de pluie et son allié connaissent ainsi une fin digne de leur nom, leur plus grande victoire ayant été de mourir en homme libre.
Du côté des rebelles, Agron aussi revient sur le devant de la scène et après une saison passée à jouer le rôle du copain jaloux, il retrouve ici toute sa superbe et redevient celui qu’il a toujours été : un gladiateur prêt à sacrifier sa vie pour sa liberté. Le personnage reprend la place qu’il mérite sur le champ de bataille et décide de ne pas rester à l’arrière malgré ses blessures. Par contre, Nasir a vraiment perdu de son charisme et même s’il est bien présent sur les combats, il se contente avant tout de rester le bon toutou de son namoureux.
À titre de comparaison, Laeta pour sa part reste une femme indépendante et s’impose sans aucun doute comme étant LA révélation de cette saison. Ce n’est pas le cas de Kore, victime de sa naïveté et de son dévouement pour Marcus Crassus. L’issue du personnage est assez logique et il aurait été beaucoup trop simple qu’elle rejoigne son amant comme-ci de rien n’était. Pour ce qui est des autres femmes du groupe, Naevia et Saxa, elles meurent en guerrière et auront su prouver que les femmes aussi savaient se battre, ce qui n’est pas le cas de Sybil qui jusqu’au bout m’aura agacé. Son histoire d’amour avec Gannicus ne m’intéresse absolument pas et son seul intérêt est d’avoir permis de montrer que le gladiateur pouvait aussi être tendre et romantique et qu’il savait faire de belles déclarations d’amour parfois… c’est déjà cela et de toute manière, on devra s’en contenter en ce qui la concerne.
C'est sûr que vu comme ça, tu parais vachement fort hein César ?
Côté déception, César atteint sans doute la première place du podium. Ce personnage pourtant historique n’a pas beaucoup évolué durant cette saison et même si c’est lui qui met fin au combat de Gannicus et de Naevia, il n’atteint pas toute la grandeur que l’on pouvait attendre d’un tel protagoniste et reste trop souvent dans l’ombre.
Spartacus tire sa révérence avec un excellent épisode qui donne l’occasion à tous les personnages de conclure leurs histoires avec plus ou moins de réussite. Pour sa sortie, la série nous offre un combat épique à la hauteur de ses ambitions et sans jamais chercher à être autre chose que ce qu’elle était. Elle aura toujours su conjuguer brillamment ses défauts et ses qualités, à tel point qu’on ne peut qu’être triste de devoir faire nos adieux à tous ces gladiateurs, qui trois saisons durant, se seront battus pour défendre leurs convictions. Une page se tourne et la nostalgie commence déjà à se faire ressentir…
J’ai aimé :
- Le fait que la série assume ses imperfections jusqu’au bout
- Les stratégies qui donnent un côté imprévisible à la bataille finale
- L’esthétique de l’épisode et l’absence de ralentis
- Le respect et l’humilité de Spartacus et Crassus durant leur affrontement
- Le générique de fin qui rend hommage à tous les protagonistes
- Les flashes-back et les références aux saisons précédentes
- Le combat des esclaves qui reprend tout son sens
- Les conclusions offertes à quasiment tous les personnages
- Aucune faute de mauvais goût
Je n’ai pas aimé :
- La relation entre Gannicus et sa copine qui m’intéresse peu
- César qui n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre de lui
- Oh non c’est déjà fini…
Ma note : 18/20
Un épisode quasi-parfait, bien au-dessus de ce que je pouvais attendre. Jamais je n’aurais imaginé un aussi beau dénouement pour cette série épique qui aura su me tenir en haleine pendant trois saisons.