Travail d'équipe
Louis Litt demande à Harvey de pouvoir profiter du soutien de Mike Ross pour une affaire de conflit autour d'une histoire de publicité mensongère. Harvey Specter voit pour sa part revenir Travis Tanner, un avocat aux méthodes douteuses qui a bien l'intention de le poursuivre pour une vieille affaire d'accident de voiture où il lui reproche d'avoir dissimulé des preuves. Jessica Pearson lui demande alors de régler l'affaire au plus vite, craignant qu'Hardman l'apprenne et en tire profit.
Résumé de la critique
Un épisode divertissant que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui montre une association intéressante entre Litt et Ross
- la question du bien et du mal selon Harvey
- un épisode de mise en place qui fait du remplissage
- drôle et dynamique à défaut d'être brillant
Un autre type d'avocat
Pour cet épisode, Suits choisit de changer ses habitudes en poussant Harvey à vouloir punir son protégé, le plaçant deux semaines sous l'autorité de Louis Litt pour une affaire de publicité mensongère sans enjeu dramatique réel. L'épisode est en effet une simple mise en place pour un arc important concernant Donna et Harvey, cette intrigue ne servant qu'à amener la dose de divertissement attendue tout en explorant une association inédite. Le but n'est plus en effet d'humilier le personnage de Rick Hoffman, mais de lui faire gagner en épaisseur en montrant sa façon de gérer un procès.
Loin de l'arrogance d'Harvey, Louis mise avant tout sur le travail préparatoire, cherchant à assurer tous les angles pour asphyxier l'adversaire et le priver du moyen de se battre. Là où Specter anticipe les attaques de l'adversaire et cherche le coup gagnant, Louis s'efforce de donner l'impression que l'importante firme qu'il représente a couvert tous les angles, détruisant la combativité de son adversaire. Du coup, Mike Ross parait comme un atout de poids, capable de produire la quantité de travail nécessaire, créant un duo dynamique et complémentaire qui fonctionne assez efficacement.
L'épisode est fréquemment drôle et le fait que la cause qu'il défend soit juste engendre un enthousiasme plaisant chez Mike à pouvoir défendre le bon contre le menteur, le juste contre le falsificateur. Un thème récurrent cette saison qui va lier cette histoire avec l'affaire du jour de Harvey, intrigue complexe que les scénaristes vont avoir la bonne idée de découper en plusieurs parties. La partie divertissement est en tout cas réussie avec un duo Litt - Ross inattendu qui confirme la profondeur des personnages de Suits, les auteurs parvenant ainsi à mettre en valeur une histoire assez basique et sans enjeu.
Se battre avec noblesse
Pendant que Mike est occupé par Louis, Harvey retrouve son meilleur ennemi Travis Tanner, venu pour déposer une plainte contre lui concernant une vieille affaire portant sur un accident de voiture qui avait coûté la vie à un homme. Au coeur de l'affaire, la responsabilité du fabricant et un mystérieux mémo qui vient mettre en cause l'intégrité d'Harvey, prouvant qu'il aurait dissimulé une preuve vitale pour la défense. La situation est donc périlleuse et complexe, reposant sur la question de déterminer si la crédibilité de ce document, obligeant à une plongée dans les archives peu passionnantes du point de vue de la narration.
Toute cette histoire aurait pu être bâclée assez rapidement à l'aide de raccourcis basiques, mais les auteurs ont la volonté d'exploiter au maximum le potentiel de cette histoire, concentrant cette première partie sur le seul litige concernant l'accident de voiture. L'occasion de montrer que s'il est un avocat dur et imbu de lui-même, Harvey a besoin de croire dans les causes qu'il défend, refusant de plaider en jouant la carte de la manipulation et de la dissimulation. Si l'épisode précédent avait montré sa capacité à être ferme, cette intrigue laisse apparaître son intégrité, choisissant de corriger son erreur en prenant dans un premier temps le parti de Tanner
La question du bien et du mal devient l'enjeu de cette intrigue composée de deux affaires, une portant sur le passé qui est au centre de cet épisode et une sur le présent, posant la question de l'intégrité de Specter. Il se retrouve alors en difficulté face à Hardman, surtout que sa confiance repose avant tout dans sa conviction dans l'infaillibilité de ceux qui travaillent pour lui. Au coeur du problème, il y a sa secrétaire, interprétée par la toujours remarquable Sarah Rafferty, qui vient apporter un enjeu très fort à l'épisode à venir, soulignant le rôle purement introductif de cet arc finalement assez ambitieux.
L'art de mettre une histoire en valeur
Si la note finale peut sembler dure, elle reflète avant tout le manque d'enjeu de cet épisode qui apparaît comme un mal nécessaire, posant les bases d'un arc à venir particulièrement ambitieux. La présence d'Hardman met la pression sur Harvey et la révélation de la possibilité d'une faute de sa part serait la brèche qui lui permettrait de remettre l'autorité de Jessica en question. Une étape importante dans la saison que les scénaristes ne prennent pas à la légère, surtout en laissant apparaître l'intérêt que porte l'associé de Jessica à Mike Ross, lui offrant l'opportunité de sortir un peu de l'ombre de Specter.
Le seul problème est que Mike, en prouvant sa valeur ce début de saison, attire clairement l'attention sur lui, inconscient du risque que représente sa position entre Jessica et Daniel. La lutte de pouvoir se transforme en bataille d'influence et si Hardman n'est que peu exposé et joue un rôle de conseiller ambigu, Jessica et Harvey sont en pleine lumière et en position de faiblesse face à lui. Construite sur la longueur, la prise de pouvoir de David Constabile est habillement mise en place, plaçant Donna au centre d'une tempête qui va marquer une étape importante dans cette saison.
Autant dire, le prochain épisode sera très attendu, proposant un enjeu décisif à la différence de celui-ci en posant la question de confiance qui est au coeur du fonctionnement d'Harvey Specter. Une telle perspective pour la suite permet de pardonner cet épisode un peu léger en contenu, mais qui confirme la qualité des personnages et du casting, offrant quelques scènes particulièrement réussies dans le registre comique. Seul Rachel se retrouve clairement mise de côté, profitant d'une scène correcte qui montre les tentatives des associés pour tenter de la séduire et sa stratégie pour y échapper.
Privilégier l'humour à l'efficacité
Privilégier le divertissement pour faire patienter le spectateur le temps de mettre en place les éléments nécessaires pour le prochain épisode, voici la stratégie employée par Suits qui propose un épisode de transition léger et efficace. Misant sur la richesse de ses personnages, les auteurs privilégient des scènes de comédie amusantes, misant sur le potentiel de sympathie de l'univers de Pearson - Hardman. Exigeant, Aaron Korsh montre qu'il sait marquer des temps faibles et forts dans la saison, une qualité particulièrement appréciable pour une saison qui marque ici une pause salutaire.
En conclusion, un épisode de mise en place qui fournit un bon divertissement grâce à un duo Patrick J. Adams - Rick Hoffmann très convaincant. Si l'histoire manque clairement d'enjeu et paraît un peu mince, sa conclusion très ambitieuse vient justifier ces trente minutes de légèreté, reposant la question pour Harvey de la frontière entre le bien et le mal. Seule la storyline de Rachel laisse un peu dubitative, histoire d'agrafeuse assez étrange qui n'aboutit à rien, les auteurs n'envisageant pas d'intégrer l'assistante juridique dans la sous-intrigue concernant Donna.
J'aime :
- léger et fréquemment drôle
- la bonne alchimie du duo Litt - Ross
- le final très ambitieux
Je n'aime pas :
- une histoire d'agrafeuse un peu trop facile
- des enjeux assez faibles
Note : 13 / 20
Un épisode de transition pour Suits qui se focalise sur le duo originale entre Litt et Ross, préparant le terrain en vue d'un épisode cinq particulièrement ambitieux. Souvent drôle grâce à des personnages attachants bien interprétés, un scénario assez léger qui se révèle malgré tout plaisant, petit moment de calme avant la tempête à venir.
sephja
